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« Entre mon pays et Messi, je choisis Messi »

Par Matthieu Pécot, à Moscou
« Entre mon pays et Messi, je choisis Messi »

Lionel Messi a beau avoir quitté la Coupe du monde par la petite porte, il peut se consoler en se disant qu’une bande de mabouls venus des quatre coins de la planète lui ont rendu de nombreux hommages ces derniers jours à Moscou. Infiltré à l’Union Jack, bar qui sert de QG à la Penya Blaugrana Osos Rusos, cette association de supporters moscovites du Barça qui placent la Pulga plus haut que n’importe qui.

À Maroseyka, on peut autant voir des taxis concourir dans la catégorie de celui qui crisse ses pneus de la manière la plus spectaculaire que des gens s’amuser, en toute sobriété, en agitant un drapeau de la Russie à la fenêtre de leur Hummer. Dans ce quartier bon vivant de l’est de Moscou, il y a aussi cette ruelle grise qui mène à l’Union Jack, un établissement qui sert de bonnes bières et de bons burgers et qui se débrouille pas mal en matière de salade César. C’est ici que s’est réunie cette quinzaine de personnes habillées du maillot de l’Argentine pour suivre le match crucial de l’Albiceleste mardi face au Nigeria. Ces gens-là se taisent religieusement au moment de l’hymne argentin et ne font pas semblant d’avoir les yeux qui brillent à chaque fois que leur capitaine touche le ballon.

Un gâteau au yaourt de 40 kilos

Pour autant, aucun Argentin dans les parages. Ici, on parle russe essentiellement. Et c’est normal, puisque les lieux sont occupés par des membres de la Penya Blaugrana Osos Rusos (Ours russes). Le Mondial est une occasion idéale pour cette association de supporters moscovites du Barça de se faire connaître. Levon, qui a commencé à supporter le club catalan il y a seize ans, en a désormais 31. Dans la vraie vie, il bosse dans la finance – « un boulot que je fais pour remplir mon frigo » . À côté, il est donc président de l’une des trois penyes russes (la première est située à Saint-Pétersbourg et la dernière dans la banlieue de Moscou) qui compte 120 membres et dont le nombre d’adhérents est amené à exploser. « Il y a un an, on était 26 » , rigole le sympathique Micha, 23 ans, sur le point d’en finir avec son cheeseburger et un master d’économie-gestion qui a connu une période de quatre mois à Nice.

Micha est comme n’importe quel client de l’Union Jack : quand Messi touche la balle, son cœur s’emballe. Autant dire qu’à 21h15, quand la Pulga enchaîne contrôle, conduite de balle et frappe du pied droit petit filet opposé, c’est le bordel. L’explosion de joie est folle et Levon précise : « Nous ne supportons pas l’Argentine. Nous supportons Leo Messi ! Quand il y a un Russie-Argentine ? Entre mon pays et Messi, je choisis Messi. Mais entre une Argentine sans Messi et la Russie, je supporte la Russie. C’est comme ça. Leo a tellement apporté au football… » Comme si les choses n’étaient pas assez claires, Micha appuie : « Leo est le dieu du football. Tu ne peux le comparer à personne. »

Voilà pourquoi deux jours plus tôt, ces joyeux lurons étaient une centaine à l’Union Jack pour célébrer les 31 ans de leur idole. À cette occasion, Mike, membre d’une penya de Belgique, s’était chargé des festivités, en débarquant avec des maillots de l’Argentine customisés aux couleurs de la Catalogne et floqués « Solo D10S » . Surtout, Mike s’était débrouillé pour faire venir « un gâteau au yaourt de 40 kilos représentant le maillot de Messi et recouvert d’un glaçage aux couleurs de l’Argentine » .

« L’arbitre est une grosse merde »

Nicolas n’est pas allergique au gâteau au yaourt, mais n’a pas eu la chance d’y goûter. « Je viens d’arriver, j’ai passé la journée à visiter Moscou avec des gars d’autres penyes » , glisse ce Français de 32 ans président-fondateur de la penya de Lyon depuis 2006. Nico n’est pas venu les mains vides. À l’issue du match, il dégainera de son sac à dos une écharpe de la Penya FC Blaugrana Lyon. Pendant le match, il dégainera ce que n’importe quelle groupie de Messi pourrait débiter lorsqu’elle est sous tension : des déclarations d’amour à la Pulga et de guerre envers le complot qui permet au Real Madrid d’avoir « un totem d’immunité. Je suis persuadé que la Ligue des champions est truquée, alors j’arrête de la suivre. Les arbitres sont tous pour le Real Madrid et le disent ouvertement. C’est vraiment fort de continuer de gagner la Liga dans ce contexte ! »

Un match de l’Argentine est forcément un dilemme pour cette assemblée. Chaque ballon touché par Di María et Higuaín – deux anciens du Real – est ainsi accompagné d’un flot de critiques et d’insultes. Dégoûté d’avoir vu Messi donner le ballon à Di María, Alexey hausse un peu plus le ton quand l’arbitre décide de ne pas siffler faute pour Messi : « L’arbitre est une grosse merde, un sale fils de pute ! Il est pro-Real ! » Le Real Madrid n’a jamais été autant cité par des téléspectateurs en train de regarder un match du Nigeria.

Le mari de la maquilleuse

La 71e minute est l’occasion pour Jorge Sampaoli de faire sortir Ángel Di María pour Maximiliano Meza. « Allez, dégage Di María ! » , analyse Mike. Au bout de la table, un autre éclairage tactique : « Cette équipe devrait être entraîné par Guardiola, je ne vois que ça. » Ces mots sont ceux de Nodero, qui vient de Tashkent. Également président d’une penya qui n’a pas encore été reconnue par le Barça, il a quitté la capitale de l’Ouzbekistan quelques jours, mais pas que pour la Coupe du monde. « Ma femme est maquilleuse professionnelle. Je m’occupe un peu de sa carrière et lui ai conseillé devenir à Moscou pour apprendre encore mieux son métier. Et moi, ça me permet de voir des copains d’autres penyes. »

Il est 22h44 quand le pic de boucan est atteint, après le but de Marcos Rojo qui scelle la victoire de l’Argentine. Dix minutes plus tard, Lionel Messi est bousculé par Brian Idowou, mais ne tombe pas. Nicolas sait pourquoi : « Parce que ce n’est pas un tricheur comme Ronaldo. C’est ça la différence entre ces deux joueurs. L’un est un gros tricheur, l’autre est un grand champion. »

Lionel Messi a été chassé de la Coupe du monde samedi par Benjamin Pavard et ses potes. Et ce n’est pas très grave : il ne reste plus de gâteau.

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