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Audit : ma Fédé va craquer ?

Par Nicolas Kssis-Martov
Crédit : Renaud Bouchez pour SO PRESS
Crédit : Renaud Bouchez pour SO PRESS

Les premières conclusions de l’audit rendu ce lundi ont fuité dans la presse. Et loin de se limiter aux cas de Noël Le Graët ou de Florence Hardouin, le document provisoire pointe largement la gouvernance défaillante de la FFF.

Les divers documents que l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) a communiqués à l’ensemble des parties concernées, sous forme d’extraits sélectifs du rapport « contrôle du pilotage de la FFF et du respect des obligations qui s’y rattachent », sont donc désormais largement partagés sur la place publique. Et la tonalité générale démontre combien les événements qui se déroulent aujourd’hui à la FFF s’avèrent éminemment politiques. Ces pages fournissent d’utiles moyens de pression à la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, si elle désire, comme elle l’annonce à mots couverts, éviter que le comex n’endorme tout le monde avec une démission à l’amiable de Noël Le Graët et un licenciement expiatoire de Florence Hardouin. La direction fédérale dans son ensemble est en accusation. L’IGSR aurait même par ailleurs demandé qu’un autre audit soit confié cette fois sous l’autorité du ministère des Finances, pour ausculter les caisses bien garnies, et l’utilisation de ses fonds, de la fédération la plus riche de l’Hexagone. À ce propos, la façon dont est disséqué le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), porté par Florence Hardouin en mai 2021, débouchant sur la suppression de dix-huit postes, résume parfaitement les doutes qui existent sur ce plan. « La justification du PSE pour des motifs économiques demeure peu convaincante pour de nombreux membres du codir et du comex. Elle est incompréhensible pour la plupart des nombreux employés de la FFF, laquelle présente plutôt des signes extérieurs d’aisance financièreDe plus, la situation de la fédération qui a conduit à la présentation de ce plan au printemps 2021 a évolué positivement dès le début d’année 2022 : redressement financier en cours et résultats positifs récents. » Or la bonne santé économique de la grande maison du football, et le soutien qui en résulterait en faveur du foot amateur, constitue l’une des grandes fiertés de Noël Le Graët.

La situation de ce dernier semble de toutes les façons scellée. On apprend au passage que sa principale ligne de défense face aux accusations découlant de son comportement envers certaines employées féminines tiendrait dans son « paternalisme bienveillant d’une autre époque ». Un relativisme qui éclaire un autre enseignement de la mission qui évoque « l’ambiance sexiste et violente qui a régné au sein du comité directeur jusqu’en 2020 », qui « s’exprime selon les situations par des blagues sexistes, lourdes et récurrentes, par des manifestations de mépris entre directeurs, par l’usage d’un vocabulaire grossier, par l’échange d’injures ou d’invectives ».  Sur cette dimension, le rapport tranche dans le vif et relate « plusieurs témoignages relatifs à des agissements de M. Le Graët susceptibles de recevoir une qualification pénale ». D’où le signalement à la justice, le 13 janvier, en vertu de l’article 40 du code de procédure pénale, avec ensuite l’ouverture d’une enquête préliminaire du parquet de Paris contre l’ancien maire de Guingamp.

Pas d’issue pour Le Graët

Sans avoir besoin d’attendre une éventuelle condamnation par un tribunal – cette fameuse présomption d’innocence derrière  laquelle le Comex se réfugie depuis le début -, « la mission considère que, compte tenu de son comportement envers les femmes, ses déclarations publiques et les défaillances de la gouvernance de la FFF, M. Le Graët ne dispose plus de la légitimité nécessaire pour administrer et représenter le football français. » La solution de facilité que constituait la mise en retrait de Noël Le Graët ne semble plus tenable longtemps. « Le comité exécutif dispose de la capacité, à la majorité des voix de ses membres, de décider de la tenue d’une assemblée générale extraordinaire, laquelle aurait alors le pouvoir de voter la destitution du président en exercice, ainsi que de tous les membres du comité élus sur sa liste en mars 2021. » Cet appel semble quasiment un vœu pieu, puisqu’« au fil du temps, une forme de tolérance excessive face aux comportements du président s’est installée ». Un consensus pervers facilité par l’« absence de contre-pouvoir qui limite l’exercice démocratique pourtant nécessaire à la gouvernance d’une fédération sportive », avec « aucune expression politique des oppositions ou de minorités au sein des organes de la FFF ».

L’IGESR dresse finalement un portrait, sinon le procès, des dérives d’un sport fédéral français qui s’éloigne de plus en plus de son modèle associatif, celui d’une loi de 1901 dans laquelle la République prétendait insuffler ses grandes valeurs citoyennes et démocratiques. En toute logique donc, Noël Le Graët a exercé « le pouvoir et gère les crises au sein de la FFF davantage comme un gestionnaire d’entreprise assimilable à un président-directeur général que comme un président d’association. Il délègue peu et privilégie les relations interpersonnelles aux débats politiques et aux arbitrages au sein des structures de gouvernance statutaires de la FFF ». Dans ce cadre, le duo « toxique » avec Florence Hardouin en devient presque anecdotique, voire inévitable. « Dans un contexte de confusion des rôles et de loyautés multiples, Mme Hardouin sait qu’elle tient sa légitimité du président au point, surtout ces dernières années, de le protéger parfois excessivement, en tolérant ou en masquant certaines dérives de M. Le Graët qui devient alors lui-même l’obligé de Mme Hardouin.». Nous voila plus proche de la série Succession que du Code du sport.

Il reste désormais à découvrir la suite de ce qui ne reste pour le moment que des paragraphes sur un document pdf. Noël Le Graët, Florence Hardouin et donc Philippe Diallo au nom du comex vont renvoyer sous quinzaine leurs remarques, avant le rendu du rapport définitif. Comment la ministre va-t-elle décider d’utiliser cette « bombe » pour remettre de l’ordre dans la fédération et le foot français, au risque sinon de donner l’impression devant l’opinion d’avoir perdu ce bras de fer ?

Par Nicolas Kssis-Martov

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