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Huijsen, un Dean presque parfait au Real Madrid
Il y a les défenseurs rugueux, que l’on apprécie pour leur combativité, leur courage. Et puis, il y a les autres, plus techniques, capables de faire la différence à n’importe quel moment par la passe ou la conduite de balle. Dean Huijsen fait partie de ces joueurs. Et à tout juste 20 ans, on n’a pas fini d’entendre parler du Chill Guy.

Si Andrea Pirlo avait été un défenseur central, il aurait ressemblé à Dean Huijsen, à quelques dizaines de centimètres près, plusieurs pointures de chaussure en moins et la coupe de cheveux et un passeport espagnol. En un an et demi en professionnel, le joueur de 20 piges aura mis tout le monde d’accord, aussi bien en Italie avec l’AS Roma qu’en Angleterre, sous les couleurs de Bournemouth. « Dans quelques années, nous irons lui demander des places pour aller voir la finale de la Ligue des champions », pariait même Daniele De Rossi, son coach à la Roma, en parlant de son ancien poulain.
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Du haut de son mètre 97, celui que l’on surnomme le Chill Guy aime aussi bien mettre les attaquants dans sa poche que progresser balle au pied. L’ambidextre ne s’en cache pas, il a un faible pour la technique et l’utilise à bon escient. Pas de bol, il a signé au Real Madrid, qui préfère la gagne au joga bonito, même si les deux ne sont pas incompatibles. « J’ai en moi un peu du foot de rue typique de Málaga. Ça se voit dans la façon dont je porte le ballon et dribble en tant que défenseur central », assurait le joueur formé à Málaga à Marca, nous rappelant l’Isco de la grande époque.
Tous sous le charme
Si le talent était là, rien ne garantissait que le bonhomme signe dans l’un des meilleurs clubs du monde à l’aube de sa troisième saison chez les pros. Parti pour être le quatrième défenseur dans la hiérarchie du côté de Bournemouth après son arrivée l’été dernier, le natif d’Amsterdam aura profité d’une blessure de Marcos Senesi pour s’imposer dans le onze de départ d’Andoni Iraola. Il n’en est plus jamais sorti. « Il a mis du temps à s’imposer, mais une fois sur le terrain, il n’a pas eu besoin d’adaptation, souligne Mathieu Baudry, joueur de Bournemouth au début des années 2010 et proche du club aujourd’hui. Dès ses débuts, il a joué sans pression et a pris le jeu à son compte. »
Il y a toujours une raison à ce qu’il fait. Pour quelqu’un de cet âge, c’est très étrange de voir ça à ce niveau.
À tout juste 20 ans, l’Espagnol aura formé l’une des meilleures défenses de Premier League avec Illya Zabarny, courtisé depuis plusieurs jours par le Paris Saint-Germain. Aussi bien techniquement que défensivement. « ll n’est pas effrayé de marquer chaque attaquant et il est calme avec le ballon, expliquait l’entraîneur espagnol de Bournemouth. Parfois, il fait des erreurs comme tout le monde, mais il y a toujours une raison à ce qu’il fait. Pour quelqu’un de 19 ans (il a eu 20 ans en avril, NDLR), c’est très étrange de voir ça à ce niveau-là. » Mathieu Baudry est lui aussi admiratif : « La Premier League a bien changé depuis 15-20 ans, enchaîne le défenseur formé au Havre. On ne cherche plus forcément un joueur bourrin. Huijsen n’est pas un monstre physique, mais il a la vitesse, le sens du placement et surtout la qualité de pied. »
Avec la Roja, qu’il a intégrée le 20 mars 2025 face aux Pays-Bas, le jeune homme a également prouvé qu’il avait déjà de la bouteille. En témoigne sa première titularisation lors du match retour face aux joueurs de Ronald Koeman (3-3) avec une très jolie passe décisive pour Lamine Yamal pour sa première titularisation. Ou sa reprise acrobatique hors jeu face aux Bleus (5-4). « Il n’a eu besoin que de trois matchs à peine pour montrer le potentiel footballistique qu’il a, affirmait Luis de la Fuente avant la finale de la Ligue des nations. Il vient d’être recruté par le Real Madrid, ce qui n’est pas rien. Cela montre la formidable santé du football espagnol. » La défaite en finale face au Portugal (2-2, 5-4 TAB), où il s’est fait prendre dans le dos par la malice de Cristiano Ronaldo lors de la seconde égalisation, aura eu raison de sa jeunesse, mais pas de quoi inquiéter grand monde. Aux côtés de Pau Cubarsí, Pedri, Lamine Yamal, Nico William, Dean Huijsen a de quoi s’amuser pendant de bonnes et longues années avec la Roja.
Papa Huijsen, un modèle à ne pas suivre
Si le jeune Espagnol intrigue, ce n’est pas que pour ses atouts défensifs pouvant le rapprocher de ses idoles Virgil van Dijk et Sergio Ramos. Mais bien pour son côté offensif, qui se veut développé chez un gamin qui a toujours joué en défense centrale. Pour trouver l’origine de sa technique, pas besoin d’aller chercher plus loin que le papa, Donny Huijsen. Surnommé Maradonny par les plus grands fans de Harleem (Pays-Bas), où le paternel avait explosé en 1993-1994 (22 buts), il avait ensuite littéralement explosé, à cause de problèmes extrasportifs (il avait été condamné à cinq ans de prison pour trafic de cocaïne en 2006 après avoir été acquitté en appel, NDLR), l’obligeant à mettre fin à sa carrière, à 24 ans. Un mauvais exemple à ne pas suivre pour Dean.
Il me rappelle Raphaël Varane quand il est arrivé en Espagne.
« Je résiste mieux aux tentations que lui », soulignait le joueur nommé parmi les meilleurs espoirs de la Premier League. Si papa Huijsen n’a pas réussi à montrer l’étendue de son talent sur un terrain de football, il aura néanmoins su former son fils à marquer des buts, et à le piquer au football espagnol. Arraché à sa Hollande natale et débarqué à Malaga à 5 ans, il a fait toutes ses classes dans la péninsule, ce qui lui vaut aujourd’hui d’avoir son passeport espagnol. Sous le maillot de la Vieille Dame, en U17, 19 matchs ont suffi à celui qui représentait encore les Oranje dans les sélections de jeunes (et ce jusqu’en U19) pour signer sept réalisations. Pas mal pour un défenseur central chargé de tirer les penaltys grâce à sa qualité de pied. « On s’entraîne tous les jours depuis qu’il a deux ans, raconte à Marca son père, qui le suit partout, tout le temps. On est une famille 100% foot. » Pas sûr que son but contre Frosinone pour sa troisième titularisation en professionnel ne dise le contraire.
Dean Huijsen really just dribbled the ball from the halfway line and then celebrated like CR7 🤯🤯🤯#FrosinoneRoma pic.twitter.com/NeQwpwjaQY
— Lega Serie A (@SerieA_EN) February 19, 2024
Présenté à son nouveau public madrilène le 10 juin, Dean Huijsen a embrassé son logo. Fan de Cristiano Ronaldo et de Sergio Ramos, il ne pouvait pas en être autrement pour celui qui jouera la Coupe du monde des clubs avec le Real Madrid, qui entre en piste ce mercredi contre Al-Ahly. « Le Real Madrid est le club de ma vie, et j’espère y rester de nombreuses années », lançait le joueur lors de sa présentation. Dans une défense madrilène décimée par les blessures, Huijsen devrait rapidement pouvoir s’imposer. « Le championnat espagnol risque d’encore mieux lui convenir, assure Mathieu Baudry. Il me rappelle Raphaël Varane quand il est arrivé en Espagne. Le plus dur pour lui sera d’être solide mentalement, mais comme rien ne le perturbe, ça devrait aller. » Dean Huijsen n’a plus qu’à continuer ce qu’il sait faire de mieux dans la capitale espagnole. Mettre dans ses poches ses mains ou les attaquants, au choix. Et faire briller son pied droit et son pied gauche. Rien d’anormal pour le Chill Guy.
Coup dur pour le PSG en cas de finale de Coupe du monde des clubsPar Raphaël Faurie-Pacaud
Propos de Mathieu Baudry recueillis par RFP