EdF : Thierry Henry dézingue Domenech…
Big bang à Clairefontaine. Selon Le Parisien, à la veille du crucial France-Roumanie, Titi Henry a balancé ses quatre vérités à Raymond. Onde de choc chez les Bleus. Avec dénouement final mercredi soir, après Serbie-France ?
Thierry Henry a parlé : « On s’ennuie à vos entraînements. Cela fait douze ans que je joue Équipe de France, jamais je n’ai été dans cette situation. On ne sait pas comment jouer, où se situer, comment s’organiser. On ne sait pas quoi faire. On n’a aucun style, aucune idée directrice, aucune identité. Ça ne va pas » . Tout est dit. Accablant. Point de non-retour atteint entre les joueurs et le sélectionneur ? En tout cas, les Bleus ont livré une bonne prestation le lendemain au Stade de France. Conséquences du clash de Clairefontaine ? Les joueurs se sont-ils “libérés” et pour prendre enfin les choses en main ? Toujours est-il qu’après le match contre la Serbie, quel que soit le résultat, même une victoire, les événements vont s’accélérer au sommet de l’Équipe de France. Aujourd’hui, Raymond Domenech est clairement menacé. Tout le monde salue l’héroïsme de Thierry Henry, le “capitaine Courage” des Bleus à la dérive. Titi a dit tout haut ce que l’on voyait depuis des lustres en suivant l’Équipe de France : « Aucun style, aucune idée directrice, aucune identité » . “Courageux”, d’accord. Mais pourquoi Thierry Henry n’a-t-il pas parlé plus tôt ? Raymond est en place depuis 2004 : son “style” et ses “méthodes” n’ont quasiment jamais varié depuis cinq ans. Et c’est maintenant, en septembre 2009, à la veille des deux matchs cruciaux qu’il découvre la vacuité du bonhomme ?
La fin de l’axe Domenech-Vieira-Henry ?
On a à juste titre reproché à Escalettes et à la FFF d’avoir maintenu Raymond après le désastreux Euro 2008. Mais c’est oublier que les joueurs eux-mêmes s’étaient publiquement prononcés “en faveur de Raymond”. On pense à Ribéry, Vieira et… Titi Henry. Plus grave : chez les Bleus sélectionnés à l’Euro, il y avait des grandes gueules, des cadors historiques de l’EdF, expérimentés, des gars francs du collier et qui ne mâchent jamais leurs mots : Sagnol, Coupet, Makélélé, Thuram… Or, on ne les a jamais entendus critiquer le “style” et les “méthodes” de Raymond, ni avant, ni pendant, ni après l’Euro. On rappellera aussi le manque de solidarité flagrant des Bleus quand Florent Malouda avait critiqué les options frileuses de Raymond contre la Roumanie : ils étaient où les Sagnol, Coupet, Makélélé, Thuram, Pat & Titi ?…
Pat Vieira et Titi Henry ont depuis toujours défendu la ligne Raymond Domenech à longueur d’interviews, réclamant indulgence et patience vis a vis d’une équipe pleine d’avenir. C’est justement l’union au sommet Domenech-Vieira-Henry qui nous laissait penser que le sélectionneur était indéboulonnable, au moins jusqu’à la fin des qualifs (jusqu’aux barrages, si barrages il y a), voire au-delà. Il faut croire que la donne a changé. Est-ce la peur soudaine de ne pas aller en Afrique du Sud avant les matchs contre Roumanie et Serbie ? Ou bien les déclarations pas cool d’Escalettes sur les Bleus ? Ou alors le fait que Vieira n’a pas été appelé et qu’il l’a très mal vécu ? Toujours est-il que Thierry Henry a provoqué un clash dévastateur entre joueurs et sélectionneur… Il était temps.
Virer Domenech ? Pour quoi faire ?
On se réveillait dimanche matin avec l’impression qu’un déclic était survenu en Équipe de France. Petit rappel : « Domenech aurait dû jarreter tout de suite après le désastreux Euro 2008, voire après la défaite en Autriche (3-1) et le nul en Roumanie (2-2) » . C’était écrit noir sur blanc. Tout ça pour dire quoi ? D’abord pour souligner l’échec de Raymond Domenech à la tête des Bleus. Un constat global partagé par tout le monde. Face à ce constat, notre article tentait de combattre une “évidence” de plus en plus insistante : virons Domenech et la France sera au top. Virer Domenech, OK, sans problème. Mais est-ce que la France sera en conséquence “au top” ? Peut-être… C’est ce “peut-être” qui a dérangé. Parce que dans ce climat de certitudes, plus de place au doute : on vire Raymond et on est les rois du monde ! Désolé, mais rien n’est moins sûr. Ça ne veut pas dire qu’il faille maintenir Raymond, mais que son remplacement n’entraînera pas automatiquement la métamorphose de la chenille bleue en papillon, même si on le souhaite. C’est tout. Le foot est quand même un petit peu plus complexe…
Une fois de plus, l’exemple argentin nous le démontre. On a tous cru à Maradona-Bilardo-Messi : le charisme, la science tactique et le génie à l’état pur (Messi, mais aussi Tevez, Agüero, etc.). Or, pour l’instant, l’Argentine galère. Ça ira peut-être mieux après (l’Argentine ira normalement au Mondial), mais pour l’instant l’Argentine galère. Pour mémoire, outre la déculottée face au Brésil (1-3 à dom), il y a eu avant, Bolivie-Argentine (6-1) et Équateur-Argentine (2-0), ça fait beaucoup… Donc les solutions toutes prêtes, “à l’Argentine”, faut se méfier un peu… Autre exemple : on vire Henri Michel en 88 et on met Platini à la place. Génial ! Les Bleus se qualifient pour l’Euro 1992 en gagnant tous leurs matchs en qualifs. L’évidence Platini ! La France est l’une des grosses favorites de l’Euro ! Sauf que les Bleus de Platoche se font sortir comme des malpropres au premier tour, avec pourtant une sacrée équipe. Exit Platini.
Aujourd’hui, Blanc ou Deschamps sublimeraient un effectif exceptionnel, composé de super-joueurs ? Oui. Mais pas sûr… Eux aussi auraient dû gérer “le fatal trou générationnel de l’après période faste 1998-2006” : auraient-ils fait mieux que Domenech après le passage délicat post-Mondial 2006 ? On peut le croire. Mais auraient-ils pour autant gagné l’Euro ?… Et puis d’abord, est-ce que les joueurs de l’Équipe de France sont absolument géniaux ? Très prometteurs, oui. Mais “géniaux” ?
Un seul milieu défensif, bordel !
Quoi d’autre ? La France du Foot a exigé Mexes en axial, Nasri à la construction, Benzéma en pointe, Clichy en latéral, Ben Arfa à gauche, Frey dans les buts (puis Lloris) et dernièrement Gignac avant-centre (voir L’Equipe de mercredi !). C’était l’évidence ! C’est eux qui devaient jouer ! Domenech leur a donné leur chance… Sauf que, sans démériter, tous ces joueurs ont déçu, un peu ou beaucoup (voir Mexes en Autriche). OK, rien n’est perdu pour eux, ils pourront toujours s’imposer. Reste que l’évidence de sélectionner tous ces joueurs s’est quand même un peu bananée… Quoi d’autre ? Il faut un seul milieu récupérateur, bordel ! Il faut faire comme l’Espagne : une sentinelle à la Marcos Senna. Coup de pot, on a les mêmes à la maison ! Alors, faut faire comme à Bordeaux : mettre Alou Diarra devant la défense, en binôme relationnel avec Gourcuff ! Et ça va marcher, bien entendu. Y’a pas de raison : c’est l’évidence ! Et devant ? Ben, deux attaquants, Gignac et Benzéma ! Et ça va marcher, bien entendu : c’est l’évidence ! Il suffit de faire, et hop ! Pas de place au doute, à l’expérimentation, à l’échec éventuel : que des évidences… Désolé, mais So Foot n’est pas RMC.
Enfin pour en revenir au France-Roumanie de samedi soir, et notamment la première mi-temps, on peut constater que si Domenech s’en va, il ne laissera pas un champ de ruines derrière lui : le gros de l’équipe-type ne changera pas. Le système, oui. Reste que dans l’animation, on a vu que les Bleus étaient déjà capables de très bien s’organiser : avec le temps, les automatismes se sont enfin mis en place. Alors, avant que la curée ne commence et qu’on accable “l’héritage pourri de Domenech”, on peut d’ores et déjà dire que son successeur ne débutera pas avec les mains vides. Notamment avec Titi, Capitaine Courage…
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