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Robin van Persie, l’orphelin
À 31 ans, le Batave est une énigme pour les suiveurs de Manchester United. Qu'est devenu l'avant-centre cannibale qui enfilait les buts lors de la saison 2012-2013 ? Depuis un an et demi, le gaucher cherche son football. En réalité, RVP ne s'est jamais remis du départ de Sir Alex Ferguson.
« En termes d’impact, il en a eu autant que n’importe qui au club. Éric Cantona compris. J’ai de la chance d’avoir pu compter des joueurs comme eux deux dans mes rangs. » Quand Sir Alex Ferguson parlait de Robin van Persie en mai 2013, le miel se mêlait à l’amour dans la bouche du vieil Écossais. Il faut dire que l’ancien Gunner sortait d’une saison de porc pour sa première chez les Red Devils : 26 buts en 38 matchs et un titre de champion, le dernier du club, au bout. Une saison que va marquer le départ de Fergie de son club de cœur. Un départ qui coïncide avec la fin de l’état de grâce de RVP à la tête de l’attaque de MUFC. En football, le hasard n’existe jamais. Depuis que Ferguson a préféré se ranger des bagnoles, Van Persie marque moins, se blesse plus et semble moins fort. Il y a peu, Rio Ferdinand a confirmé tout haut ce que tout le monde pensait tout bas à propos du Batave. Moralement, le départ du coach mythique lui a flingué le moral. « Sir Alex nous poussait toujours vers l’avant, il nous poussait à donner ce petit plus à chaque fois. Nous lui sommes reconnaissants pour nos carrières. La personne qui a le plus souffert de son départ était Robin. Il était arrivé l’année d’avant, il a goûté le succès et a voulu davantage de ce succès. Visuellement, il était clair que c’est lui qui a été le plus touché par la nouvelle du départ du coach » , a déclaré l’ancien défenseur à MUTV. Sous Moyes, le gaucher n’a pas eu à rougir d’un point de vue comptable avec 12 caramels en Premier League pour 18 titularisations (21 matchs TTC), mais dans l’expression générale, le joueur semble moins dominateur que lors de son arrivée où tout ce qu’il touchait avec sa godasse terminait au fond des filets. En ce moment, le Batave ne touche même plus grand-chose du pied (2 buts en 7 matchs de championnat) et doit composer avec un certain Falcao dans les pattes. Autant dire que le moral est au plus bas. Pourtant, la nomination de Louis van Gaal au poste laissé vacant par le cadavre encore chaud de David Moyes était de nature à redonner le moral au joueur. En théorie en tout cas.
RvP marche à l’affect
Le Pélican sur le banc de MUFC, c’était sans doute la meilleure nouvelle qui pouvait arriver à l’ancien d’Arsenal. Après tout, le sélectionneur batave avait fait du joueur son capitaine en sélection depuis un an et demi au moment de sa nomination, en juin dernier. Mais la Coupe du monde est passée par là. Pour mettre son numéro 9 dans les meilleures conditions, le coach avait sorti un 3-4-3 taillé pour Van Persie. Malgré un premier match tonitruant contre l’Espagne (un doublé dont cette tête plongeante divine), le joueur va une nouvelle fois rater sa phase finale alors que son pays va survoler la compétition. Comme en 2010. Quand les matchs comptent, il ne faut plus compter sur lui. Pis, lors du dernier rassemblement des Oranje, le joueur a été sermonné publiquement par le successeur de Van Gaal, Guus Hiddink. La raison ? Une engueulade en 16/9 entre le Mancunien et son compère offensif Huntelaar en plein match. Les deux hommes ont du mal à cohabiter sur le pré et ça ne plaît guère à Hiddink. « Ce genre de chose doit cesser immédiatement, ce sont de grandes personnes » a lancé l’ancien moustachu à la fin du match. Il y a des signes qui ne trompent pas. Actuellement, Van Persie est en plein doute. Le deuil de Ferguson n’est pas encore tout à fait surmonté et, physiquement, le joueur n’y est pas. Il n’a plus son coup de rein. Ni même sa précision et sa spontanéité. Avec les arrivées offensives bling-bling de l’été (Di María, Falcao), le joueur apparaît déjà comme une relique d’un autre temps. Les fanatiques du joueur répondront qu’il n’y a rien de mieux qu’un champion blessé dans son orgueil. Ancien de la maison et meilleur avec ses mots qu’avec ses pieds, Gary Neville est de cet avis et n’a pas tari d’éloges sur Robin van Persie, malgré son début de saison compliqué. « Van Persie est comme un cambrioleur dans ta maison, mais tu ne sais même pas dans quel pièce il est. » Pour être honnête, en ce moment, on le situe plutôt à la cave.
Par Mathieu Faure