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Deschamps face à la fatalité

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Deschamps face à la fatalité

Alors qu'il y avait sans doute de la place, Marseille s'est fait sortir par Manchester United par manque d'ambition. Un enseignement qui pourrait bien amener Deschamps à se barrer cet été.

On ne le saura que dans quelques mois mais la défaite de mardi soir risque de peser d’un poids certain dans l’envie de Didier Deschamps de poursuivre ou non l’aventure à Marseille. Et quelque chose nous dit que les champions de France peuvent déjà commencer à chiner un successeur. Car DD a compris que l’OM n’aurait jamais les moyens de ses ambitions à lui. C’était une certitude l’été dernier ; il en a désormais la preuve in situ. Et pour un pragmatique comme lui, ce n’est pas à prendre à la légère. On entend déjà les voix dissonantes. Oui, les Phocéens n’ont pas été ridicules. Non, ils n’ont pas explosé comme beaucoup le leur avaient pourtant promis. Mais ils ont affiché de vraies limites, qualitatives et même structurelles. Et ça dans l’idée que se fait Deschamps de l’évolution de son équipe, ce n’est tout bonnement pas acceptable.

Le message à sa direction

Car il fallait entendre son air désabusé, presque résigné, dans un mélange de colère rentrée et de fatalisme, le cocktail du gagneur qui sait que jamais il n’aura jamais les moyens de gagner. « Ce n’était pas un grand Manchester ce soir. Il y avait des absences, c’est vrai mais devant il y avait encore la qualité pour faire la différence sur très peu de ballons » . Vanter les mérites de l’adversaire n’a pourtant jamais été le fort du capitaine olympien champion d’Europe en 1993. Ça ne l’est toujours pas. Mais si l’entraîneur de l’OM esquisse les qualités de son bourreau, c’est en creux pour mieux renvoyer son club à ses manques. Et quand on dit son club, on pense notamment à une certaine partie de sa direction. Car ce qui, dans cette configuration de match, a fait la différence (et on dit bien dans cette configuration car MU aurait peut-être adapté ses moyens si la réplique avait été plus élevée), c’est avant tout la qualité des attaquants. D’un côté de la classe mondiale en-veux-tu-en-voilà avec notamment Rooney et Chicharito. De l’autre, un Olympique de Marseille qui n’avait rien de mieux en magasin que Rémy et Gignac. Il y a des comparaisons cruelles… Et, bien entendu, Deschamps s’est fait la même réflexion que tout le monde : si on avait échangé le duo de chaque équipe, c’est probablement Marseille qui serait passé (et encore une fois, en ne se basant que sur la vérité de cette rencontre). Et le visionnage de l’autre huitième de finale de la soirée avec un Inter emmené par un super Eto’o qualifié face au Bayern qui avait choisi de sortir Robben (au moment où les Munichois étaient qualifiés) ne devrait que confirmer la grande leçon du jour : sans de grands attaquants, point de salut en ligue des champions.

Le souvenir de Lyon

Pure fantasmagorie que l’hypothèse de voir un Marseille mieux outillé devant ? Pourtant, l’été dernier, Didier Deschamps avait poussé au cul pour recruter Luis Fabiano à aligner avec Mamadou Niang. Le Sénégalais voulait partir ? Qu’à cela ne tienne, il y avait semble-t-il une ouverture pour épauler le buteur du FC Séville avec Gilardino. Fabiano-Gilardino, soit les avant-centres respectifs du Brésil et de l’Italie, ça peut bien soutenir la comparaison avec l’attaquant de l’Angleterre associé au buteur du Mexique, non ? Sauf que l’OM n’a pas accédé aux desideratas de la Dèche. Trop cher mec. Ok pourquoi pas, mais plus vraiment crédible après les emplettes de dernières minutes Rémy et Gignac pour plus de trente patates. L’argument du club phocéen ? La jeunesse des deux internationaux français au regard des deux trentenaires susnommés, un élément à prendre en compte dans l’éventualité d’une revente. Un calcul comme un autre mais qui ne peut convenir à un Deschamps obsédé par l’idée de continuer la progression des siens et qui se rappelle certainement qu’en son temps, à l’aube de sa domination nationale, Jean-Michel Aulas avait su mettre une blinde (18 M€) sur Sonny Anderson, alors âgé de 29 ans, pour permettre à Lyon de franchir un pallier supplémentaire. On connaît la réussite du pari. Ce pari, l’OM ne l’a pas relevé et l’a payé comptant à Old Trafford. Le challenge de Deschamps est désormais que ce manque d’ambition ne se solde pas aussi par la perte du Championnat. L’ultime défi de DD. Avant sans doute d’aller voir ailleurs si l’herbe est plus fertile en grandes victoires. Celles qui, il l’a compris, ne lui seront jamais possibles à l’OM…

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