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- Journée internationale des droits des femmes
Où en est le foot français sur les questions de VSS dans les stades ?
En ce samedi 8 mars de Journée internationale des droits des femmes, la LFP s’est alliée à plusieurs associations afin d’avancer sur les questions de sexisme et de violences sexuelles encore trop présentes dans le football hexagonal. Anoush Morel, présidente de l’association HerGameToo France, fait le point.

Ce samedi 8 mars marque la Journée internationale des droits de la femme. Un jour symbolique et légitime pour la cause féminine, auquel le football se devait (et se doit) de participer en marquant le coup, tant par des événements ponctuels que par des projets pérennes, à même de faciliter la vie des femmes dans le monde très masculin qu’est le foot en général, et la place des supportrices dans les stades en particulier. Dans ce cadre, la Ligue de football professionnel (LFP) a ainsi lancé une large campagne de sensibilisation, afin d’entériner ses projets de lutte contre le sexisme et les violences sexuelles dans le ballon rond hexagonal. Ce samedi et ce dimanche, les 25e et 26e journées de Ligue 1 et Ligue 2 verront ainsi les joueurs arborer des maillots floqués avec le message « WO=MAN », au même titre que les ballons et panneaux publicitaires. De la symbolique donc, venue accompagner le travail de longue haleine de l’association HerGameToo France, à l’origine de cette collaboration avec la LFP et la ministre des Sports, Marie Barsacq. Entretien avec Anoush Morel, présidente de HerGameToo France, sur les évolutions visibles et à prévoir avec cette campagne.
Constatez-vous des progrès notables depuis les projets de sensibilisation dans les stades français annoncés en début d’année 2024 ?
On a mis en place des ateliers de sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles auprès des joueurs, du personnel de sécurité et des groupes de supporters. Quand nous allons les voir, ce n’est pas une leçon de morale que nous allons donner, c’est une conversation, de la sensibilisation, avoir leur retour, notamment des stadiers. Les stadiers, qui sont aux premières loges, ne sont pas juste des piliers dissuasifs dans une tribune, ce sont vraiment les garants et garantes de la sécurité du déroulement des matchs. Ces personnes ont forcément des femmes dans leur vie ou sont elles-mêmes des femmes, donc le but est de les sensibiliser à ces sujets. Jusqu’ici, nous avions le sentiment qu’ils n’étaient pas consultés, mais maintenant ils sont ravis de pouvoir échanger avec nous.
Vous avez des exemples en tête ?
Au stade de l’Abbé-Deschamps d’Auxerre, nous avons une femme stadière qui a demandé à devenir référente du club pour les VSS (violences sexistes et sexuelles) l’année dernière. Ce sont exactement ces initiatives que l’on souhaite développer. D’où l’importance d’engager la conversation.
#ToutesEtTousÉgaux #8Mars | 🚺 Journée internationale des droits des femmes.
Le sport féminin continue de repousser les limites et d’inspirer les générations futures.
Après des Jeux Olympiques et Paralympiques de #Paris2024, qui ont marqué un tournant pour la parité et la… pic.twitter.com/U2q0HAHrmL
— Ministère des Sports 🇫🇷 (@Sports_gouv) March 8, 2025
Et les joueurs dans tout cela ?
En discutant avec eux, on remarque facilement qu’ils ne sont presque jamais sollicités. Or, comme tout le monde, ils ont des femmes dans leur vie, que ce soit leur mère, leur fille ou leur sœur, et eux aussi ont un avis à donner. C’est hyper intéressant de discuter avec les joueurs, car on sent une réelle envie d’investissement dans les différents ateliers que l’on organise.
Les joueurs assistent toujours à ces ateliers de sensibilisation ?
Cela dépend évidemment de leur emploi du temps et de leur disponibilité, mais les équipes viennent souvent. Tout l’effectif est présent, puis on les sépare en groupes de quatre ou cinq, afin qu’ils puissent échanger avec tout le monde. Lorsque l’on va voir un club, nous organisons cela en petits groupes : joueurs, supporters et stadiers. De notre côté, nous avons nos ambassadrices « HerGameToo », en collaboration avec la « Fondation pour le sport inclusif » et l’association « Colosse aux pieds d’argile ».
HerGameToo France a lancé une grande campagne de sensibilisation aux côtés de la LFP dès ce vendredi 7 mars.
Oui, ça a commencé ce vendredi au Stadium de Toulouse. Pour la première fois, l’ensemble des équipes professionnelles, de Ligue 1 et de Ligue 2 (soit 36 équipes), évolueront avec le même flocage et le même message. La ministre des Sports, Marie Barsacq, a également tenu à être présente. C’est vraiment un aboutissement, de voir l’ensemble des clubs professionnels de championnats masculins prendre la mesure du problème.
C’est avec une immense fierté et beaucoup d’émotion que nous nous unissons à la LFP pour mettre à l’honneur les femmes qui font vivre ce sport, en cette Journée internationale des droits des femmes.
Merci à la LFP pour cette belle collaboration et que le week-end commence ! 💛 https://t.co/TivOilndjh
— Her Game Too France (@hergametoofr) March 7, 2025
Il y a donc une réelle avancée souhaitée par la LFP à ce niveau-là ?
Clairement. La conversation est vraiment engagée avec les clubs de Ligue 1 et Ligue 2, et même quelques clubs de National, en partenariat avec la FFF. Même chose pour l’équipe de France, toujours avec la FFF, afin de sensibiliser les supporters dans tout le pays. Tout cela était un peu timide au début, mais quand tu réussis à t’associer à la Ligue et à la Fédération, cela débloque tout de suite les choses.
[ ℂ𝕝𝕦𝕓 ]
✊ Dès demain, le FC Metz déploie 𝘂𝗻 𝗱𝗶𝘀𝗽𝗼𝘀𝗶𝘁𝗶𝗳 𝗿𝗲𝗻𝗳𝗼𝗿𝗰𝗲́ de lutte contre les Violences Sexistes et Sexuelles.
𝗢𝗯𝗷𝗲𝗰𝘁𝗶𝗳 ? Prendre en charge rapidement les victimes et favoriser une meilleure coordination avec les parties prenantes ! 🫂
— FC Metz ☨ (@FCMetz) February 7, 2025
Chaque club professionnel, notamment de Ligue 1, dispose-t-il d’une ambassadrice vis-à-vis des violences faites aux femmes ?
Pas encore, cela se met doucement en place. Actuellement, nous sommes 28 à HerGameToo et nous accueillons de nouvelles adhérentes tous les mois. Nous souhaiterions constituer une grosse structure d’ici la fin de l’année 2025 afin, pourquoi pas, d’avoir une ambassadrice par club. C’est en tout cas un objectif, car nous faisons un vrai maillage territorial. Il est aussi important d’ajouter que nous mettons en place des zones de sécurité pour les femmes au stade, comme à Metz par exemple (numéro de téléphone à contacter : 06 45 03 13 06). Nous avons tenu à ce que les stadiers soient formés pour réagir le plus rapidement et le plus efficacement possible dans le cadre d’un fait de violence. Cela, pour permettre à la victime d’être sortie de la tribune, emmenée à l’abri et que son témoignage puisse être pris en toute sécurité. Avant cela, les stadiers ne savaient pas forcément comment réagir.
Pour signaler une agression, le numéro de téléphone à contacter est le 116 006 ou utiliser l’application The Sorority.
Le paradoxe GreenwoodPar Adel Bentaha
Propos recueillis par AB.