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Pourquoi Gasquet-Gaston est l’affiche de ce premier tour
Par Antoine Donnarieix
4 minutes
Pour boucler le premier tour de ce Roland-Garros 2021, Richard Gasquet et Hugo Gaston vont offrir un duel où l’esthétisme aura une place centrale sur le court. Mais ce n’est pas tout : ce match sera également le plus passionnant à suivre pour les amateurs de suspense. Voilà pourquoi.
Parce que Richard Gasquet
Certes, notre Richard national n’est sans doute pas dans sa meilleure période tennistique actuellement. Trahi par des pépins physiques de plus en plus récurrents, le Biterrois souffre pour revenir à niveau et a passé la majeure partie des dernières semaines à reprendre le rythme de la compétition avant Roland-Garros. À Estoril, le quart-de-finaliste aux Internationaux de France en 2016 avait bien démarré en sortant avec autorité Juan Ignacio Londero (6-3, 7-5) avant de déclarer forfait contre Cristian Garín au tour suivant pour un problème à l’adducteur gauche. Résultat : Ritchie a fait l’impasse sur le tournoi de Madrid et a repris le chemin des courts à Rome, où Reilly Opelka l’a corrigé d’entrée (6-1, 7-5). À Lyon, Gasquet a battu Grégoire Barrère (5-7, 6-4, 6-3), puis Diego Schwartzman (6-3, 7-5) avant de chuter en quarts contre Karen Kachanov (6-1, 7-6). Bis repetita à l’ATP de Parme où sa route s’est arrêtée contre Jaume Munar (1-6, 1-6) après deux tours remportés. Malgré ces résultats en dents de scie, il y aura toujours une forme de plaisir à voir jouer Richard Gasquet, probablement l’un des joueurs les plus élégants du circuit. Et n’en déplaise aux amoureux de Dominic Thiem ou Stefanos Tsitsipas, le seul qui peut rivaliser en beauté avec Roger Federer et Stan Wawrinka sur le revers à une main est bien Ritchie. Observer Gasquet pendant un match de tennis devrait d’ailleurs être un pèlerinage à faire au moins une fois dans sa vie.
Parce que c’est un choc générationnel
C’est dur à écrire, mais Richard Gasquet fêtera le 18 juin prochain ses 35 ans. Il faut donc bien s’y faire : l’ancien numéro 1 mondial chez les juniors en 2002 ne devrait pas trop tarder à effectuer son dernier tour de piste. Le Biterrois a même confié que cela pourrait être son dernier Roland-Garros. Et quoi de mieux pour conclure que cette bataille dès le premier tour contre Hugo Gaston, la valeur montante du tennis français. Huitième-de-finaliste à Roland-Garros l’an passé, le membre du Stade toulousain tennis club s’était révélé aux yeux du grand public grâce à ses victoires contre Yoshihito Nishioka (6-4, 7-6, 3-6, 6-2) et Stan Wawrinka (2-6, 6-3, 6-3, 4-6, 6-0), sauvant par la même occasion la face du tennis français dans le tableau hommes où personne à l’exception de Gaston n’avait pu aller plus loin que le deuxième tour. En conférence de presse avant son entrée en lice, Gaston a prévenu : « Il ne faut pas s’attendre forcément à ce que j’arrive en huitièmes à chaque fois. » Mais peut-on s’attendre à ce qu’il prenne le meilleur sur son aîné ? Difficile à dire également. Même si Gaston peut se sentir pousser des ailes en retrouvant ses marques à la porte d’Auteuil, l’écart au classement ATP (141e place mondiale contre 53e pour Gasquet) laisse le grand frère logique favori de cette rencontre. Mais si Gaston a le poignet gauche bien réglé pour doser de magnifiques amorties, cela pourrait rapidement devenir une autre histoire. D’autant plus que Richard Gasquet n’a plus ses jambes de 20 piges pour venir courir au filet.
Parce que c’est un duel 100% français
Une fois de plus, il ne faudra pas s’attendre à ce que beaucoup de tennismen tricolores atteignent la deuxième semaine de Roland-Garros en simple cette année. Et vu que depuis les qualifications, c’est l’hécatombe dans le camp bleu, l’avantage d’avoir un duel 100% français permet de placer un représentant tricolore au second tour, où ils ne devraient pas être nombreux. Malheureusement, le tirage au sort n’a offert dans le tableau masculin que ce Gaston-Gasquet comme affrontement 100% français. Alors que ceux-ci sont souvent riches en spectacle. À l’image du face-à-face au second tour en 2019 entre Benoît Paire et Pierre-Hugues Herbert qui avait accouché d’un scénario épique et d’une victoire de l’Avignonnais (6-2, 6-2, 5-7, 6-7, 11-9). Avant l’Euro à venir, voilà donc le moment idéal pour ressortir ses drapeaux du grenier et porter ses lunettes aux verres bleu-blanc-rouge avec l’assurance que le vainqueur soit un Français. Une joie de courte durée, puisque le vainqueur de ce match défiera soit Alexei Popyrin soit… Rafael Nadal, treize fois vainqueur des Internationaux de France et champion en titre. Autant dire que ça fera une chance française de moins pour le 3e tour.
Parce que Verdasco-Kohlschreiber est surcoté
Dès le tirage au sort du premier tour, cette rencontre entre deux vieux routiers du circuit a attiré l’attention. Mais soyons sérieux deux secondes : sommes-nous réellement prêts à assister à une opposition entre deux hommes de 37 ans dont la meilleure performance à Roland-Garros reste une présence en huitièmes de finale ? Absolument pas. Nous ne sommes plus en 2009, mais bien en 2021. Il est grand temps de tourner la page de ce tennis d’une autre époque et ruminer le passé n’a jamais fait avancer la science. À la rigueur, autorisons-nous le petit écart nostalgique avec la légende Roger Federer. Mais cette madeleine de Proust n’est pas pour autant une raison d’entreprendre la visite complète d’un musée archéologique. Ce mardi, optez pour Gasquet-Gaston !
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Par Antoine Donnarieix