Un milieu défensif « box to box » avec ses grands compas, vite devenu « Paddy » dans les tribunes d'Highbury, à Arsenal. Pourtant, quand il débarque à Londres, personne ne mise trop sur lui. Il vient du Milan AC certes, mais comme l'arrêt Bosman n'était pas encore tombé, il passait le plus clair de son temps dans les tribunes de San Siro. C'est là qu'il a rencontré Wenger. Et il n'a fallu qu'un an à l'Alsacien pour en faire un joueur majeur des Canonniers. Vieira et Arsenal, c'est trois titres de Champions et quatre Cup. Bon joueur, il est devenu l'idole du club après le départ d'Emmanuel Petit. Il débute la saison 2000-2001 privé de son compère à queue de cheval. Deux matchs, deux expulsions. Polémique en Angleterre, il se plaint des arbitres. Tout Arsenal fait corps avec lui et Tony Adams lui ajuste quasiment dans la foulée le brassard au bras gauche.
Vieira explose alors, est annoncé à chaque intersaison au Real Madrid pour 500 millions de francs, et tous les gosses du nord de Londres (et en France) se tartinent du Vicks sur le maillot à hauteur de la cage thoracique pour faire comme l'originaire de Dakar. Selon Wenger, Vieira, c'était le joueur parfait pour mettre en place son 4-4-2 « en ligne » qui se met à régaler l'Europe et qui ne connait pas la défaite en 49 matchs sur son territoire (record). Car Vieira était une sentinelle intransigeante qui savait aussi se poster en soutien précieux de ses attaquants. Aujourd'hui, les spectateurs de l'Emirates voient leur équipe jouer avec un milieu à cinq où Alex Song, Denilson et Abou Diaby occupent l'axe. Autant dire que la nostalgie est de mise. Vieira a quitté le club en 2005, pour la Juventus. Arsenal n'a plus gagné un seul trophée depuis.
Vieira, c'est aussi un des acteurs majeurs dans l'histoire de l'équipe de France. LE joueur avec Zidane de la Coupe du Monde 2006. Dans les bagages de Petit en 98 (passeur décisif pour ce dernier sur le troisième but en finale), il s'impose à l'Euro 2000 juste à côté de Deschamps. Cramé en 2002, et 2004 alors qu'il était présenté comme un des meilleurs milieux du tournoi, il ne démarre pas la Coupe du Monde 2006 sous les meilleurs hospices. Domenech opte pour un 4-4-2 losange où il est milieu droit. Il est alors transparent, inquiétant. Suite à la blessure de Djibril Cissé lors du dernier match de préparation, il retrouve son poste de 6 à côté de Makélélé. Et se réveille, comme le reste de l'équipe, lors du dernier match de poule contre le Togo.
Comme Zidane, Vieira joue alors son meilleur football, il surclasse le milieu espagnol, atomise les attaquants brésiliens avec Makélélé avant de tenir en respect les Portugais. Monstrueux à la récupération, Vieira vient aussi dix fois par match filer un coup de main à Zidane et Henry devant. Malheureusement, il rate sa finale. D'abord, suite à une mésentente avec Thuram, il marque mal Materazzi sur un corner. Il sort ensuite à l'heure de jeu pour claquage, attisant les regrets de tous les tacticiens supporters des Bleus. Car face à une Italie aussi acculée, les remontées de balle du grand Pat' auraient sans doute fini par payer, peu importe les caprices de Zizou. Vieira le sait, il ne s'en est d'ailleurs jamais vraiment remis. Personne ne peut alors lui reprocher d'avoir choisi de clore sa carrière à petits feux.
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