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Entre le Milan et la Curva Sud, la guerre est déclarée
Après une saison cauchemardesque conclue par une huitième place en Serie A, le Milan compte bien retrouver de sa superbe. Un renouveau que la direction milanaise souhaite vivre sans la Curva Sud, à laquelle il a décidé d’imposer de nombreuses restrictions. Ambiance.

Comme il paraît révolu, le temps où la Curva Sud était le douzième homme rossonero. En effet, après une décennie à manger son pain noir, le Milan a récemment connu un retour au premier plan, en attestent le Scudetto glané en 2022 et des résultats probants. Une parenthèse enchantée, avec un San Siro qui avait retrouvé de sa ferveur (plus d’un million de spectateurs lors de la saison 2021-2022), « Sara perché ti amo » ou encore « Pioli is on fire » repris à tue-tête, les déclarations d’amour des joueurs ou même des dirigeants aux supporters : « Le Milan est un club spécial et ses supporters ont un rôle très important dans la réussite. Ce titre, on n’aurait pas pu aller le chercher sans eux », déclarait Paolo Maldini, alors directeur technique milanais, après le titre de champion.
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Mais en août 2025, trois ans après ce 19e sacre national, c’est la dépression. Il faut dire que les derniers mois en Lombardie ont été particulièrement mouvementés, entre l’arrivée de Red Bird aux commandes du club, le licenciement de Paolo Maldini, les départs de nombreux joueurs très appréciés par la tifoseria (Sandro Tonali) et surtout une politique sportive (pour le moment) inefficace. Les tensions se sont accrues entre une bonne partie des supporters et l’institution. Ajoutez à cela l’enquête judiciaire à l’encontre de la Curva Sud et vous obtenez un cocktail explosif.
« Buon teatro a tutti ! »
Le 24 mai dernier, lors de la dernière journée et la réception de Monza (2-0), une bonne partie de la Curva Sud a décidé d’exprimer son mécontentement en quittant le stade au bout de 15 minutes, pour se rassembler à l’extérieur du stade. Pourquoi ? « Pour contester la politique du club et protester contre les résultats plus que décevants cette saison », pouvait-on entendre sur le parvis de San Siro.
Et la situation n’est pas allée en s’arrangeant, bien au contraire. Durant l’été, l’AC Milan a décidé d’imposer d’importantes restrictions à l’encontre de cette même Curva Sud pour la saison 2025-2026. Le club rossonero (ainsi que l’Inter, mais qui est, depuis, revenue sur cette décision) a notamment rejeté le renouvellement d’une centaine d’abonnements de supporters « non désirés ». Selon la Gazzetta dello Sport, cette décision aurait été prise en collaboration avec le parquet de Milan pour les supporters visés par la fameuse Daspo. Mais ce n’est pas tout, l’AC Milan a également supprimé l’appellation « Curva Sud » et a installé des caméras de reconnaissance faciale aux tourniquets.
Forcément, la Curva Sud n’a pas tardé à réagir, dans un communiqué publié quelques jours avant la réception de Bari (2-0) pour le premier tour de Coupe d’Italie dans lequel elle fustige le club : « Avec un grand regret, à ce jour, dans le régime autoritaire imposé à San Siro, il n’existe aucune condition qui nous permette de supporter comme nous y sommes habitués depuis des décennies. C’est dommage pour l’entraîneur et pour l’équipe, victimes sacrificielles de ce choix du club, fruit d’une répression aveugle, injustifiée et sans aucune logique. Bon théâtre à tous ! »
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Cette décision est jugée répressive par les ultras : « Dans cette liste noire, en plus des supporters et des jeunes qui préparent les chants et l’animation en tribune, il y a également des enfants de certains supporters, ainsi que leurs épouses et de nombreux autres jeunes sans casier judiciaire, simplement car ils ont exprimé leur mécontentement contre le club. » Face à Bari donc, les hommes d’Allegri ont dû faire sans la Curva Sud, dans un San Siro plus que bien rempli pour un premier tour de coupe, mi-août (environ 72 000 spectateurs), mais qui sonnait tout de même creux puisque l’on pouvait y entendre les chants des tifosis de Bari. Drôle d’ambiance.
Une décision antimafia, vraiment ?
Mais alors, pourquoi ces restrictions à l’encontre de la Curva Sud ? À l’heure actuelle, le Milan n’a pas encore communiqué sur la situation. Selon nos informations, si l’objectif supposé est de sanctionner les supporters possiblement délinquants, ces restrictions ne touchent pas uniquement les supporters sous Daspo. En effet, certains ont vu leur abonnement non renouvelé sans aucune raison valable. Certaines restrictions frôlent même avec le ridicule, comme celle d’interdire un drapeau en l’honneur de Herbert Kilpin, fondateur du club. « C’est une folie, ils ont interdit de nombreux drapeaux et banderoles. Ils ont même décidé d’interdire un drapeau en l’honneur de Baresi, car celui qui le brandissait a été sous Daspo en 2014. À l’heure actuelle, seules les banderoles des sections de supporters portant le nom d’Aosta, d’Emilia-Romagna, de Toscana, de Nordest, et de Roma sont autorisées », expliquait Pacini au micro de Sportitalia. Pour ce membre de la Curva Sud, cette décision « est incompréhensible et folle » : « La Curva Sud est composée d’une vingtaine de groupes de supporters, ce n’est pas un groupe homogène. Si tu viens au stade et que t’as purgé ta peine, quel est le problème ? »
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« Ces décisions prises par le Milan devraient effrayer ou alerter toute personne ayant la moindre conscience de l’État de droit », introduit dans un communiqué Milano In Movimento, média activiste de la ville, qui ajoute : « La direction de l’AC Milan en a profité pour se débarrasser de l’unique entité organisée, capable de la perturber. Cette décision témoigne de la volonté de Red Bird de transformer l’expérience au stade en un produit commercial, attirant à San Siro des masses de touristes prêts à payer des sommes folles pour une “expérience” de l’histoire du football italien. Car évidemment, il est plus rentable de remplir les tribunes avec des consommateurs plutôt que des supporters. Les touristes ne se plaindront jamais d’un résultat, puisque le dimanche suivant, ils iront regarder un match de Manchester City ou du PSG. » Mais au fait, depuis quand les Américains se soucient de la justice et de la lutte contre la mafia ?
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