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  • Décès de Mohamed Ali
  • Itw Mohamed Ali Nafkha

« Mes potes du quartier m’appelaient Clay »

Propos recueillis par Rodolphe Schmitt et Florian Cadu
6 minutes
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Le boxeur décédé vendredi frappait du poing et sortait souvent sa langue. Pas le genre de son homonyme tunisien, qui préfère taper le ballon et garder la bouche fermée. N’empêche que Mohamed Ali Nafkha, milieu de terrain défensif de l’ES Hammam Sousse et international tunisien, a fait une exception pour nous parler du sportif avec qui il partage une partie de son nom.

Sale week-end pour toi, Mohamed Ali… Pas trop de pleurs ?Pas de larmes, non. J’étais à la maison quand j’ai appris la mort de Mohamed Ali. Je l’ai vu sur Facebook. Quelle déception… Je ne m’y attendais pas. Ça m’a vraiment touché. Cette personne, je la respecte énormément, c’était un modèle sportif.

Qui ne touchait pas qu’au sport, d’ailleurs.C’est vrai, il a également lutté contre le racisme et œuvré pour la religion musulmane. Je n’ai rien contre les autres religions, mais son combat était beau. Surtout aux yeux d’un croyant comme moi. Il a donné la bonne image de l’islam, la vraie, à l’inverse de ce que font les terroristes aujourd’hui. Je crois d’ailleurs que le moment où il a annoncé sa foi envers l’islam, c’est mon meilleur souvenir de lui.

Mélanger sport et religion, ce n’est pas toujours bien accueilli…Moi, je pense qu’il est préférable de séparer le sport et la religion. Pourquoi ? Parce que tout le monde cherche le buzz. Si Ali l’a fait, et a pu le faire sans problème, c’est parce qu’il n’y avait pas de polémiques constantes pour tout et n’importe quoi. Aujourd’hui, si tu parles de religion, on va te tomber dessus. Quoi que tu dises. Surtout avec les actualités et le terrorisme omniprésent depuis quelques années.

Tu considères que le sujet était moins sensible avant ?Non, ce n’était pas un sujet moins sensible. On vit seulement à une autre époque. Reste qu’aujourd’hui, le sport, et en particulier le foot, manque d’hommes comme Ali. Je ne suis pas sûr qu’un autre sportif ait eu le même impact que lui. C’était un monstre sur le ring comme en dehors. Finalement, ça n’arrive pas si souvent de voir un tel personnage.

Mon père l’admirait. Je ne l’ai pas vu depuis le décès, mais je sais que ça lui a fait du mal. Quand il tombe sur un combat de lui à la télé, il ne change jamais de chaîne !

Du coup, Ali t’a inspiré dans ton parcours ?Oui, il m’a aidé dans les moments difficiles. Tu te dis que ce mec-là a vécu tellement de difficultés que toi aussi, tu peux réussir avec ta seule force de caractère. Et puis, on lui doit beaucoup. Il est l’un des premiers sportifs à avoir lutté pour l’égalité entre les hommes, et contre la discrimination des Noirs. C’est un précurseur. Je regardais la finale de NBA l’autre jour : LeBron James lui-même disait que c’était en partie grâce à Ali que les Noirs avaient été reconnus et pouvaient aujourd’hui exercer le sport comme n’importe qui.

Pour toi, c’est le plus grand ?Je dirais l’un des plus grands. Beaucoup d’autres ont marqué l’histoire du sport, à leur façon. Michael Jordan, Diego Maradona, Pelé… Qui suis-je pour juger de qui est le plus grand ?

Venons-en à ton nom. Tes parents adoraient Mohamed Ali ?Mon père l’admirait. Je ne l’ai pas vu depuis le décès, mais je sais que ça lui a fait du mal. Quand il tombe sur un combat de lui à la télé, il ne change jamais de chaîne ! En fait, il m’a donné les noms de mes deux grands-pères, Mohamed et Ali.

Le monde est bien fait, quand même.Ouais, on peut dire que c’est un signe du destin. Donner les deux noms des grands-parents, ça ne se fait pas souvent. D’ailleurs, j’ai deux frères aînés et ils n’ont même pas de prénoms composés. Je pense que c’est tombé sur moi parce que l’époque faisait qu’on entendait davantage parler de Mohamed Ali, et que mon père était encore plus fan. On peut dire que c’est un hommage. Un jour, j’ai demandé à mon père de m’expliquer mon nom. Il m’a répondu très simplement : « C’est pour honorer le nom de tes grands-parents… mais aussi parce que j’aime le boxeur. »

Porter ce blaze, ça fait quoi ?Rien de particulier. Quand j’étais plus jeune, mes potes du quartier m’appelaient parfois Clay quand on jouait au foot (Cassius Clay avait pris le nom de Mohamed Ali en rejoignant la Nation of Islam, ndlr). J’étais fier qu’ils m’appellent ainsi. C’était aussi pour ma couleur de peau. Mais sinon, on ne m’a jamais chambré ou autre.

Tu regardes la boxe ?À l’époque de Mike Tyson, ça m’arrivait. Parfois, je mate des vieux combats de Mohamed Ali sur Youtube. Mais je n’ai jamais pratiqué la boxe, ce n’est pas mon truc. J’ai toujours fait du foot. J’ai commencé dans la banlieue, avec les potes, à 5 ou 6 ans. Puis j’ai intégré un club à l’âge de 10 ans. Le foot et la boxe, ça n’a rien à voir. Moi, ce que j’aime, c’est le jeu collectif. Avoir besoin des autres pour gagner.

R.I.P Mohamed Ali. J’espère un jour arriver à ta hauteur

Donc tu n’es pas un joueur perso…Je préfère réaliser des passes décisives plutôt que de marquer des buts. Quand je fais une passe décisive à un coéquipier, je lui donne du gâteau (sic). C’est souvent moi qui tire les coups de pied arrêtés. En ce qui concerne le jeu défensif, je suis prêt à aller au duel. Mais mon vrai plaisir, c’est de servir mes collègues.

Mohamed Ali a prononcé une phrase célèbre : « Vole comme l’oiseau, pique comme l’abeille. » Il y a une action personnelle qui te fait penser à cette citation ? Lors d’un match qualificatif pour la Coupe de la confédération africaine (l’équivalent de la Ligue Europa, ndlr), mon équipe menait 1-0 face à la JS Kabylie. Nos adversaires cherchaient à égaliser à tout prix. À la 90e minute, je suis parti du milieu de terrain et j’ai dribblé trois joueurs. Dans la surface, un joueur adverse m’a accroché. J’ai tiré le penalty, et je l’ai marqué en panenka. Ce but a assuré la victoire de notre équipe, 2-0.

Ali était aussi quelqu’un d’affable. Ce qui n’est pas ton cas…J’ai tendance à parler peu, je préfère m’exprimer sur le terrain. Quand l’équipe gagne, tout le monde est heureux, veut prendre la parole et faire des photos. Mais rares sont ceux qui assument leurs responsabilités après une défaite.

Un autre joueur s’exprimait peu et s’illustrait par ses passes. Zinédine Zidane. Quand je vois Zidane toucher le ballon, ça me donne une sensation indescriptible. C’est un joueur que personne ne pourra jamais égaler. Mon joueur préféré, avant, c’était Patrick Vieira. Aujourd’hui, j’admire le style de Paul Pobga. C’est un passeur et un finisseur, il est présent sur tous les fronts.

Tu parleras d’Ali à ta fille ?Ah quand elle aura l’âge, je lui montrerai des vidéos !

Un dernier mot pour ton homonyme disparu ?R.I.P Mohamed Ali. J’espère un jour arriver à ta hauteur.

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Les notes de Sainté-Marseille
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Propos recueillis par Rodolphe Schmitt et Florian Cadu

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