- Ligue 1
- J3
- PSG-Marseille
Ce PSG vulnérable est-il un bien pour la L1�

La saison 2020-2021 marquera-t-elle la fin dâun rĂšgne ? Le PSG, le plus grand club de France, avec son budget pharaonique, ses ambitions europĂ©ennes et ses rĂ©seaux plus ou mois occultes dans le foot français, va-t-il connaĂźtre une annĂ©e sĂšche ? Tout le monde dĂ©testait sa puissance, mais sa vulnĂ©rabilitĂ© est-elle vraiment une si bonne nouvelle pour la L1 ?
Dans cet article :
Inutile de se mentir, on la sentait venir, cette victoire lensoise. PrĂ©visible. Logique. Le cauchemar continue. Mais on nâosait y croire. On sâest frottĂ© les yeux devant le spectacle insipide du PSG face Ă des Sang et Or pourtant loin dâĂȘtre transcendants ni galvanisĂ©s, sans parler de la boulette du troisiĂšme gardien qui rĂ©sume tout, presque du Hegel sur le terrain. Une dĂ©faite qui semblait presque acceptĂ©e sur le banc parisien, rĂ©signĂ© et absent. Il serait facile de parler de crise, un marronnier qui fleurirait un peu plus tĂŽt que dâhabitude. Mais nâest-ce pas plus profond ?
En Ligue 1, depuis 2012, le PSG se rĂ©vĂšle impĂ©rial, avec juste un accident industriel nommĂ© Monaco en 2017. Sauf que, pour la premiĂšre fois depuis longtemps, du cĂŽtĂ© marseillais par exemple, il est possible dây croire. Les supporters phocĂ©ens les plus lucides se voyaient dĂ©jĂ en victimes expiatoires de lâĂ©chec contre le Bayern. Cela chambrait dur sur les rĂ©seaux sociaux, en se doutant que lâatterrissage au Parc allait certainement se rĂ©vĂ©ler douloureux et ramener lâOM aux rĂ©alitĂ©s de son niveau actuel. Seulement, une douche froide en finale de Ligue des champions plus tard, une gestion chaotique de lâaprĂšs, des stars touchĂ©es par la Covid-19 version Ibiza, une jeune garde incapable de prendre ses responsabilitĂ©s Ă Bollaert, et dâun coup, Paris redevient prenable. Sans que quiconque y voit malice ou vantardise de ses adversaires.
PSG et dépendance
Le PSG Ă©tait Ă deux doigts de tout rafler. Ramener une Coupe dâEurope. Un ancien prĂ©sident Ă la tĂȘte de la LFP, et une gestion pĂ©pĂšre des matchs contre les «âautresâ» enseignes de lâHexagone. Tout le monde le dĂ©testait, et câĂ©tait presque parfait ainsi. Sa toute-puissance sportive et financiĂšre agaçait, irritait, et permettait dâidentifier le parfait salaud. Mais dâun coup, le voilĂ Ă terre. Son argent ne le protĂšge plus de rien, et câest sieur Labrune qui, Ă la surprise gĂ©nĂ©rale, va diriger les destinĂ©es, notamment sonnantes et trĂ©buchantes, du foot tricolore. Le sourire aux lĂšvres, de Dijon Ă Lorient, on se dit quâil nây aura pas forcement six points de perdus dâoffice cette saison.
Seulement voilà ⊠La Ligue 1 nâĂ©tait pas seulement dominĂ©e par le PSG, elle en Ă©tait devenue dĂ©pendante. Paris â son Ă©quipe et sa ville â Ă©tait sans conteste une des raisons qui fondaient des droits tĂ©lĂ© Ă 1 milliard dâeuros, et le seul Ă pouvoir valoriser Ă ce point notre championnat. Une saison, voire mĂȘme une demi-saison, Ă se remettre dâaplomb, moralement ou techniquement, sans squatter la premiĂšre place du classement, et dâun coup, Mediapro va commencer Ă regarder son investissement sous un autre jour.
Un PSG fragile, câest la fin des rares gros matchs Ă enjeux, ou du moins Ă spectacle potentiel, notamment Ă lâĂ©tranger. Contre Lyon Ă©videmment, Marseille pour le symbole, Strasbourg pour lâexploit. Tous les chiffres et les Ă©tudes de marchĂ©, y compris en matiĂšre de consommation et de fidĂ©litĂ© Ă ses couleurs dâĂ©charpe, dĂ©montrent Ă quel point la France nâest pas encore vĂ©ritablement devenue un pays de foot (pour preuve ce dĂ©bat absurde du «âTous derriĂšre le PSG pour la finaleâ»). Il faut encore des tĂȘtes de gondole pour le match du dimanche soir, et pour que TĂ©lĂ©foot continue de remplir les caisses des clubs français, qui en ont dĂ©sespĂ©rĂ©ment besoin.
Préliminaires en L1
Enfin, un dernier point qui fĂąche. Si les commentateurs ont souvent dĂ©plorĂ© le manque dâadversitĂ© face au PSG dans notre Ligue 1, que faudrait-il penser, pour Rennes, Marseille et tous les prĂ©tendants Ă lâEurope, du manque reprĂ©sentĂ© par des Parisiens perdus et «âbanalisĂ©sâ» ? Que les hommes de Tuchel traversent les matchs en zombies, et Nice ou Reims devront se replier sur FIFA 21 afin de se prĂ©parer. Le foot français va grandement manquer de prĂ©liminaires. François Mauriac a construit son Ćuvre en nous montrant Ă quel point lâhumanitĂ© des monstres du quotidien, ceux qui logent dans la famille ou dans lâentourage, permettait de casser la tiĂšde banalitĂ© de la vie en province. Vous dĂ©testez le PSG, certes, mais ne vous rĂ©jouissez pas trop vite de voir un pareil ennemi Ă terre, mĂȘme momentanĂ©ment. Car personne nâest encore prĂȘt pour le remplacer.
Dans cet article :
Par Nicolas Kssis-Martov