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Au fait, qui est le gardien numéro 2 des Bleus ?
Alors que trois matchs attendent les Bleus en une semaine, Didier Deschamps a convoqué quatre gardiens dans son groupe de 26 joueurs. Derrière l’intouchable Hugo Lloris, Steve Mandanda, Mike Maignan et Alphonse Areola se tirent la bourre. Et si « la hiérarchie est évolutive » et « dépend de leurs performances » selon le boss, toujours très prompt pour botter en touche lorsque le sujet est mis sur la table, il est temps de savoir qui tient la corde pour jouer le rôle de doublure, à deux mois et demi de l’Euro. Revue d’effectif.
Steve Mandanda, le poids des traditions
Steve n’a jamais autant soufflé de dépit que cette année. Parce qu’il s’embrouille avec ses pieds, parce que ses coéquipiers marseillais ne l’aident pas toujours, parce que son club a déjà bien été secoué entre les désillusions européennes et les crises internes. Bref, à 35 ans, Mandanda en a déjà plein le dos avec une saison émotionnellement éprouvante. Pourtant, dans l’esprit de Didier Deschamps, « Steve a un statut de numéro 2 ». Un choix difficilement compréhensible sur la photographie de l’année écoulée, mais qui trouve son fondement dans l’attache du Basque à l’histoire commune. L’ancien Havrais est de toutes les campagnes depuis 2008 (à l’exception du Mondial 2014, à cause d’une blessure) et était déjà aux ordres du commandant lors du titre de champion avec l’OM en 2010. Certes, les relations se sont distendues après le Mondial 2018, à cause de la baisse de régime du gardien, de blessures et d’un imbroglio administratif lié à son contrôle positif à la Covid-19 en septembre, mais Mandanda est toujours la doublure officielle des Bleus. Mais pour combien de temps encore ? Pour sa dernière titularisation, il a pris l’eau avec les autres contre la Finlande (0-2) pour ce qui reste la seule défaite à domicile en deux ans et demi. Si le Marseillais garde sa stature d’homme sage dans le vestiaire, il serait peut-être temps d’acter son rôle de numéro 3, celui qui accompagnera une jeune pousse pour prendre la succession d’Hugo Lloris, comme il s’est dit près à le faire à l’OM au moment de sa prolongation. Alors Steve, on passe la main ?
Mike Maignan, l’instant M
En parlant de main, celle de Mike Maignan est bien chaude. Certes, le portier lillois doit encore se remettre de la banderille que lui a mis le toréador Renaud Ripart ce week-end, mais si l’on s’en tient à la dynamique actuelle, le Guyanais devrait être le n°2 naturel. « Mike est en train de s’affirmer, il pousse », observait le sélectionneur jeudi dernier. Marchant dans les pas de Bernard Lama, il n’a goûté au terrain que pendant 45 minutes contre l’Ukraine avec les Bleus, le temps de se manger un but sublime de Viktor Tsygankov au milieu de la démonstration tricolore (7-1). Une première mise en bouche qui doit en appeler d’autres, tant l’ancien espoir a, à 25 ans, toutes les qualités requises pour s’affirmer au niveau international. Il évolue dans la meilleure défense de Ligue 1 (19 buts encaissés en 30 matchs) ; il est habile balle au pied (en 2017-2018, il avait fini la saison avec 10 dribbles tentés et réussis, du jamais-vu chez un gardien du Big Five ces dix dernières années) ; il est efficace dans sa lecture, son jeu long et à la main pour lancer les attaques ; il est le gardien qui a le plus sauvé de buts pour son équipe en Europe selon un savant calcul de L’Équipe ; et il est en plus considéré comme un des spécialistes sur les tirs au but. Dans le pire des cas, Maignan peut être le Tim Krul de Deschamps : celui qu’on fera entrer avant la séance en quarts de finale de l’Euro. Chiche ?
Alphonse Areola, pour faire le nombre
Didier Deschamps l’a encore réaffirmé ce lundi : « Hugo jouera mercredi (contre l’Ukraine) et si tout se passe bien, il sera là pour la suite. » Traduction : pour qu’Alphonse Areola puisse enfiler ses gants de match, il faudrait que Lloris ne digère pas le ragoût de mouton kazakh, que Mandanda se torde un doigt sur une frappe de Sergey Khizhnichenko et que Mike Maignan se prenne les pieds dans le tapis en descendant de l’avion à Sarajevo. Bref, un sacré concours de circonstances*. Pourtant Alphonse est peut-être le petit nouveau qui a fait la plus grosse impression quand on lui en a laissé l’occasion, notamment avec une masterclass contre l’Allemagne en septembre. n°3 en Russie, il aurait certainement pu espérer s’installer comme solide n°2 si sa carrière en club ne s’était pas effritée en cours de route. En septembre 2019, alors qu’il passe du statut de titulaire au PSG à doublure au Real, Didier Deschamps exposait son dilemme : « C’est quelqu’un en qui j’avais grande confiance et qui avait répondu aux attentes. Maintenant, s’il ne joue pas pendant un mois, c’est quand même plus compliqué, forcément. » Alphonse s’est relancé à 27 ans sur un projet moins exposé, prêté par le PSG à Fulham. Ce qui lui permet de rejouer, déjà, et de rouler sa bosse dans un effectif moyen. Suffisant pour que la Dèche note son retour et l’appelle à nouveau après 16 mois au placard : « Alphonse a eu un petit peu de difficultés au début, mais il enchaîne de bonnes performances. » Suffisant pour laisser Benoît Costil (35 convocations, 1 cape) et Benjamin Lecomte (4 convocations, 0 cape) profiter de leurs vacances pendant les trêves internationales et s’asseoir dans une tribune d’Asie centrale, mais peut-être pas pour espérer plus pour le moment.
Par Mathieu Rollinger
* Si tout ça se passe dans la réalité, nous déclinons toute responsabilité.