Coupe pas de bol
Dans Les mystères de Pékin, un jeu MB, on le sait tous, c’était Chao Lin le meurtrier. Mais qui a tué Laura Palmer se demande David Lynch ? Qui a assassiné JFK se demande Oliver Stone ? Et puis surtout qui a tué la Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupes ? La C2 retrouvée morte dans une explosion de C4 dans une Citroën C5… Retour sur une affaire non classée, la plus palpitante des enquêtes irrésolues.
Ses oreilles étaient d’une dimension raisonnable et elle ne ressemblait pas au vase de mamie. Elle se jouait le mardi soir, en ouverture de semaine européenne, donnant le tempo aux fantastiques nuits continentales. Morte, mais pas oubliée. La Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupes, vulgairement appelée C2, est assassinée en 1999. Laissant place à une nouvelle formule indigeste de la coupe de l’UEFA avec mini championnat et écœurement à la clé.
Petit historique de la victime : Créée en 1960 au congrès de l’UEFA à Vienne, la compétition a pour but de réunir les clubs qui, la saison précédente, avaient remporté la coupe nationale de leur pays respectif (ex : Coupe de France, Coupe d’Angleterre, Coupe d’Italie, etc…), ou le finaliste de la coupe si le vainqueur a gagné en plus son championnat. Elle s’est toujours jouée selon le système des éliminations directes avec match aller et match retour. En fin de parcours, même si plus de jus, on jouait, pendant un temps en tout cas, une finale aller et une finale retour. Puis, on est rapidement tombé d’accord : en fin de parcours, y a vraiment plus de jus, donc système de finale unique sur terrain neutre. Et contrairement aux apparences, ce n’était pas du consensus mou, au contraire, ça jouait, parce qu’un seul match, parce qu’un terrain neutre, parce que l’envie de l’emporter, cette coupe avec ses oreilles raisonnables.
L’histoire retiendra comme premier vainqueur la Fiorentina en 1960 et comme dernier la Lazio de Rome en 1999. Dans l’intervalle, le FC Barcelone rafle la mise quatre fois et gagne le titre honorifique de « club le plus titré de la C2 » . Comme quoi, la C2 c’était pas une coupe de charlots, le Barça, c’est pas rien quand même. Les plus grands club du continent remportent le trophée : le Bayern en 1967, Milan en 1968, la Juve en 1984, l’Ajax en 1987, Man.U. en 1991 (même City en 1970) et… le PSG en 1996. Incroyable particularité de cette coupe : aucun tenant du titre n’a réussi à conserver le trophée deux années de suite. Indice ? Peut-être.
L’auteur du crime ne serait donc pas un collectionneur. Enquêteurs, témoignages, propos, dépositions, et une question en suspend : le mobile ? Le FAMEUX mobile. Orangina Rouge (ex-faux suspect numéro 1) a toujours répondu : parce que. C’est donc la piste familiale qui va être privilégiée. C quelque chose. Pas C5, pas l’envergure. On a accusé les Cyborgs C16 et C17 (Dragon Ball Z) du meurtre de C2 et ça a fait grand bruit, la famille ne s’en est jamais remise. Entendu pour une sombre affaire d’argenterie bon marché avec les triades asiatiques, le Sénégalais Khalilou Fadiga niera en bloc les accusations et sera relâché pour raison de santé (anomalie cardiaque). C’est dans la douceur de l’été indien 2003 que les inspecteurs vont retrouver la trace de la Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe. Incroyable mais vrai, c’est le CSA qui découvre le cadavre de C2, caché dans le pantalon d’un faux millionnaire : « Je suis dur de partout » . Les aveux sont formels. Greg l’a dit à Marjolaine. Rattrapé par son passé trouble (il aurait été chef de chantier, strip teaser, dealer, un village people en somme) et par les flics dépêchés sur place, Gregory Basso est aussitôt inculpé du meurtre de C2. Il clame son innocence, son amour sincère pour Marika, demande de l’aide à Julien Courbet et à Maître Didier Bergès (c’est comme Verges mais avec un B comme bosse) qui lui obtiennent la liberté conditionnelle. L’enquête bat de l’aile mais un détail jusque là passé inaperçu va relancer l’affaire. Au domicile de C2 on retrouve inscrit en lettre de pâte de vermicelles (et pas dans du jus de soupe) : Lennart m’a tuer. En pâte de vermicelle, oui. Il n’en faut pas plus à Christophe Hondelatte (Faites entrer l’accusé) pour raccrocher les wagons. Dans le viseur, le président de l’UEFA. Mais Hondelatte se heurte à l’administration européenne, reçoit des pressions, perd la pêche et abandonne le dossier.
Avril 2005. Le meurtrier court toujours. Le monde du football semble avoir accepté la disparition de la Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe. Et n’en déplaise à Alfred Hitchcock, le crime était bel et bien parfait.
Alex. G.
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