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Christian N’Sapu : « La Kings League n’a pas changé grand-chose à ma vie »

Propos recueillis par Rayane Amarsy et Jérémie Baron
8 minutes

Originaire d’Orléans, Christian N’Sapu a voyagé à travers l’Europe sans jamais trouver de stabilité dans sa carrière professionnelle. En 2024, alors que le gardien est au plus bas, sans club et sans logement, la Kings World Cup est annoncée par le streamer Aminematue. Il est sélectionné dans l’équipe Foot2Rue et réalise de grandes performances pendant la compétition. Mais un an après, à 28 ans, où en est-il ? La Kings World Cup a-t-elle servi de tremplin à sa carrière ? Ou n’était-ce qu’une parenthèse enchantée ? Rencontre avec un gardien qui rêve de re-relancer sa carrière.

Christian N’Sapu : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>La Kings League n’a pas changé grand-chose à ma vie<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

La Kings League lance sa version française ce dimanche. Pourquoi tu n’es pas de l’aventure cette fois-ci ?
Pour le moment, je ne peux pas trop l’expliquer parce que, moi-même, je n’ai pas de précisions sur la façon dont les choses se sont passées. Mais j’avais l’intention d’y participer. J’attends d’avoir des réponses à ce niveau-là. Ça reste un événement intéressant pour les footballeurs. Cela se développe super bien, il y a de plus en plus d’argent, de partenaires, donc il y a des gens qui pourront faire carrière dedans.

Si l’occasion se présente, tu pourrais l’envisager ?
Clairement, cela ne me dérange pas. C’est un format qui ne m’a pas déplu, même si aujourd’hui, c’est le format du foot à onze que je priorise. Mais demain, si je peux faire carrière en Kings League, et gagner ma vie comme ça pendant le reste de ma vie professionnelle, pourquoi pas.

Toi, c’est l’an dernier qu’on t’a vu du côté du Mexique, représenter la France à la Kings World Cup. Mais avant tout ça, tu as côtoyé le milieu du football professionnel. Quel a été ton parcours en jeunes ?
J’ai fini ma préformation à Nantes avant d’aller au Pôle espoirs. Mais là-bas, ça s’est mal passé, je me suis fait virer à cause de problèmes de comportement. Ensuite, je suis parti en Angleterre, à Stoke City et à Leicester, mais aucun de ces essais n’a abouti. Donc je suis revenu en France et j’ai signé au Paris FC, et ça s’est super mal passé également.

Pourquoi ?
Déjà, il fallait s’adapter à la vie parisienne. Ensuite, il y avait beaucoup trop de gardiens, et un problème de mutés, donc je ne jouais pratiquement jamais. Ensuite, je suis revenu à Orléans.

Tu as croisé des joueurs professionnels qui t’ont impressionné pendant ta formation ?
Celui qui m’a le plus choqué, c’est Yann Gueho. J’ai même pas les mots pour te dire. Il était meilleur que Neymar à Santos. Il faisait ce qu’il voulait ! Quand tu le serrais trop, il te disait : « Je vais te mettre deux petits ponts », et il te les mettait. En revanche, il était vraiment fou. Je peux en parler pendant des heures, mais je vais te raconter juste une anecdote : Nantes faisait un match amical contre Angers. Le gars avait joué dix minutes seulement. Ça lui avait suffi pour avoir dribblé tout le monde, marqué un but et délivré deux passes décisives. Après cela, il a demandé à être remplacé. À la fin du match, l’entraîneur vient le voir et lui dit : « Yann, tu ne regrettes pas quelque chose ? » Il s’attendait à ce que Yann lui dise qu’il n’aurait pas dû demander le changement. Mais non, lui, en toute insolence, il lui a répondu : « Oui, je regrette de ne pas être sorti après le premier petit pont. »

Ensuite, tu as baroudé un peu partout, en France, mais aussi au Portugal, en Angleterre et au Luxembourg. Pourquoi ça n’a pas marché ?
Après Orléans, j’ai fait Limoges et Saint-Maur, en National 2. Ensuite, j’ai failli signer à Monaco, mais ça ne s’est pas fait. Puis j’étais à deux doigts de signer à Brest, car Julien Fabri était sur le départ. Malheureusement, il est resté, donc je n’ai pas pris sa place. Après, en Angleterre, je devais aller au Bury FC, mais cet été-là, ils ont coulé. Ensuite, j’avais une touche à Bolton, mais il y a eu un changement de coach juste avant que j’arrive et il ne voulait pas me rencontrer, tout simplement.

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À chaque fois, il t’arrive des problèmes de dernière minute.

Ouais, je n’ai vraiment pas de chance. C’est comme au Luxembourg plus tard. J’arrive pour jouer en première division, et finalement, on m’envoie avec la réserve en troisième division. Ils m’avaient promis un travail à côté et un appartement seul. Mais quand je suis arrivé, j’étais avec trois autres joueurs et je n’ai pas eu de travail. Sur les 500 euros que je touchais, quasiment l’intégralité partait dans les frais de licence ou autres dépenses administratives. Je ne touchais quasiment rien en fait. J’ai fait quelques mois là-bas, puis il y a eu le Covid. Je suis revenu à Paris et je suis parti pour Trélissac. Une saison plus tard, j’ai signé à Chantilly en National 3. Là-bas, il s’est passé pas mal de choses, mais j’ai signé un contrat avec eux, donc je ne peux malheureusement pas en parler en détail. En bref, je me suis retrouvé sans club à la fin 2023.

Financièrement, cela commençait à devenir trop compliqué. Je n’avais plus d’appartement, j’étais devenu sans domicile fixe, je ne trouvais pas de travail à côté.

Christian N’Sapu

Donc quelques mois avant la Kings World Cup, tu n’avais plus de club ?
J’étais dans une situation très précaire. Pendant trois mois, je ne voulais plus entendre parler de football. Après, je continuais à m’entraîner pour me maintenir en forme. Mais financièrement, cela commençait à devenir trop compliqué. Je n’avais plus d’appartement, j’étais devenu sans domicile fixe, je ne trouvais pas de travail à côté. J’ai eu une dernière opportunité d’aller en D1 finlandaise. Mais pour l’essai, tout était à ma charge, et je n’avais pas les moyens. Cela m’a mis un coup au moral, et j’ai dit stop. Jamais je n’aurais pu imaginer que j’allais être dans une situation comme ça un jour, mais bon, ce sont mes choix qui m’ont amené là. Je suis rentré chez ma mère à Orléans et j’ai coupé une nouvelle fois avec le football. Mais un mois plus tard, ma petite sœur m’envoie la publication d’Amine qui annonce la Kings League World Cup.

La Kings World Cup, tu voyais cela comme une opportunité pour te relancer ?
Au début, je me dis juste que cela peut être un truc cool. Je ne pensais même pas à l’après ou au buzz. Je n’attendais rien de la candidature.

Et lors du premier match, tu as été le héros ! Comment tu t’es senti après ça ?
Cela m’a grave touché de voir tout l’amour que l’on m’a donné. On s’était entraînés pendant un mois et demi au cours desquels j’étais encore dans mes problèmes. Je n’étais pas bien mentalement. Tout le monde me parlait, même Samir (Nasri) ! L’amour qu’ils m’ont donné m’a libéré et m’a mis en confiance.

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Ce premier match contraste avec ton dernier, au cours duquel une erreur d’arbitrage vous a disqualifiés. Comment as-tu vécu cette défaite ?
Très mal. Quand l’arbitre a sifflé la fin du match, je me suis caché et j’ai pleuré. Ça faisait longtemps que je n’avais pas pleuré comme ça. Ce n’était pas clair au niveau des règles : quand j’ai fait l’arrêt et que les lumières se sont éteintes, je n’ai même plus regardé le ballon. Mais même pendant la compétition en général, il y a eu plein de décisions qui n’allaient pas dans notre sens.

Je n’ai pas assez profité de la notoriété que j’ai gagnée sur les réseaux. Après, c’est retombé, les gens m’ont un peu oublié.

Christian N’Sapu

On se retrouve un peu moins d’un an après cette compétition. Qu’est-ce qui a changé pour toi ?

Alors, le mois qui a suivi la compétition, les gens me reconnaissaient un peu à Paris, c’était assez drôle d’ailleurs. Sinon, ça n’a pas changé grand-chose à ma vie, même au niveau football. J’ai eu quelques contacts rapides avec certains clubs professionnels, mais les clubs amateurs ne prenaient pas trop ça au sérieux. D’ailleurs, j’ai eu plus de contacts avec des clubs professionnels que des clubs amateurs.

Mais cela t’a redonné l’amour pour le football au moins ?
Oui, bien sûr. C’était extraordinaire, j’étais même en tendance Twitter, jamais j’aurais pu l’imaginer dans ma carrière. Là-bas, je me suis rendu compte que j’avais raison, que j’étais sur le bon chemin. Quand tu reçois des messages sur les réseaux sociaux du style « viens à l’OM », « viens à Arsenal », «  viens au PSG », tu te dis que même si c’est presque impossible, il y a quand même des gens qui ont vu quelque chose en toi.

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Donc la Kings League, finalement, ce n’était qu’une bulle éphémère ?
Un peu, forcément. En plus, je n’ai pas assez profité de la notoriété que j’ai gagnée sur les réseaux. J’étais surtout concentré sur ma recherche de club. Après, c’est retombé, les gens m’ont un peu oublié.

Est-ce que tu as quand même gardé une proximité avec Aminematue et l’équipe Foot2Rue ?
Oui, les liens qu’on a créés, ce sont des liens qu’on aura toujours. Là où ils ont été forts, Amine, Saïd (l’entraîneur de Foot2Rue) et Samir (Nasri), c’est qu’ils ont réuni que des bons gars. Aujourd’hui, on est tous liés, on s’envoie toujours des petits messages par-ci, par-là. On se donne de la force. Et avec Amine, on discute quand il a le temps, car c’est quelqu’un de très occupé.

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