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10 dates qui ont fait le Mondial des clubs

Par Thomas Goubin et Marcelo Assaf
10 dates qui ont fait le Mondial des clubs

De rudes réceptions en Amérique du Sud, des Européens souvent trop confiants, et de grands matchs, aussi. Retour en 10 dates sur l'histoire de la Coupe intercontinentale, devenue Mondial des clubs.

1962 – Pelé écrase Eusébio

C’était une époque où officier en Europe n’était pas encore inéluctable pour le meilleur joueur du monde. Véritable trésor national, Pelé donnera ainsi ses meilleures années à Santos, un club qui vivra, lui aussi, son meilleur moment quand O Rei y régnait. Dans le camp d’en face se trouvait son homologue européen : Eusébio, double vainqueur de la C1 avec le Benfica. Le duel entre ces deux monstres constituait évidemment la principale attraction de cette première Coupe intercontinentale 100% lusophone. La première rencontre au sommet se passe à Rio, au Maracanã, car Santos, malgré son ancrage paulista, est alors considéré comme un véritable ambassadeur du Brésil. Pelé inscrit un doublé, et Santos l’emporte (3-2). Sûr de sa force et de la supériorité de son collectif, le Benfica n’envisage toutefois pas d’autre issue que de corriger les Brésiliens à Lisbonne. L’inverse se produira. Pelé inscrit cette fois un triplé, et dans sa grande bonté, Santos, qui menait 5-0, laisse Benfica sauver l’honneur dans les dix dernières minutes (5-2).

1966 – Le Real Madrid impuissant

Ce fut la première affiche de la Coupe intercontinentale. En 1960, le Real Madrid avait facilement disposé de Peñarol. Six ans plus tard, les Merengues ne doutent pas qu’il en sera de même en croisant à nouveau la route des Carboneros, même s’ils ne peuvent plus compter sur Alberto Di Stéfano. La défaite à l’aller (2-0), au stade Centenario, est d’ailleurs considérée comme un accident, le retour à Chamartín (ex-Bernabéu) devant restaurer l’ordre naturel des choses. Mais triple vainqueur de la Libertadores et armé de l’explosif attaquant équatorien Alberto Spencer, Peñarol va soummettre le Real, chez lui (0-2). Un véritable affront pour les Merengues, incapables d’inscrire le moindre but face aux teigneux Uruguayens.

1969 – Le Milan AC tuméfié, les Estudiantes en prison

C’était un temps où les voyages en Amérique du Sud pouvaient relever du guet-apens. Les Milanais l’ignoraient, mais en écrasant Estudiantes (3-0), à San Siro, ils s’étaient préparé une réception des plus musclées à Buenos Aires. Car les Estudiantes tiennent à conserver leur titre, acquis en 1968 face à Manchester United, à Old Trafford, où ils avaient été accueillis sous les cris de « animals » . À la Bombonera, le gang dirigé depuis le banc par Osvaldo Zubeldia et sur la pelouse par Carlos Bilardo, son disciple, va donc tenter de renverser la vapeur par tous les moyens nécessaires. Percuté, l’attaquant rossonero Pierino Prati perd ainsi connaissance, dès les premières minutes. Suivra Gianni Rivera, frappé au visage par le gardien, Alberto Poletti. Puis ce sera au tour de Nestor Combin, qui terminera le match avec des airs de boxeur vaincu au visage tuméfié. Pour qualifier un match qui se terminera sur une bagarre générale, la Gazzetta dello Sport parlera de « chasse à l’homme » . Malgré les grands moyens employés, les Estudiantes ne parviendront pas à leurs fins, et trois de leurs joueurs termineront même leur soirée au trou, pour « perturbation de l’ordre public » , « incitation à la violence » , et « participation à une rixe » .

1970 – Les Estudiantes en récidive

Lauréats de la Libertadores pour la troisième fois de rang, les Estudiantes disputent une nouvelle finale de Coupe intercontinentale. Cette fois, face à Feyenoord. Après un aller bouclé sur un nul (2-2), le club de la Plata va encore alourdir son casier lors du match retour, aux Pays-Bas. L’arrière latéral Oscar Malbernat va ainsi se rendre coupable d’une agression sur Van Daele, grand blond auquel le port de lunettes donnait une allure de haut fonctionnaire égaré sur un terrain de football. « C’est la première fois que je voyais un joueur porter des lunettes, nous raconte le caïd, et après un incident de jeu, je lui les ai enlevées en lui disant qu’il n’avait pas le droit de les porter et un de mes coéquipiers les a écrasées. » Finalement, Van Daele marquera le seul but de la rencontre. « Dieu nous a punis » , rigole aujourd’hui Malbernat.

1982 – La Toyota de la discorde


Alors que les clubs européens se montrent de plus en plus rétifs à voyager en Amérique du Sud, ou que le calendrier rend le déplacement difficile à organiser, la FIFA décide à partir de 1980 de faire se rencontrer vainqueurs de la Coupe des clubs champions et de la Copa Libertadores à Tokyo. Lost in translation. En 1982, le surprenant vainqueur de la C1, Aston Villa, fait face au géant uruguayen Peñarol, déjà deux fois lauréat de l’épreuve (1961, 1966). En jeu : un titre de champion du monde des clubs, mais surtout, une Toyota, promise au meilleur joueur, et dont la fraîche tradition veut qu’elle soit revendue pour en partager le pécule entre coéquipiers. Une Toyota qui va semer la discorde, quand le Brésilien Jair Gonçalves assure qu’il ne partagerait pas le prix s’il venait à triompher individuellement. Gonçalves ouvrira le score, Peñarol l’emportera (2-0), et le Brésilien sera élu joueur du match. L’attaquant quittera évidemment le club uruguayen dans la foulée, pour repartir au Brésil. En Toyota ?

1985 – Le chef-d’œuvre de Platini


Entre la Juventus de Platini et les Argentinos de Borghi, s’est jouée une des plus belles éditions de la Coupe intercontinentale, mais ce que l’on retient de ce match, c’est avant tout la merveille de but refusée au numéro 10 français : amorti de la poitrine à l’entrée de la surface de réparation, contrôle orienté aérien du droit, et reprise enchaînée du gauche. Le ballon n’a pas touché le sol avant d’entrer dans les filets du gardien des Argentinos Junior. Tokyo peut se lever pour Michel. Mais l’euphorie va rapidement retomber. But refusé pour hors-jeu d’un coéquipier. La réaction de Platini reste aussi célèbre que son but : le Ballon d’or s’allonge comme s’il se détendait dans son canapé devant un bon film, désabusé, avant de s’asseoir, bras sur les genoux, fataliste. Aux tirs au but, la Juventus finira tout de même par remporter la première Intercontinentale de son histoire (2-2, 4-2).

1986 – River se fait László Bölöni

River Plate a trop attendu pour ne pas tout mettre en œuvre pour remporter la Coupe intercontinentale. Six mois plus tôt, les Millonarios ont enfin remporté la Copa Libertadores, un trophée qui manquait cruellement à la vitrine à trophées d’un des plus prestigieux clubs de la planète. Reste qu’il faut faire avec les moyens du bord. Pour étudier son adversaire, le Steaua Bucarest, l’entraîneur des Millonarios, Bambino Veira, ne dispose ainsi que d’une vidéo, celle de la finale de Coupe des champions face au Barça. De ses visionnages répétés de la VHS, le truculent coach de River déduit que l’ennemi numéro un se nomme László Bölöni, milieu de Steaua et futur entraîneur du Stade rennais. « Lors des séances d’entraînement précédant notre voyage au Japon, j’ai demandé à Juanjo Borrelli de jouer le rôle de Bölöni pour que les défenseurs apprennent à le marquer, conte-t-il à Canchallena, je ne te dis pas les coups qu’il se prenait (…), mais quand on s’est présenté sur le terrain, on s’est alors rendu compte que Bölöni était sur le banc, il était blessé. Mes joueurs étaient morts de rire. » Sur sa VHS, Veira avait aussi observé que les Roumains ne faisaient pas face au ballon quand ils concédaient un coup franc. Et c’est sur l’une de ces phases de jeu que River poignarda dans le dos les Roumains pour remporter son Intercontinentale. 



Vidéo

1988 – Le PSV battu à son propre jeu

À l’uruguayenne. Coaché par Guus Hiddink, le PSV Eindhoven se voyait déjà avec la Coupe entre les mains. Car n’avait-il pas fait de son hermétisme son principal atout, se contentant de remporter la C1 aux tab, au terme d’une purge face au Benfica ? Mais impossible n’est pas uruguayen. Alors, à la 120e minute, le Nacional arrache l’égalisation (2-2), face à Romário, Ronald Koeman, Éric Gerets, Soren Lerby et consorts. Il faudra en passer par les tirs au but. Pas de quoi effrayer toutefois un PSV à qui l’exercice rappelle son sacre en C1. Mais après une interminable séance aux vingt penaltys, c’est bien le Nacional qui triomphe.

1992-1993 – São Paulo impérial

C’était un temps où les équipes sud-américaines pouvaient profiter de leurs richesses locales sans craindre de les voir partir en Europe dès l’adolescence. Une ère pré-Bosman, dont le São Paulo FC est le dernier géant. Mené par un Rai divin, et entraîné par le mage Telê Santana, cet apôtre du beau jeu, le club tricolore va ainsi donner une leçon à une Dream Team de Cruyff trop sûre d’elle (2-0). En 1993, São Paulo va l’emporter à nouveau : face au Milan AC, battu par l’OM en finale de C1, mais repêché pour l’Intercontinentale, après quelques fouilles de jardins. Capitaine Rai est alors déjà parti au PSG, mais il reste encore Cafu et Leonardo.

2011 – Impitoyable Barça

En 2011, Neymar, Ganso et consorts se pointent au Japon ambitieux. Ils se rêvent en héritiers du Santos de Pelé. Mais les temps ont changé, et le verdict sera sans appel : O Peixe se situe à des années-lumière d’un Barça injouable, et Neymar, à 19 ans, est encore trop léger, même si le gotha européen danse déjà du ventre devant son père pour attirer celui qu’on présente comme le nouveau Pelé ou Messi … Il est loin le temps où les meilleurs d’Amérique du Sud pouvaient parfois donner la leçon aux arrogants du Vieux Continent.


Par Thomas Goubin et Marcelo Assaf

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