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Top 10 : Une histoire de pièce

Par Théo Denmat
7 minutes
Top 10 : Une histoire de pièce

David McNamara, arbitre d’une rencontre entre les féminines de Manchester City et celles de Reading, a été suspendu de ses fonctions trois semaines par la Fédération anglaise de football. Pourquoi ? Il avait oublié sa pièce aux vestiaires, et remplacé le toss par un pierre-feuille-ciseau. Retour sur dix histoires de pile ou face.

1. Olympique lyonnais-Angoulême, 1967

Si, dans le conte éponyme, le Petit Poucet manque sacrément de veine, que dire de son adaptation en Coupe de France, le 23 avril 1967 ? Le premier match n’a contenté personne (3-3), mais il faut pourtant bien trouver un finaliste à cette édition. Angoulême, alors en D2, est donné perdant face à Lyon, en D1. À la deuxième partie, 1-1, fichtre. On remet donc ça, troisième match au Vélodrome, encore un nul. N’y tenant plus, les capitaines respectifs décident de jouer le sort des leurs à pile ou face dans les sous-sols de l’enceinte. M. Vigilani propulse alors haut, haut, cette pièce de cinq francs qui tournoie, tournoie… et retombe côté pile aux pieds de Fleury Di Nallo, chanceux comme pas deux. Et encore, il ne savait pas qu’il allait soulever le trophée quelques mois plus tard.


2. Italie-URSS 1968

« Avec le capitaine soviétique, nous sommes entrés aux vestiaires, accompagnés de deux dirigeants de chaque équipe. L’arbitre a sorti une vieille pièce de monnaie et j’ai choisi « croix » (côté face d’une pièce d’une lire, le côté pile représentant la trogne d’un personnage historique, N.D.L.R.). La « croix » est tombée et l’Italie s’est qualifiée pour la finale. J’ai couru dans les escaliers du stade vers les 70 000 spectateurs qui attendaient avec impatience de connaître le résultat. Ma joie fut le signal qu’on pouvait commencer à fêter la victoire de l’Italie. » Le mercredi 5 juin 1968 restera comme celui où la chance a, encore une fois, tourné en faveur de Giacinto Facchetti.

Le capitaine de la Nazionale, alors opposée à l’URSS en demi-finale de l’Euro, était en effet ressorti vainqueur d’un pile ou face mortel après 120 minutes stériles (0-0), et alors que les tirs au but n’étaient pas nés. Par chance, le bonhomme avait, paraît-il, été conçu sur un trèfle à quatre feuilles, comme le confiait Sandro Mazzola, buteur italien, à la chaîne Rai3 en 2012 : « Facchetti était un grand chanceux. Quand on jouait aux cartes ou à n’importe quel jeu de hasard, il gagnait toujours. On avait une certaine conviction de nous qualifier grâce à sa chance. Mais on ne sait pas comment le tirage s’est vraiment déroulé. » Toujours est-il que l’unique Euro remporté par l’Italie s’est donc joué sur un coup de chance.


3. Olympique de Marseille-Göztepe, 1969

À une époque où l’on pouvait encore parler de Coupe des villes de foire, l’OM a aussi connu son drame à la pièce. Opposés aux Turcs de Göztepe lors de la saison 1968-1969, les Olympiens remontent au retour le 2-0 du match aller grâce à deux pions de Joseph (75e) et Guéniche (84e). Aucun but en prolongation, place donc au pile ou face. Jean Djorkaeff, capitaine phocéen, s’avance au milieu de terrain en compagnie de son homologue grec, annonce « pile ! » … et la pièce retombe du côté face. « C’était le règlement, à l’époque, on s’y pliait, dit un jour Jacky Novi, défenseur central de l’époque. Aujourd’hui, on crierait au fou ! Nous, nous sommes restés à une trentaine de mètres, on suivait de loin. On s’est cru qualifiés quand on a vu quelqu’un sauter, on croyait que c’était l’un des nôtres. Mais non… »


4. Differdange-Levadia Tallin 2011

Saison 2010-2011, quelque part en Estonie. À l’occasion d’un obscur deuxième tour retour de Ligue Europa entre Differdange et le Levadia Tallin, club de la capitale, Philippe Lebresne, milieu défensif du club luxembourgeois, est alpagué au milieu de ses pensées. Les pieds dans la pelouse jaunie du Lilleküla Staadion, il tourne ses cheveux blancs vers l’un de ses dirigeants, les mains en porte-voix : « Philou, t’as de la monnaie ? Viens planter une pièce derrière la ligne, ça va nous porter chance. » Il est vrai qu’après le 0-0 du match aller, un petit coup de pouce du destin ne ferait pas de mal pour faire pencher la balance… Le Français sort un sou de sa manche, le pose à l’endroit désigné, et sera plus tard l’unique buteur de la soirée (32e), envoyant Differdange au troisième tour de la compétition, une première historique pour un club luxembourgeois. Gold.


5. Colombie-Paraguay, 2016

Et puis, il y a les ratés. Le mardi 7 juin 2016 en Copa América, Herber Lopes, arbitre de la rencontre de groupe opposant la Colombie au Paraguay, voit sa pièce retomber sur la tranche au milieu de la pelouse du stade de Pasadena. Stupeur. Qu’est-ce qu’on fait ? Le match se conclura par une victoire 2-1 des Colombiens, après un deuxième essai étant bien plus concluant. Pas de hasard.


6. Pascal Dupraz-Uroš Spajić, 2016

Parfois, certaines décisions nécessitent de s’en référer au destin. Pascal Dupraz et le pull de son père disparu en savent quelque chose, raison, peut-être, pour laquelle le Savoyard avait joué la fin de saison 2015-2016 d’Uroš Spajić à Toulouse sur un jet de pièce. Épisode raconté par ce dernier, aujourd’hui au FK Krasnodar, au quotidien belge La Dernière Heure : « On était déjà en D2, et Pascal Dupraz nous a sauvés. C’était un miracle. Et j’ose dire que c’est un très bon coach. Mais il m’a écarté de l’équipe… après un pile ou face. Il me l’a avoué après, pendant la préparation. Il a pris un euro, l’a jeté, et il est tombé du mauvais côté pour moi. Il fallait écarter quelqu’un et c’était moi. Après, il m’a dit :« Je ne te connaissais pas. Maintenant, je vois que tu es un bon joueur et un bon gars. » » Sept matchs en tribune sur les neuf derniers, donc, pour le bon gars.


7. Heart of Midlothian-Hibernian FC, 2018

Huit cartons jaunes, un carton rouge, mais aucun but. Il est peu dire que le spectacle offert par le dernier derby d’Edimbourg, opposant Heart of Midlothian et le Hibernian FC le 31 octobre dernier, pour la 11e journée du championnat d’Écosse, se situait bien autre part que sur la pelouse. Temps additionnel de la seconde période, les locaux pensent ouvrir le score, mais leur but est refusé pour hors-jeu. Le coach du Hibernian adverse, Neil Lennon, en profite pour caler un gros chambrage lourd de conséquence : un supporter courroucé lui balance une pièce de monnaie directement dans la poire. «  Ça m’a fait mal, c’était assez douloureux, glisse-t-il après le match au micro de BBC Scotland. Je ne sais pas d’où elle a été lancée, mais c’était un beau tir. Il pourrait participer au World Match-Play (un concours de fléchettes, N.D.L.R.) l’année prochaine. Pour être honnête, ça m’a rendu furieux. » L’argent ne fait pas le bonheur, on vous dit.


8. France-Belgique, 2018

La demi-finale de Coupe du monde opposait peut-être la France à la Belgique, mais qui savait que leurs banques nationales étaient également impliquées ? Outre-Quiévrain, la monnaie royale néerlandaise (qui frappe la devise belge), avait profité de l’occasion pour annoncer la création d’une pièce spéciale de 2,5€ en hommage aux Diables rouges. Achetable pour dix euros, soit deux fois plus que la médaille fabriquée par la Monnaie de Paris en hommage aux deux sacres français. Soixante mille exemplaires imprimés au lendemain de la finale et vendus comme des petits pains dans la foulée… Pile à l’heure, qu’ils disent.


9. Arsenal-Paris Saint-Germain, 2018

Ras le bol de la monnaie fiduciaire, vive le scriptural. L’arbitre d’Arsenal-PSG de juillet dernier, en International Champions Cup, faisant partie de l’école qui paie ses Suisses à la boulangerie grâce à sa carte sans contact, l’a bien compris. Sauf que surprise, c’est un inconnu du grand public qui s’avance au moment du toss pour lancer sa carte bancaire et décider du coup d’envoi entre Mesut Özil et Adrien Rabiot. Sans omettre, bien sûr, de masquer son cryptogramme secret.


10. L’histoire de US Monnaie

Huit équipes, 452 likes sur Facebook, une note globale de 5/5 selon l’avis de six personnes et une promesse de réponse « en quelques heures » : pas de doute, l’US Monnaie est une pièce d’exception. Inscrite dans le district d’Indre-et-Loire, le fait le plus marquant de son histoire reste, d’après son site internet qui l’affiche encore quatre ans plus tard, cette double montée au terme de l’exercice 2014 : Monnaie 1 en D2, Monnaie 2 en D3. Euroïques.

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