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Comme un poisson dans le Maazou

Par Mathieu Faure
Comme un poisson dans le Maazou

Star au Niger, Moussa Maazou joue aujourd’hui en Ligue 2, à l’AC Ajaccio qui se déplace sur la pelouse du Louis-II ce soir en Coupe de France. Il y a sept ans, sur ce même Rocher, Maazou débarquait en provenance du CSKA Moscou et devait tout casser. Il est reparti avec un genou en moins et des larmes sur la joue.

À vingt-huit ans, Moussa Maazou a déjà joué pour treize clubs dans neuf pays différents, mais c’est lors d’un improbable Monaco-AC Ajaccio en 32es de finale de Coupe de France que les amoureux de football vont revoir l’ancienne icône du Louis-II. Depuis six mois, l’attaquant en provenance du Niger joue en Corse après un drôle de périple qui l’a vu voyager en Chine, au Danemark, en Russie avant d’atterrir en Corse où il attend les caviars de Johan Cavalli. Monaco, il connaît. Et pas qu’un peu. Janvier 2010, soit un septennat en arrière, l’ASM et le CSKA Moscou tombent d’accord sur un prêt de six mois avec option d’achat du Nigérien Ouwo Moussa Maazou. À l’époque, le garçon a vingt et un ans et sort d’une expérience délicate en Russie (trois buts en quinze matchs), alors qu’il était arrivé à l’est de l’Europe plein d’ambition à la suite de sa saison à Lokeren, en Belgique, où il s’était délecté de quatorze pions en vingt-trois matchs, le PSG s’était même positionné sur le garçon. Dans le communiqué officiel du club de la Principauté, Marc Keller, alors directeur sportif, présentait Maazou comme un besoin de son entraîneur de l’époque : « Guy Lacombe souhaitait un attaquant axial, rapide, un buteur, Moussa a vraiment ce profil. » ​ Une époque où Monaco balbutiait son mercato. Eidur Guðjohnsen avait tenu difficilement six mois sur le Rocher et son départ vers Tottenham avait alors entraîné l’arrivée de Maazou. Avec la blessure du Coréen Chu-Young Park, la nouvelle recrue n’a pas le temps de faire le tour des popotes monégasques, il est attendu sur le pré très rapidement. Le 20 janvier, il foule la pelouse du Parc des Princes pendant soixante secondes pour son bizutage français. L’ASM l’emporte 1-0 dans la capitale. Petit à petit, l’attaquant grappille du temps de jeu, mais ne trouve pas le chemin des filets avant un match de Coupe de France à Bordeaux où il plante en sortant du banc. Le début de la folie Maazou. Son pressing et sa puissance physique sont des atouts appréciés à cette époque en Principauté. Sur le front de l’attaque, Nenê et Alonso régalent le nouveau venu, et ce dernier fait de la Coupe de France son terrain de jeu puisqu’il plante en quarts et en demi-finales également.

Fan d’Adebayor

En Ligue 1, le compteur monte, mais doucement. Et son silence face aux médias étonne. « Je viendrai parler aux médias quand j’aurai marqué dix buts » ​, lâche-t-il à ses débuts. L’histoire étant ancienne, on sait qu’il ne franchira jamais ce seuil (cinq buts en Ligue 1, trois en Coupe). Star au Niger, le pays le plus pauvre du monde pour certains, Maazou a mis en lumière l’ASM du côté de Niamey. Chez lui, le garçon est une idole. Jeune, il s’était pourtant destiné à l’athlétisme. Il facturait moins de onze secondes au cent mètres avant son départ pour l’Europe. Rapide, il l’est. Mais sur un terrain, il va avoir un mal fou à le démontrer. « Ses appels ne sont pas à la hauteur de sa vitesse » , dira de lui Guy Lacombe. D’ailleurs, c’est surtout en supersub qu’il va s’illustrer sur le Rocher, puisque ses trois buts en Coupe de France – qui qualifieront Monaco en finale – sont inscrits en sortie de banc. Avant d’affronter le PSG en finale de l’édition 2010, Maazou se voyait déjà planter le drapeau du Niger à Saint-Denis. Durant ce week-end très particulier, il voulait être à la hauteur de son idole, Emmanuel Adebayor, passée sur le Rocher également. En rembobinant, on se rend compte que Maazou revient de très loin, surtout comparé au clinquant de la Principauté. Son père était mécanicien automobile au pays, le jeune Moussa y a fait ses gammes avec son frangin, mais n’apprend rien hormis placer des batteries à la verticale pour faire office de poteaux. La fratrie s’initie ainsi au football de rue. Son grand frère lui montre le chemin et devient international. Très vite, la moitié de l’équipe nationale passe son temps au domicile des Maazou. Repéré par l’Asfan Niamey, il débute en professionnel très jeune et plante rapidement trente-huit buts entre 2005 et 2007.

Son retour en 2011 dure… 21 minutes

Parti à Lokeren pour devenir un produit de la filière belge comme de nombreux Africains, Maazou est appelé en équipe nationale pour un match contre l’Ouganda en mai 2008. Conscient qu’il revient de loin, il s’investit dans l’association « Atcha » , qui fait en sorte que les enfants de Niamey puissent acquérir une éducation par le sport. Il le fait surtout au nom de sa mère, malade, qui décède peu de temps après son arrivée à Monaco. Alors ce parcours en France est autre chose qu’un contrat professionnel. C’est une mission. Au Stade de France, il s’imagine brandir le drapeau de son pays « pour qu’on voit comment il est, et qu’on comprenne que le Niger, ancienne colonie française, ce n’est pas le Nigeria » .​ Mais rien n’ira comme prévu, puisque l’ASM perdra le match et Maazou ne trouvera pas le chemin des filets. Monaco n’ayant pas l’argent pour le garder, le garçon file à Bordeaux… où il ne trouve pas ses marques pendant la première partie de saison 2010-2011. Janvier 2011, soit un an après son premier passage à l’ASM, Moussa Maazou revient sur le Rocher. En prêt. Encore. Après tout, il a plutôt laissé un bon souvenir à Monaco. Le Louis-II appréciait ses grandes enjambées et ses buts venus de nulle part. Ses coéquipiers s’accommodent de son tempérament à l’emporte-pièce et ses coups de gueule contre ceux qui l’agacent et qu’ils surnomment volontiers les « zèbres » . Le voilà en joker. Il arrive le 28 janvier. Le 30, Monaco reçoit l’OM. Maazou entre en fin de match et, sur une glissade, se fait les croisés. Fin de la saison, après vingt et une minutes de jeu… Fin de son aventure à l’ASM et début de son périple fou qui le ramène aujourd’hui au Louis-II, six ans plus tard.

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