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Argentine-France : Ils ont glissé sur la dune

Par Maxime Brigand, au Lusail Stadium
Argentine-France : Ils ont glissé sur la dune

Tombée au terme de la Coupe du monde la plus prolifique de l’histoire et au bout d’une finale de légende, cette équipe de France, portée du premier au dernier jour par un Kylian Mbappé record, va quitter le Qatar, lundi, en laissant derrière elle une photo. Celle d’une troupe d’assoiffés qui sait toujours briller dans les grands tournois, mais qui a fini par payer ses trop nombreuses variations de température liées à un plan de jeu imparfait.

Un capitaine blême, un vice-capitaine « vidé », un sélectionneur « triste » : bienvenue dans le monde merveilleux de la finale de Coupe du monde perdue au bout de la nuit. Attention, pas celle que l’on perd sur une simple erreur ou en admettant tranquillement la supériorité d’un adversaire, mais celle où l’on tombe brutalement après avoir entrevu la mort, puis le paradis. « Face à ça, il n’y a aucun mot pour soulager la douleur », témoigne Hugo Lloris, qui, près de deux heures plus tôt, s’envolait au-dessus de sa ligne de but pour décrocher dans les airs un missile envoyé par Lionel Messi, missile qui aurait pu éteindre la dernière bougie de ce Mondial en un peu plus de 90 minutes. L’histoire avait autre chose en stock pour les Bleus. Quoi donc ? Allons-y. D’abord, une première heure « sans match », durant laquelle on a vu la bande de Didier Deschamps étaler de nouveau son incapacité à poser une once de pressing cohérent (l’Argentine déteste pourtant quand on vient la chasser), mais surtout ressortir tous les défauts vus durant une bonne vingtaine de minutes face à la Pologne, pendant plus d’une mi-temps contre l’Angleterre et quasiment sur 70 minutes face au Maroc. « L’Argentine a inscrit deux buts et s’il y avait eu 3-0 contre nous, on aurait dit bravo, point », a concédé Deschamps lors du débrief.

C’est devenu un match de boxe, où chacun s’est rendu coup pour coup et finalement, ça ne s’est pas joué à grand-chose.

Ce qui nous amène à la deuxième étape : celle où il y a eu match, où les Bleus ont vraiment secoué leur deuxième finale de Coupe du monde consécutive et ont su faire basculer grâce à un combo talent-rage ce match de la formalité qui se dessinait vers le légendaire. Lloris : « C’est devenu un match de boxe, où chacun s’est rendu coup pour coup et finalement, ça ne s’est pas joué à grand-chose. » À rien du tout, même, car après avoir été incapable de cadrer la moindre frappe durant 80 minutes, l’équipe de France, boostée par sa jeunesse (Kolo Muani, Thuram, Camavinga), est revenue de « nulle part » (Deschamps) grâce à un Kylian Mbappé qui a assumé ce que l’évenement attendait de lui et a poussé l’Argentine dans une prolongation ping-pong. Et, après 120 minutes, alors que les Bleus avaient réussi l’impossible (3-3), que Deschamps avait vu toutes ses pièces jetées en l’air tomber du bon côté, les souvenirs de Séville, de Berlin et de Bucarest sont remontés dans les esprits, et quelque chose de raisonnablement français est tombé sur le Qatar : ce roman s’est bouclé sur des tirs au but ratés, d’autres réussis, et des hommes bleus en larmes.

On est allés au bout de nous-mêmes. On n’a rien lâché. Ce groupe est jeune, il se relèvera, reviendra encore plus fort.

« Il ne nous restait plus qu’à nous battre »

Cette finale est surtout une note pour plus tard : au-delà des plans et de tous les débats possibles, le foot reste un monde où des types font des erreurs, où d’autres font des tours de magie, où l’irrationnel reste et restera roi jusqu’à la nuit des temps. Malgré tout, l’équipe de France aura fini par payer, au terme de la Coupe du monde la plus prolifique de l’histoire, l’imperfection de son approche, même si, au-delà des regrets liés au scénario, il ne faudra pas non plus oublier l’intensité des émotions vécues qui contribuent à lier encore un peu plus un peuple avec sa sélection nationale. Il n’y aurait pas eu de victoire en 2018 sans la baffe de 2016, peut-être y aura-t-il un succès en 2024 grâce à cette glissade sur la folie de 2022. « Ce soir, c’est aussi un passage de témoin entre deux générations, avec en tête Kylian, qui a montré un fort leadership sur ce tournoi et encore plus dans cette finale, a d’ailleurs pointé Lloris, seul battu qui s’est arrêté après la rencontre en compagnie de Raphaël Varane.Je ne veux pas répondre pour le moment à la question de mon avenir en équipe de France. Je veux retenir la réaction, l’orgueil. Ce soir, on est du côté des perdants, mais il faut que l’on soit fiers. »

Ce qu’a complété Varane : « On est allés au bout de nous-mêmes. On n’a rien lâché. Ce groupe est jeune, il se relèvera, reviendra encore plus fort. On a été à contretemps défensivement, puis il ne nous restait plus qu’à nous battre, à revenir à l’énergie. On a même eu la balle de match… » Cette finale avait choisi son héros, ses vainqueurs, son destin. Cette équipe de France, qui ne sait pas encore si elle va repartir avec Didier Deschamps, roi des gagnants qui a tout de même perdu sa deuxième finale en trois tentatives, a aussi le sien. Elle repart de Doha avec des défauts déjà identifiés avant de se pointer sur les dunes qataries, avec une compétition qui lui aura permis de prouver au monde qu’elle reste encore 95% du temps la reine pour retourner des tables lors de dîners servis dans les grands tournois, et en laissant une force collective, qui s’est construite dans l’ombre des nombreux forfaits, contre un virus et grâce à des individualités fortes. Ce Mondial en aura récompensé d’autres, rangées sans ego derrière Messi, élu MVP du tournoi et de la finale, qui aura fini par toucher les étoiles à 35 ans. C’est aussi ça, le monde merveilleux d’une finale de Coupe du monde.

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Par Maxime Brigand, au Lusail Stadium

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