Casser la voix
Il n’existe que très peu d'avantages à un match à huis clos. L'un étant de pouvoir entendre ce qu’il se dit sur le terrain. Or, si habituellement les voix de Marquinhos, Kimpembe ou encore Paredes résonnent jusqu’en tribune, il n’en a rien été ce mercredi soir. Les quelques « allez les gars » balancés par le capitaine parisien ne couvraient même pas les hurlements des journalistes espagnols. Et si le froid était violent au Parc des Princes, il n’explique pas le mutisme des Parisiens sur le rectangle vert. Pour comprendre cette aphonie, il faut plutôt voir du côté de la trouille. Celle qui empêche un gamin de 8 ans de réciter à sa maîtresse une poésie pourtant apprise par cœur la veille. Pourtant, les Parisiens avaient pu montrer la saison dernière, lors de la manche retour face au Borussia Dortmund - et dans une moindre mesure face à l'Atalanta en quarts de finale - qu'ils pouvaient, eux aussi, faire preuve de caractère. Sauf que, visiblement, celui-ci ne se présente que lorsque le club est dos au mur.
Et si Messi avait mis son penalty ?
Il serait pourtant injuste de dire que la prestation des Parisiens a été nullissime face à Barcelone. La seconde période a d’ailleurs été largement plus maîtrisée, et la voix de Marquinhos s’est légèrement fait plus entendre. Pour autant, il est relativement logique d’imaginer que tout aurait été différent si Keylor Navas n’avait pas détourné ce penalty de Lionel Messi juste avant la pause. Le PSG serait probablement revenu des vestiaires avec le même visage tremblotant que lors du coup d’envoi. Et avec la même attitude sur le terrain. À savoir reculer et espérer que Mbappé n'inscrive le but du K-O en contre. Et le club de la capitale aurait peut-être vécu un nouveau traumatisme.
Alors oui, c’est humain d’essuyer les vagues d’un adversaire qui doit marquer 4 buts pour pouvoir l’emporter et qui joue donc un football offensif. Ce qui l’est moins, en revanche, c’est de ne jamais aller mettre la pression aux Catalans, qui ont ainsi eu tout le luxe de trouver des failles dans la défense parisienne. Pourtant, c’est comme cela que les potes de Marco Verratti avaient écrasé les Blaugrana à l’aller. Et c’est comme cela qu’ils auraient pu se mettre à l’abri lors du retour, vu les espaces laissés par la défense barcelonaise. Sauf que l’on ne change pas l’ADN d’un club aussi facilement. À moins de ne recruter que des Keylor Navas.

Par Steven Oliveira, au Parc des Princes
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