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Balázs Dzsudzsák, pied gauche, femmes et voitures

Par Joël Le Pavous et Quentin Müller
Balázs Dzsudzsák, pied gauche, femmes et voitures

Voilà près de 50 ans que la Hongrie espère son nouveau Puskás. L’attente est longue. Il y a quelques années pourtant, le suspense aurait pu prendre fin. Son nom ? Balázs Dzsudzsák. Un blase qui a rapporté jusque-là plus au Scrabble qu’à la nation. Mais la dernière victoire en Norvège pourrait annoncer un jour meilleur.

L’ego d’un joueur se résume parfois à une simple visite médicale. Arrivé à Bursaspor à l’intersaison en provenance du Dynamo Moscou, Balázs Dzsudzsák prend derechef un rendez-vous chez l’ophtalmo. Le capitaine de la sélection hongroise suit les instructions à la lettre. Devant les caméras et photographes, il sort de la salle après s’être fait examiner, poireaute serviette sur le cou en débardeur blanc et short vert, puis prend la pose, sourire Colgate aux lèvres. Difficile de ne pas se la péter quand on apparaît sept fois consécutives sur la jaquette du jeu FIFA version magyare (de 2009 à 2015, ndlr), notamment aux côtés de Kaká ou de Rooney. Compliqué également de courber l’échine quand on devient l’égérie d’une campagne de pub Rexona avec costard ajusté et contrôle de la poitrine maîtrisé devant une brune canon à la limite de vous dévorer éhontément les mirettes. Car ouais, Balázs Dzsudzsák est roi en Hongrie et accessoirement proprio d’une somptueuse baraque 100% design sur la rive sud du lac Balaton.

Cadavres de voitures

Le numéro 7 des Mágikus Magyarok est un savant mélange entre la classe à la George Abitbol et le compte en banque d’un émir. Crinière blonde modelée au Pento et oreilles dégagées. Milliardaire en forints, la devise locale, depuis la fin de l’année 2011. L’homme est sous contrat avec Adidas qui l’alimente en pompes persos, dont le modèle Adipure, qu’il affirme avoir lui-même popularisé en symbiose avec son manager et ami József Vörösbaranyi. Un type qui pèse dans sa vie et le conseille notamment dans ses achats d’apparts et de bagnoles, son péché mignon. Dzsudzsák vénère les caisses qui coûtent une blinde. Mais le type n’en prend pas soin pour autant. Mieux, il les esquinte avec panache. Décembre 2012 : il défonce l’arrière d’une voiture au volant de sa Porsche Panamera GTS. Été 2013 : il réduit en miettes une Lamborghini de location à 300 000 euros sur l’autoroute M3 au Nord-Est de Budapest et provoque la fermeture complète de l’axe dans les deux sens. Mai 2015 : il est en rade sur le Pont de Chaînes. Sa crise de nerfs bloque complètement l’un des franchissements du Danube. D’où des apparitions régulières dans la presse à scandales et féminine où on peut dégotter quelques croustillantes histoires de ses week-ends entre potes et de sa passion du blanc, couleur « dégageant un puissant pouvoir » . Séducteur, l’ailier gauche possède un joli tableau de chasse. Comme avec Linda Zimány, ex-speakerine et playmate. Le couple s’était installé à Moscou. Mais la romance a mal tourné. Mademoiselle a succombé aux charmes d’un autre milliardaire, Ferenc Kedves, et Balázs encaisse difficilement le choc.

« Mais qu’ils foutent la paix à ma famille ! »

La Russie, Dzsudzsi n’en garde d’ailleurs pas un souvenir inoubliable. Quand il s’apprête à signer en 2011 à l’Anji Makhatchkala après de grosses saisons au PSV, le natif de Debrecen ne se doute pas de la galère qu’il va vivre dans le Daguestan. En Hongrie, les médias se déchaînent. L’opinion hongroise ne comprend pas le choix de sa star pourtant draguée par d’autres clubs un poil plus huppés. Pour beaucoup, Balázs est allé vendre son âme chez l’ancien ennemi pour 200 000 euros par mois et 2,4 millions par an. Un détail qui fait grincer les dents quand on sait que le salaire moyen en Hongrie ne dépasse guère les 500 euros. Début décembre 2011, la nouvelle tombe à Nyírlugos, son village natal situé à quarante bornes de Debrecen. Les caméras et les micros foncent alors sur le palier de l’école du coin où officie sa mère. Maman Dzsudzsák est mitraillée par les objectifs et harcelée par les questions des journalistes. « Mercredi, j’avais un examen médical à Rome. Je me suis levé heureux ce jour-là et j’avais planifié qu’une fois rentré à la maison, j’annoncerai fièrement ma décision aux principaux médias. Mais à peine sorti du cabinet, je suis devenu le pire joueur et le plus critiqué du pays. Ça m’a fait très mal, car j’ai toujours joué au foot avec mon cœur et mon esprit. Si certains veulent me dire en face des choses, alors qu’ils ne se gênent pas ! C’est mon travail, j’accepte la critique. Mais qu’ils foutent la paix à ma famille ! » , répliquera sévèrement l’intéressé le jour de sa présentation à son nouveau club. Le joueur ne s’en remettra jamais. L’isolement, sa rupture, le froid russe et les critiques tuent l’hypothétique successeur de Puskás. Roman Berezovski, ancien gardien arménien du Dynamo Moscou, garde cependant le souvenir d’un bon vivant aux antipodes de la déprime : « C’était une vraie pipelette, un mec extraverti, mais un bon gars. Toujours là pour rire et déconner. » Mais aussi le souvenir d’un gars avec « une super frappe et une impressionnante vitesse » .

Malgré ses échecs répétés en Russie, son premier mentor, Gábor Hegedüslui, qui a connu le phénomène tout petit à Olasz Focisuli de Debrecen, se veut indulgent : « Il a eu sa période people, mais ça s’est calmé. Balázs court après la performance, plus après les journaux. Sur la pelouse, il ne craignait pas les défenseurs. Sa conduite de balle frôlait la perfection. Balázs est une icône à Debrecen. Quand il rentre, il rencontre les gamins qui l’adorent. Il doit montrer l’exemple jusqu’à la fin de sa vie comme Puskás. » Dzsudzsi est un de ces gamins du football parti de pas grand-chose, mais qui, à force de travail et de talent, a franchi les étapes. Comme beaucoup de cracks, il a longtemps dû se passer de ses parents, passant un tiers de la semaine dans une famille d’accueil à Debrecen de ses 7 à ses 15 piges. Distance avec son village d’enfance oblige. « Malgré son talent évident, il acceptait les règles. Il était serviable, respectueux, intégré au collectif. On est fiers de l’avoir eu chez nous et de son parcours. J’aurais préféré qu’il soit recruté par un club anglais, allemand ou italien, mais ça n’a pas marché. Dommage. Si la Hongrie va à l’Euro, la donne pourrait changer » , espère András Herczeg, ex-coach du DVSC de 2007 à 2010. À Bursaspor, où Balázs a signé avec discrétion cet été, l’ancien espoir de Debrecen semble se rebiffer. « C’est mon voisin de palier. Il est super sympa. Il démarre en trombe cette saison. Après, sur le terrain, il est exigeant avec ses coéquipiers et lui-même. C’est un gros compétiteur » , avoue Ricardo Faty. Assez pour mettre fin à trois décennies de disette internationale ? Dangereux et présent avec la sélection hongroise conquérante en Norvège (0-1) pour le barrage aller de l’Euro 2016 jeudi, Balázs a en tout cas une belle occasion au retour de mettre tout le monde d’accord.

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