EAG bat Rennes 2-1 : Eduardo le Breizhilien…
Festival Inter Celtique. La musique bretonne. Faut aimer. Là-bas, les hommes fuient cette horreur : six mois en mer minimum pour oublier le biniou. Les femmes se planquent : huit heures par jour minimum à l’église pour oublier les cornemuses. Voilà résumée la première mi-temps : un peu lassant, comme la musique bretonne (parfois). Un rythme de vieilles charrues et beaucoup d’imprécisions. Rennes-la-lose va perdre cette finale comme on va brader la vache à la foire aux bestiaux de Lannion. Parce que c’est plutôt Guingamp qui a lancé le Fest Noz en première période. Grâce à Oruma, et surtout Eduardo et Mathis, déjà l’homme du match. L’attaquant Brésilien a planté quelques banderilles et l’ex-milieu auxerrois a cannibalisé à lui tout seul l’entrejeu axial. Mi-temps.
Dans la tribune d’honneur, Sarko pincé n’en revient pas que ces foutus Rennais aient battu son PSG dimanche dernier au Parc. Rachida Dati pincée a appris qu’en cas de prolongations, elle ne pourrait pas faire les nocturnes chez Gucci. Laporte heureux d’être là profite à l’œil de la Répupu tandis que Roselyne Bachelot est toute jouasse d’avoir reconnu Manau et la Vallée de Dana sur la sono. Tout en haut de la tribune, Ray Domenech supervise de près Estelle Denis. Tout en bas, François Pinault se fait expliquer par Frédéric de Saint-Sernin pourquoi Lucas, Fabiano et Emerson ne jouent pas ce soir. Dans les tribunes popu, ambiance bon enfant. La Marseillaise n’a pas été sifflée, alors aucun risque que le Kop rennais expose une banderole anti-En avant : « Guingampais : alcooliques, chômeurs et alcooliques. Bienvenue à St Denis ! »
Deuxième mi-temps. Guy Lacombe a gueulé dans le vestiaire, ça se voit. Jérôme Le Roy (le roi, la Rennes ?) joue plus haut. Le crime paie puisque grosse pression des Rouge et Noir sur les Rouge et Noir en blanc. Et à la 57ème, coup franc indirect de Bruno Cheyrou sur l’aile droite : Bocanegra reprend de la tête à bout portant. Rennes mène 1-0 et à ce moment précis remonte en L1.
Problème : les Rennais ne passent pas la quatrième. Alors l’Ankou va frapper deux fois. Eduardo profite d’un renvoi dans ses pattes commis par Hanson pour fusiller à bout portant le pauvre Douchez (72ème) puis récidive sur une frappe croisée excentrée aux 11 mètres, sur service de Mathis (82ème). Le deuxième but ressuscite Djorkaeff et ses frappes vicieuses qui bousillent le poteau rentrant…
Voilà : 2-1 pour l’En Avant. Le Kop de Guingamp exulte. Entre-temps, Lacombe a fait enfin entrer Pagis. Trop tard, évidemment. Et puis Sow bouffe une action dangereuse après avoir déjà bourriné comme une mule sur la barre au lieu de placer en finesse, seul à seul devant le gardien Gauclin (52ème). Mais quand on lose, autant y aller à fond, nan ?
Quatre minutes de temps additionnel. Rachida Dati croise les doigts (Gucci ferme à minuit, c’est jouable). Fin du match. Les Rennais défilent en premier devant Sarko, toujours dépité que ces branques aient battu son PSG dimanche dernier au Parc. Alors poignée de main très molle du Président et un « casse-toi, pauv’con » intériorisé à chaque Rennais qui le salue tête basse. Noël Le Graët essuie une larme et les deux trémas de son patronyme. Un premier titre après 37 ans de présidence. Sa mission est achevée. Après-demain, il se fera moine. Ou bien marin au long cours. La saison prochaine, Guingamp jouera l’Europa Ligue (nom de la nouvelle C3). Comme l’Olympique Lyonnais. Et si le foot français n’était en fait qu’une Super Ligue 2 avec 40 clubs ?…
Chérif Ghemmour
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