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Le vieux lion et le conquistador

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Le vieux lion et le conquistador

Oui, comme Ryan Giggs, Edwin Van der Sar, ou Claude Makélélé, Paco Palencia court toujours, et a compté double dans le sacre des Pumas. Une victoire des représentants de l'université contestataire face à des Monarcas Morelia soutenus par Felipe Calderon.

Les deux extrêmes de la pyramide des âges. D’un côté, Juan Francisco « Paco » Palencia, 38 ans. Présent en France en 1998 pour la Coupe du Monde, puis en Corée-Japon, quatre ans plus tard. De l’autre, Javier Cortés, 21 ans. Pas 90 minutes de Liga dans les jambes à opposer au vieux lion à la crinière toujours prospère, à l’aube du tournoi de fermeture. Cette saison, Paco Palencia, ex-Espanyol Barcelone, Cruz Azul, Chivas, et etc., a battu son record, portant à dix mois sa stérilité devant le but. Il n’en fut pas moins le héros de la finale face aux Monarcas de Morelia, en compagnie de… Javier Cortés.

Jeudi, Palencia a allumé la première mèche d’une méchante frappe partie des 20 mètres qui fracassa le plafond de la cage des Michoacanos. Dimanche, autre Exocet envoyé dès la 15e minute. Cette fois, un pénalty, dont le plus mature des Pumas prit la responsabilité. Palencia buteur providentiel, c’était plutôt inattendu, mais cela rendait justice à un vétéran capable d’oublier son ego de buteur pour servir de véritable courroie de transmission entre son entraîneur, Memo Vazquez, et ses coéquipiers moins aguerris. Donneur d’ordres à tout va, le buteur chevelu avait pour consigne personnelle de n’évoluer à aucun poste précis, mais de se mouvoir de la zone de récupération jusqu’au front de l’attaque selon les besoins de son équipe.

A l’aller comme au retour, une égalisation des Monarcas annula le bonus offert par Palencia. A 1-1, les Pumas restaient toutefois en position favorable pour enlever le septième titre national de leur histoire, le classement général de la saison régulière faisant office de juge suprême en cas d’équilibre des débats. Cette finale inédite opposait le deuxième au troisième du championnat, et cet aller-retour confirmait qu’il n’y avait bien pas plus d’une place d’écart entre les deux équipes. Pour ne plus se trouver sur un chemin de la gloire qui ressemblait à un fil d’équilibriste, les représentants de l’UNAM, la plus grande université d’Amérique latine, durent s’en remettre à leur plus brillant étudiant tout droit sorti de leur prolifique centre de formation. 


A la 77e minute, Javier Cortés s’élançait sur son côté droit, et bluffait trois adversaires, dont deux sur petit pont, avant de placer sa frappe victorieuse. Auteur de cinq buts lors de la saison régulière, cet attaquant de formation replacé en milieu droit attirerait sans doute instantanément les sirènes européennes s’il était argentin comme l’affirmait l’éditorialiste de Record, le grand quotidien sportif aztèque. Mais il n’est « que » mexicain. Outre son rendement avantageux, le nouveau conquistador avait déjà braqué les caméras sur sa personne en inscrivant le but de la saison : un ciseau exécuté face aux Chivas, à raviver le fantôme d’Hugo Sanchez, qui débuta lui aussi chez les Pumas.


Le ciseau de Javier Cortés

La politique s’invite en finale

D’un point de vue symbolique, cette finale opposait l’université de gauche, grande animatrice d’un mouvement révolutionnaire réprimé dans le sang (en 1968), à l’équipe du président conservateur, Felipe Calderon. Natif de Morelia, l’initiateur de la discutée guerre contre les narco-traficants vint soutenir les siens à l’aller dans une ville gangrénée par l’influence de la Familia Michoacana, le puissant cartel du coin. Et comme un président peut parfois en cacher un autre, on apprit que Vicente Fox, son prédécesseur à la tête de l’Etat mexicain, se trouvait, lui aussi, derrière la bande à Tomas Boy, capitaine de la sélection à la Coupe du Monde 1986. Non pas par amitié pour son successeur, mais pour accueillir au sein du Centre Fox, sorte de centre d’études et de formation de leaders, la préparation psychologique des joueurs des Monarcas.

Dimanche, Felipe Calderon s’était également assis en tribune d’honneur du stade de la cité universitaire. Une présence qui ne fut pas sans conséquence. Elle conduisit au retrait d’affiches de campagne du candidat de la coalition de gauche PRD-PT au poste de gouverneur de l’Etat de Mexico. C’est, en tout cas, la version, d’Alejandro Encinas, le candidat concerné, qui comptait bien faire sa retape au sein de l’enceinte félidée. Supporté par la plupart des emblèmes du Mexique alternatif, de Paco Ignacio Taibo II au groupe Molotov, en passant par Gael Garcia Bernal et Diego Luna, les Pumas n’ont toutefois jamais recruté sur critères politiques. Deux de leurs joueurs furent même accusé l’an dernier d’avoir tenus des propos racistes à l’encontre du Panaméen de Santos Languna, Felipe Baloy. Les fans de l’UNAM peuvent toutefois s’enorgueillir de toujours disposer de l’une des meilleures cantera du pays. Après les départs d’Efrain Juarez (Celtic Glasgow) et Pablo Barrera (West Ham) à l’été 2010, Javier Cortés en est devenu le nouveau produit phare.

Le résumé de la finale retour

Reims freine Monaco

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