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- Manchester United-Celta Vigo (1-1)
Romero, la part de l’ombre
Contre Vigo, Sergio Romero a rassuré à défaut d'enchaîner une onzième clean sheet cette saison. Suffisant pour envoyer son équipe jouer une finale qu'il n'est pas sûr de débuter.
94e minute à Old Trafford. Alors que Manchester est tout proche de la sortie de route face au Celta Vigo, Sergio Romero s’empare d’un long ballon de Bongonda et le garde longtemps contre son corps. Le temps de soulager son équipe, le temps de remonter un bloc, le temps de faire défiler les quelques secondes qui le sépare d’une finale de Coupe d’Europe. Un but refusé à Herrera et une grosse, très grosse frayeur devant Beauvue et Guidetti plus tard, Sergio peut exulter : Manchester est en finale et c’est en grande partie grâce à lui. Sauf qu’il pourrait bien terminer sa campagne européenne à la place du con, celle de l’exilé. Pas de Sainte-Hélène pour El Chiquito, le tout petit. Non, seulement un banc à Stockholm. Mais au bout, un mort-vivant, assurément.
Le mur du Mou
Il y a une semaine en Galice, lors de la conférence d’après-match, José Mourinho ne tenait pas particulièrement à mettre sur un piédestal celui qui venait de brandir sa dixième clean-sheet en quinze rencontres cette saison. Ou alors, seulement en faisant croire à l’Argentin qu’il pourrait se battre pour la place de son collègue espagnol : « Je n’aime pas dire qu’une compétition est pour un gardien et une autre pour le second. Sergio a joué un match de Premier League (à Sunderland en avril, ndlr) et David en a joué deux en Ligue Europa contre Fenerbahçe et Feyenoord. Sergio a aussi joué un match en League Cup, David a débuté les autres et la finale. Je n’aime pas la séparation. » Quelque part, José dit vrai. Mais ce qu’il oublie de préciser, c’est que la distinction ne se fait pas tant sur la compétition jouée que sur l’importance du match à venir. Car oui, Mourinho est un pragmatique au cœur de pierre. Mais ça, ce n’est pas nouveau.
Le petit zombie
Pendant ce temps, Romero patiente dans l’ombre. Toujours titulaire avec l’Argentine – du moins jusqu’à l’arrivée attendue de Sampaoli –, le finaliste du Mondial 2014 n’a pas bronché quand les administratifs de Manchester n’ont pas réussi à faire fonctionner leur fax dans les temps en 2015, un mois après sa signature en provenance de la Sampdoria, lui laissant un De Gea dans les gants. Il n’a rien dit non plus après avoir bouclé sa première saison anglaise à dix petits matchs, et il n’a pas ouvert sa bouche à l’été 2016, quand il était acquis que De Gea rempilerait pour une saison. Pourtant, quand il est de sortie, Romero n’a rien d’un zombie. S’il ne sera plus, à trente ans, un gardien de très haut niveau, ses performances restent largement satisfaisantes à l’heure de faire le bilan. Dix clean sheets donc, ainsi que le meilleur ratio d’arrêt parmi tous les gardiens ayant disputé au moins dix matchs en Ligue Europa cette saison. Et si Manchester United est aujourd’hui en finale, c’est largement grâce au mètre 92 de son chiquito. Sauf que ce soir-là, face à de jeunes Ajacides affamés, il ne sera plus question de Ligue Europa, mais bien d’une qualification en Ligue des champions. Et la C1, c’est pour les grands.
Par Eric Carpentier