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Anthony Dauvergne : « Mon premier entraînement en pro, c’est Rothen au centre et Pauleta à la frappe ! »

Propos recueillis par Maurice de Rambuteau
Anthony Dauvergne : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Mon premier entraînement en pro, c’est Rothen au centre et Pauleta à la frappe !<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Anthony Dauvergne, gardien et capitaine du petit poucet de la Coupe de France, l’Olympique Saumur, ira défier le TFC le 7 avril en 8es de finale après avoir passé trois tours aux tirs au but. Ses jeunes années au PSG, son métier de courtier en assurance, la gestion du foot amateur par la FFF, « Antho » a des choses à dire !

Moi, j’ai 32 ans, si tu ne me proposes que des entraînements, je dis non. Sans la compétition le week-end, la motivation n’est plus là.

Salut Anthony ! On connaît la situation compliquée du foot amateur en ce moment à cause de la pandémie. Comment ça se passe pour toi ? Jusqu’à maintenant, les matchs de Coupe de France s’enchaînaient assez vite, on avait un rythme assez standard. Là, ce match du 7 avril (contre Toulouse) change un peu la donne, on a un mois de trou entre deux matchs. L’idée principale, c’est de ne pas perdre de rythme, parce que Toulouse, eux, ils en ont ! Ce match-là, on le prend comme les précédents : c’est une finale ! Si on le perd, on arrête la saison. À chaque match, le discours est le même : les gars, on va au match d’après, on ne s’arrête pas là, on gratte encore quelques jours ! On n’a pas envie de se quitter ! Je connais des joueurs qui ne sont plus en Coupe de France et qui, du coup, ne vont plus à l’entraînement, parce qu’ils n’ont plus de match. Et d’un côté, je les comprends. Quand tu as un travail, une famille, c’est compliqué d’aller à l’entraînement « pour rien » . Moi, j’ai 32 ans, si tu ne me proposes que des entraînements, je dis non. Sans la compétition le week-end, la motivation n’est plus là.

Aujourd’hui, les gars sont au taquet à l’entraînement, mais ils ne savent pas s’ils vont rejouer. La question, ce n’est pas d’être pour ou contre la reprise des championnats, c’est d’avoir une réponse claire. On ne sait pas ce que pense la Fédération.

Si tu pouvais aller cinq minutes dans le bureau de Noël Le Graët, tu lui dirais quoi ? Seulement cinq minutes ? Je ne peux pas avoir un peu plus ? Aujourd’hui, c’est du grand n’importe quoi en matière de communication. Je lui demanderais pourquoi ils sont aussi catastrophiques ! Comment peut-on annoncer qu’un championnat reprend un week-end, et dire que c’est annulé le week-end d’après ? C’est du grand n’importe quoi, il faut se décider. Ce qui est pénible pour nous, c’est qu’ils font miroiter plein de choses. Comment s’organiser derrière ? Un club, c’est une entreprise qui se gère, avec un budget. Aujourd’hui, le football engendre beaucoup d’emplois. Ils (la Fédération française de football) ne se rendent pas compte de l’impact de leur indécision, de tous ces revirements de situation. J’ai envie de leur dire de venir sur le terrain voir quelles sont les problématiques des clubs amateurs. Ils verraient que s’ils avaient donné une réponse ferme et définitive, les clubs auraient pu s’organiser différemment. Je prends l’exemple du FC Rouen parce je suis originaire de là-bas : aujourd’hui, les gars sont au taquet à l’entraînement, mais ils ne savent pas s’ils vont rejouer. La question ce n’est pas d’être pour ou contre la reprise des championnats, c’est d’avoir une réponse claire. On ne sait pas ce que pense la Fédération.

Pour vous, il y a quand même ce petit rayon de soleil de la Coupe de France. Qu’est-ce qui se passe dans ta tête à la fin de la séance de tirs au but contre La Montagnarde ? C’est totalement indescriptible, on est passés par tous les scénarios ! C’est une émotion assez incroyable. On se dit : « Ça y est, on y est, on a fait un truc énorme. » Je me suis dit que j’avais apporté ma petite pierre à l’édifice. Depuis que je suis à Saumur, mon objectif, c’est de faire un parcours en coupe. On me dit tout le temps : « Toi, Antho, tu ne vis que pour la coupe ! » Et c’est le cas ! Il y a 4-5 ans, on joue deux années de suite Tours, et on les élimine la deuxième fois alors qu’on est en DH. Ce ne sont pas les mêmes émotions qu’une victoire au fin fond de la Vendée. Voir mon petit garçon heureux de voir son papa à la télé, ça fait tout. C’est un peu mon contrat pro à moi, cette compétition, pour ceux qui ne sont pas passés professionnels, c’est notre moment !

Voir mon petit garçon heureux de voir son papa à la télé, ça fait tout. C’est un peu mon contrat pro à moi, cette compétition.

On imagine que tu aurais aimé tirer le PSG ? Oui, évidemment ! Après, c’était un match dix jours plus tard (le 16e du PSG a été décalé à cause de la Ligue des champions, NDLR), on avait des blessés, des suspendus, on aurait pris une branlée ! Mais Toulouse, on va aussi aborder le match avec respect et humilité. Clairement, ils sont plus forts. Après, pour ce match, dans tous les cas, on est gagnants. On a donné le sourire à nos familles, aux gens du club. Après le seizième de finale, on a vu des gens en larmes, des gens qui s’investissent au quotidien.

Le PSG, c’est là où tu as passé tes jeunes années (2004-2009). C’était comment ? J’étais de la génération N’Gog, Sakho, Sankharé, Chantôme, etc. J’ai commencé à m’entraîner avec les pros de manière épisodique sous Laurent Fournier. Mon premier entraînement avec les pros, c’était à seize ans. Je m’en souviens, j’étais en cours de français, il était 9h. On est venu me chercher : « Antho, tu viens t’entraîner avec les pros, il nous manque un gardien ! » C’est un moment extraordinaire quand tu as seize ans et que tu viens d’arriver de ta petite province. Le thème de l’entraînement, c’était « centre et reprise ». Aux centres, c’était Jérôme Rothen, à la frappe, Pauleta. Autant te dire que je n’ai pas touché un cuir de la séance !

Il y avait un crack que tu avais repéré ? Mamadou Sakho, forcément ! On savait qu’il allait faire une belle carrière. Ma première année, on a fait un tournoi à l’étranger, on a pris l’avion, et il était le seul surclassé. À ce tournoi, on sentait déjà un truc. Il dégageait une puissance, une sérénité. On savait qu’il allait faire une belle carrière. Après, qu’il le fasse aussi vite en étant capitaine à dix-sept ans contre Valenciennes, ça, personne ne pouvait le prévoir.

On n’oublie pas Amara Diané, il nous a sauvés, l’artiste ! Quand il marque, c’est un vrai soulagement pour nous. Une descente, ça engage pas mal de choses pour les plus jeunes, il y a moins de contrats signés.

C’était l’époque du PSG avant-Qatar. Tu reconnais encore ce club que tu as quitté il y a douze ans ? Ils ont changé de galaxie. Il n’y a qu’à regarder le centre de formation par exemple. Je me souviens, à l’époque, on était restés six mois sans entraîneur des gardiens au centre de formation. Aujourd’hui, il y en a quatre. À l’époque, j’allais tous les jours au Parc. On regardait les copains qui commençaient à jouer en équipe première : Mamadou (Sakho), David (N’Gog)… Je suis devenu un vrai supporter du PSG grâce à ces cinq années passées là-bas. On a vécu des moments exceptionnels avec les gars, comme la finale de Coupe de la Ligue contre Lens. Et aussi des moments plus durs : on n’oublie pas Amara Diané, il nous a sauvés, l’artiste ! Quand il marque, c’est un vrai soulagement pour nous. Une descente, ça engage pas mal de choses pour les plus jeunes, il y a moins de contrats signés.

Tu es un habitué du Parc des Princes ? J’ai eu la chance de connaître l’ambiance de feu des années 2000. Les PSG-OM, PSG-Chelsea, il y avait un bruit de fou au Parc ! Je continue à y aller très souvent aujourd’hui grâce à mon travail, et je me suis fait un gros kiff en faisant quelques déplacements avec le Collectif Ultras Paris, à Liverpool notamment, c’était dément. J’aime beaucoup ce que fait le CUP, ils ont donné une vie au stade, et même en matière d’image ils sont sur la bonne voie. Ce n’est pas pour rien que les joueurs s’identifient à leurs supporters. Ce n’est pas un hasard si Thiago Silva continue à commenter les vidéos des supporters, ça l’a marqué. Les gars du CUP lui ont apporté une relation humaine qu’on ne trouve peut-être qu’à Paris.

Dans la vie de tous les jours, tu bosses dans un cabinet de courtage en assurance. Ça consiste en quoi ? J’accompagne, entre autres, les footballeurs de haut niveau. L’idée est de pouvoir les accompagner sur leur prévoyance : la perte de licence, les indemnités journalières en cas de blessure. En gros, que se passe-t-il quand on se blesse ? Quel est le risque pour un joueur si sa carrière s’arrête demain ?

Le fait que je sois footballeur facilite beaucoup les choses avec mes clients. Je leur dis que je connais l’envers du décor d’un club professionnel.

Tu travailles notamment avec Juan Bernat. Avec Juan, j’ai une relation extraordinaire. Au-delà du côté célèbre, ce qui m’intéresse, c’est la relation que j’ai avec mes clients, les valeurs qu’ils dégagent. Chez lui, c’est l’humilité, la simplicité, le sérieux. On a une relation simple et saine. Le fait que je sois footballeur facilite beaucoup les choses avec mes clients. Je leur dis que je connais l’envers du décor d’un club professionnel. Je sais comment les accompagner sur ce volet assurance, car on parle le même langage : celui du vestiaire, mais avec un côté professionnel.

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Propos recueillis par Maurice de Rambuteau

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