« Oh regarde, c’est Neymar ! »
Sur les coups de 15h aux abords du Parc des Princes, c’est une chaleur estivale, qui a décidé de jouer la prolongation, qui accueille les premiers supporters. Le soleil, lui non plus, ne voulait visiblement pas rater le retour de Neymar au Parc des Princes. Une enceinte que le Ney' n'a plus squatté depuis le mois de mai, et dont le come-back aux faux airs de règlement de compte est attendu de pied ferme. Après un été interminable rythmé par son feuilleton, qui était sur toutes les lèvres entre deux mots placés sur l’arrivée d’Icardi ou la première titularisation de Keylor Navas, il ne pouvait pas en être autrement. Pas étonnant alors de voir le PSG changer ses habitudes en n’organisant pas l’arrivée de ses joueurs sur son traditionnel tapis rouge au milieu de la foule. C’est donc de loin, à une dizaine de mètres, que les fans des Rouge et Bleu aperçoivent en silence Neymar, dernier à s’extirper de l’engin, suivre ses coéquipiers vers les vestiaires. Pas une insulte, presque pas un mot envers lui, si ce n’est quelques enfants qui s’exclament : « Oh regarde, c’est Neymar ! » comme s'ils s'étonnaient de voir le Brésilien encore là. Pourtant, un peu plus tôt dans l’après-midi, le gamin de Mogi das Cruzes avait préparé le terrain en s’affichant sur les réseaux sociaux avec le troisième maillot parisien, dévoilé pour l’occasion, accompagné d’un montage photo et d’une phrase : « Cours, cours comme si c’était le dernier jour du reste de ta vie » . Loin d’être anodin.
Accueil glacial
Car lorsqu'il pénètre enfin sur la pelouse du Parc des Princes à moins d’une heure du kick-off avec ses partenaires, Neymar sait que l’après-midi sera longue. Si, en apparence, rien n’est encore hostile, le numéro 10 parisien n’est sans doute pas passé à côté du communiqué du Collectif Ultras Paris, publié dans la nuit, qui appelle ni plus ni moins « à l’indifférence » le concernant. Dès la présentation des équipes, son nom est hué au contraire des autres joueurs parisiens. Un avant-goût qui confirme d’une part que la tribune Auteuil compte bien ne pas rester totalement indifférente avec lui.
Le coup d’envoi n’est pas encore donné que des « Hijo de puta » descendent des travées, et qui seront le point de départ d’une succession de chants et de banderoles assez explicatives. « Neymar Junior est une salope » , « Neymar Senior, vends ton fils à la Vila Mimosa » , « 20 millions pour rejoindre Messi, pas de putain à Paris » , entre autres. Sur le terrain, Ney’ fait mine de ne rien entendre et joue la plupart du temps en une touche de balle. Un jeu inhabituel pour lui, qui lui permet au moins d’éviter les sifflets lâchés à chacun de ses contacts avec le cuir. Ses quelques roulettes ou prises de risque, comme cette tentative de lob qui flirte avec le montant de Sels (43e) sont saluées par une partie du Parc. Preuve que certains sont déjà prêts à lui accorder leur pardon.

Ney sous une bonne étoile
Le match dans le match avec les ultras parisiens reprend d’entrée en seconde période. Neymar monte en puissance, enchaîne les rushs et c’est à la suite de l’un de ceux-là qu’il récolte en retour une nouvelle banderole : « Ton nom sur la tour Eiffel, les millions d’euros sur tes comptes, tes virées open-bar : bienvenue en enfer, Calimero ! » Neymar hausse le ton, trouve le poteau sur corner direct d’abord (84e) avant de planter le clou ensuite sur ce centre de Diallo. Le coup de sifflet final retentit, l’accolade avec Tuchel est franche, et c'est le sourire aux lèvres que l’homme sur qui tous les regards étaient braqués file en zone mixte peaufiner son opération reconquête : « Je n’ai aucun message pour les supporters, je les comprends. S’ils veulent me huer, libre à eux. (...) Je sais que maintenant, je vais jouer tous les matchs à l’extérieur. C’est dommage. Je n’ai aucun souci avec les supporters. Tout le monde sait que je voulais partir, je l’ai bien dit et répété. Maintenant, je suis un joueur du PSG. La page est tournée. » À quelques encablures de là, c'est son coach Thomas Tuchel qui se charge de tirer le rideau : « Ce n’était pas facile aujourd’hui, Ney’ est un gars très sensible. Il a bien fait aujourd’hui. Dans la vie, c’est comme ça, il ne faut pas oublier que ce n’était pas facile non plus pour les fans cet été. On doit accepter cette réaction du public, on ne doit pas juger cette réaction, c’est comme ça. Il peut mieux jouer, faire plus de dribbles, il a besoin de plus de matchs pour accélérer notre jeu. Je suis heureux de ce qu’il a offert dans ces dernières minutes. » Car oui, ce samedi soir, Neymar a quand même réussi à dessiner quelques sourires. Et s'il n’a pas oublié que tout était loin d'être gagné, il n'a pas non plus manqué de soigner celui qui va trôner sur son visage jusqu’à la prochaine fois.
Par Andrea Chazy, au Parc des Princes
Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ? Proposez une correction à nos secrétaires de rédaction.