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Utaka sort de l’oubli

Par Régis Delanoë
4 minutes
Utaka sort de l’oubli

D’accord Giroud, d’accord Belhanda, d’accord Girard, d’accord Loulou, mais le titre de Montpellier, qui l’a assuré dimanche à Auxerre, hein ? C’est John Utaka. Le si discret et pourtant si délicieux John Utaka. Tellement discret qu’on l’avait presque oublié. Tellement délicieux qu’il mérite l’hommage.

John a la voix douce et le verbe rare. Quand il parle, c’est pour évoquer dans son Français incertain sa joie d’avoir conquis ce championnat en groupe. Pour dire que la victoire est collective, toujours. Pour remercier Dieu aussi. Dieu omniprésent. En VO, tout avec Johnny est « god’s will » . La volonté de Dieu. Les victoires, les échecs, les buts, les ratés, les joies, les peines. Dieu décide. Autant dire qu’au pays de la saucisse, de la chique, des olivettes et de la branlette espagnole chères à son omnipotent président, les doux sourires et la classe d’Utaka passent au second plan. C’est dommage. Ils font, certes, moins couleur locale que les exagérations du père Loulou, mais ils représentent une facette incontournable et ô combien sympathique de la réussite montpelliéraine cette saison. Collectif, humilité, discrétion, travail, talent. La victoire surprise du MHSC, c’est aussi celle de John Utaka, ce petit génie révélé en L1 il y a près d’une décennie, perdu de vue en Angleterre, avant de retrouver la lumière en Hérault.

Pas de C1 avec Rennes

Resituons le gars John. Né début 1982 au Nigéria, il déboule à 20 ans au RC Lens, sans bruit. D’emblée pourtant, il s’impose titulaire en attaque. De un, le jeunot a déjà du vécu, étant passé par l’Égypte et le Qatar avant son arrivée en France. De deux, il est follement doué. Physiquement autant que techniquement. Puissant, vif, habile, il a tout. Résultat, il inscrit 24 buts en L1 avec les Sang et Or, dont 12 lors de sa troisième et dernière saison (2004-2005), bien aidé, il faut dire, par un brillant milieu de terrain en soutien (A. Diarra, S. Keita, J. Leroy, E. Carrière). Acheté ensuite 6 millions d’euros par Rennes, il confirme durant les deux saisons passées en Bretagne, avec deux nouveaux exercices à plus de 10 buts : 11 en 2005-2006 (dont deux triplés consécutifs), puis de nouveau 11 en 2006-2007. Utaka en profite même pour élargir encore un peu plus son champ de compétences, offrant ses premières passes décisives.

L’attaquant se fait plus altruiste, au contact d’experts tels que Monterrubio, Gourcuff, Källström ou Briand. Jusqu’ici tout va bien. Mais à l’issue de la saison 2007, alors qu’il a tout fait pour offrir la qualif pour la Ligue des champions à son club, celui-ci échoue cruellement dans les dernières secondes du dernier match à Lille, suite à l’égalisation de Fauvergue… Pas de C1, moins de thunes, ambitions à la baisse, Portsmouth profite du contexte, met un bon 10 millions d’euros sur la table et enrôle Johnny, au grand regret des supporters rennais. C’était l’époque du Portsmouth rutilant, qui dégainait le carnet de chèques à tout va, avec le rêve de concurrencer les grands de Premier League. Utaka va découvrir la concurrence, une sérieuse concurrence : Benjani, Defoe, Baros, Kanu, puis Crouch la deuxième saison. Solide, il s’impose pourtant comme titulaire et séduit, malgré des statistiques en baisse.

La tête décisive au Parc en février

C’est là que les choses commencent vraiment à merder. Portsmouth voit d’abord partir Redknapp, change plusieurs fois de propriétaires et connaît une saison 2009-2010 catastrophique : relégation sportive et pertes financières abyssales. Utaka le gentil assiste au naufrage, impuissant. Relégué sur le banc par le duo Piquionne/Dindane, il est l’un des rares de l’époque glorieuse récente à rester à Portsmouth en Championship en début de saison suivante. Mais le club, qui ne parvient plus à payer ses joueurs, est contraint finalement à l’hiver 2011 de brader son joyau à Montpellier. Non sans regret. « Tout le monde au club voudrait remercier John pour son service et lui souhaite le meilleur pour le futur » , réagit le directeur sportif David Lampitt.

Voici donc comment Utaka, brinquebalé de-ci de-là, retrouve il y a un peu plus d’un an la Ligue 1. Depuis 2007, l’homme n’a pas changé, toujours discret, toujours pieux, toujours à se faufiler sans bruit dans un collectif. Il met tout de même une demi-saison à se réadapter et à retrouver la confiance. L’été dernier, René Girard lui renouvelle la sienne et lui laisse le couloir gauche de l’attaque, laissé libre en l’absence sur blessure de Karim Aït-Fana. Le Nigérian, qui a perdu sa place en sélection, fait trembler les filets une première fois à Ajaccio en septembre, puis de nouveau à Caen le mois suivant. Le retour à la compétition d’Aït-Fana, loin de le déstabiliser, le sublime. Lors du choc au Parc face au PSG (2-2) en février, son coup de tête est décisif, tout comme celui face à Bordeaux à domicile une semaine plus tard (1-0). Bien dans sa tête, apaisé, Utaka retrouve le plaisir. Et en donne : ses deux buts opportunistes dimanche à Auxerre ont offert à son club le premier enjoliveur de son histoire. Loulou pouvait galocher Paga, Girard gueuler sa joie et Cabella se foutre à poil. John, lui, levait les bras vers le ciel. God’s will.

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