- FIFA Ballon d'Or 2010
Messi, la défaite de Barcelone
Xavi ou Iniesta ? Eh bien non, Messi ! Surprise, le meilleur joueur du monde est sacré. La décision fleure pourtant bon l'injustice si l'on se réfère aux critères d'attribution du Ballon d'or FIFA France Football.
Messi est donc officiellement le meilleur joueur du monde pour la deuxième année consécutive. Un sacre qui le range dans la catégorie des Cruyff, Rummenigge, Van Basten, Keegan, Platini, les seuls à s’être adjugés la récompense deux années consécutivement. Xavi rejoint, lui, la liste des Maldini, Raul, Gerrard, Bergkamp, et autres Buffon, ces grands absents du palmarès de la plus prestigieuse des récompenses individuelles. A 30 ans, les jeux semblent faits pour le catalan, qui ne devrait pas se retrouver dans une configuration aussi favorable avant le terme de sa carrière. A 26 ans, Andres Iniesta peut encore y croire. A moins que Messi contracte un abonnement à long terme à la boule dorée. Une thèse désormais plausible …
Car ce Ballon d’Or, l’Argentin ne le doit qu’à son talent pur. Quart de finaliste de la Coupe du Monde qu’il traversa en fantôme, demi-finaliste de la C1, le petit génie élevé aux hormones de croissance n’a qu’une Liga à exhiber pour son millésime 2010. Faible, très faible, à comparer avec ses coéquipiers champions du monde, Xavi et Iniesta, ou avec le batave Sneijder, grand artisan du triplé (du quintuplé même) de l’Inter et finaliste de la World Cup. En se renforçant de sélectionneurs et de capitaines de sélections, le jury du Ballon d’or, uniquement composé de journalistes auparavant, paraissait avoir gagné en légitimité. Il devait éviter de nouvelles élections polémiques. Visiblement, il s’est assis sur le règlement de la récompense, et a préféré oublier l’un de ses points cardinaux : l’importance du palmarès dans son attribution. A 22,65% (17,36% pour Iniesta, 16,48% pour Xavi) il s’est contenté de récompenser le talent pur. Depuis le dévoilement du nom des trois derniers élus, il était acquis que le Ballon d’or FIFA France Football sacrerait un Barcelonais. La victoire de Xavi ou Iniesta devait aussi être celle du barcelonisme, de la Masia, de la table des commandements édictée par Cruyff. Celle de Messi, malgré sa formation au sein de l’école catalane, ne peut être considérée comme telle. Car, si le Barça paie souvent cash les absences de son lutin argentin, sa signature collective s’envole, elle, dès que Iniesta, et surtout Xavi, le conducteur et la fée électricité du jeu blaugrana, pointent à l’infirmerie. Cruyff, qui s’était prononcé en faveur de son milieu à tout-faire, peut l’avoir mauvaise.
Autre paradoxe, si Messi a été élu sur son seul talent hors-norme, Iniesta semble, lui, avoir été placé sur la seconde marche du podium pour son seul but en finale de Coupe du Monde. Une frappe qui masquait une année amputée par les blessures. Aussi régulier qu’un métronome, Xavi, lui, doit se contenter de la troisième place. On cherche la cohérence, et on peine à la trouver. Pour considérer le Ballon d’or comme un sacre de son école de jeu, le Barça pourra tout de même afficher la photo du podium 2010. L’Espagne, elle, attend toujours. 50 ans après Luis Suarez et l’année de son premier titre mondial, le timing semblait pourtant parfait pour hisser à nouveau le drapeau rouge et or. Mais non, Messi.
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