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Toulalan, le taulier de retour
Lyon va beaucoup mieux à quelques heures du choc face au Real Madrid. Et comme par hasard, Jérémy Toulalan aussi. Car à l'OL, plus que Gourcuff ou Lisandro, le vrai baromètre, c'est la Toule !
Le retour d’ascenseur est quasiment passé inaperçu. Et pourtant, il dit quelque chose des derniers mois de Jérémy Toulalan. Face aux gesticulations de gosse mal-élevé signées Jean-Michel Aulas à Geoffroy-Guichard, le milieu défensif de l’Olympique Lyonnais est monté au créneau pour défendre son président : « C’était courageux de le faire. Il a réussi à garder le cap alors que ça n’était pas évident. D’autres présidents auraient craqué face à la pression. Lui aussi s’en est pris pas mal dans la tête : on parle du coach, mais le président aussi a subi beaucoup de critiques » . Le tout avant de signer une prolongation dans le feutré. Pourquoi un retour d’ascenseur ? Tout simplement parce que l’OL, Aulas en tête, a affiché un soutien de tous les instants à sa Toule alors que celui-ci ne mettait plus un pied devant l’autre depuis un certain mois de juin 2010 et les sombres pérégrinations de l’équipe de France en Afrique du Sud.
La lettre de la honte, c’est lui
Alors que certains ont très vite rebondi, que d’autres, comme Anelka, semblent s’en foutre comme de l’an 40, Jérémy Toulalan s’est morfondu. Pire : il s’est tapé une véritable dépression. Honteux, tellement honteux d’avoir été l’un des acteurs majeurs de la farce de Knysna quand la sagesse habituelle a déserté les tempes grisonnantes du bonhomme pour mieux convoquer son propre conseiller afin de rédiger la fameuse lettre des grévistes. La lettre de la honte et du ridicule. Oui, on avait imaginé beaucoup de monde derrière cet acte inconsidéré. Mais pas lui. Pas Toulalan et sa tête de daron bien sous tous rapports. Et soudainement conscient de la gravité de sa démarche, le gaillard a plongé. Des mois durant, on s’est demandé : mais où est donc passé celui qui était le meilleur milieu récupérateur français depuis la retraite de Claude Makelele ? Un temps, on avait cru avoir la réponse : en défense centrale. Une fausse bonne idée née à la fois des bonnes prestations de l’ancien Nantais à ce poste la saison précédente et des faiblesses chroniques de Lyon dans ce secteur depuis que le grand Cris a laissé sa place à son lointain cousin paraplégique. Mais voilà, pour réussir cette mue, il aurait fallu que Toulalan soit au maximum de ses capacités et de sa lucidité, pas aidé qui plus est par un collectif rhodanien longtemps en jachère. Et puis Claude Puel avait sagement renoncé à cette mutation pour le faire revenir dans l’entrejeu. Une manière de retour aux fondamentaux pour renouer au plus vite avec ses sensations passées. Mais longtemps, Toulalan, autrefois si intraitable au milieu, a traîné sa misère, en retard dans chaque duel, suspect dans ses choix, et si maladroit techniquement. Invariablement. Inéluctablement. Certains émettaient même de plus en plus l’idée que jamais plus on ne le reverrait à son niveau d’antan, au point même de parfois susurrer une possible fin de carrière avant l’heure. Par jet de l’éponge. Ras-le-bol. Oui, à vingt-sept ans, Toulalan semblait sur le point de faire l’âge canonique de son physique de quarantenaire.
Le meilleur six français actuel
Mais on l’a dit, l’OL est un club à part. On aime ou on n’aime pas, mais il faut bien l’admettre : par gros temps, les anciens maîtres de la Ligue 1 n’ont aucun équivalent. Toulalan n’est pas convoqué avec les Bleus après sa suspension (un match) ? Jean-Michel Aulas clashe Laurent Blanc en personne selon l’argument que s’il voulait enfoncer l’international français, il ne pourrait pas mieux s’y prendre. Le meilleur Espoir de L1 en 2005 multiplie les matches ratés ? Claude Puel l’aligne invariablement dans son onze. Intimement persuadé qu’en lui renouvelant leur confiance sans jamais faiblir, ils ramèneront leur sentinelle dans des eaux moins troubles. Une méthode payante semble-t-il même s’il se raconte que l’ex-Canari aurait aussi eu recours à une guérisseuse basée à Nantes. Il n’empêche, depuis quelques semaines, Toulalan est redevenu la Toule, intraitable à la récupération, juste tactiquement et inspiré offensivement, en témoignent ses nombreuses occases manquées d’un rien ou encore sa passe dec’ pour Gourcuff face à Nancy (4-0). Et d’ailleurs, il ne faut pas se tromper : si Lyon commence à carburer au super, ce n’est pas parce que l’ami Yoann laisserait entrevoir quelques fugaces réminiscences de sa forme passée. Car, n’en déplaise à tous ceux qui ne voient de corrélation qu’avec la courbe de l’ancien Girondin, le baromètre à l’OL, c’est Jérémy Toulalan. Le vrai taulier, le stabilisateur, l’assurance tout-risque, l’indicateur de la bonne santé lyonnaise quand Gourcuff ou Lisandro apparaissent davantage comme des détonateurs. Et au regard d’un Alou Diarra empoté, d’un Lassana en disgrâce, ou d’un M’Vila parfois encore un poil tendre, le meilleur six français actuel, c’est bel et bien la Toule. Et à l’heure de retrouver le Real Madrid, comme un rappel de temps toujours joyeux, ce retour vers le passé reste une condition sine qua non pour se dessiner un futur.
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