- Finale U17
- Mexique/Uruguay (2-0)
Le Mexique, monarque absolu
Le Mexique roi des moins de 17. Pour la deuxième fois en six ans, le pays aztèque emporte la Coupe du monde de la catégorie. Un succès triomphal à domicile, arraché avec tripes et talent.
Mexique-Uruguay : 2-0
Buts : Briseno et Casillas
La pression était lourde, presque écrasante. A domicile, le Mexique devait imiter la génération des Giovani, Vela et Moreno, première à donner un titre mondial à son pays, en 2005. Marge de tolérance : zéro. Bilan ? Parfait. Sept victoires en sept matches, avec en grand final, 105000 supporters célébrant ses héroïques ados dans une enceinte sacrée, l’Estadio Azteca, sanctifiée par les couronnements de Pelé (1970) et Maradona (1986). Le Mexique, qui avait débuté sa Coupe du Monde dans l’effroi, en encaissant un but de la Corée du Nord dès la première minute, a fini par tout rafler. Récompenses collectives et individuelles. Le vert squattait aussi les marches du podium individuel. Ballon d’or de la compétition : Julio Gomez, le milieu de terrain devenu idole de tout un pays depuis son retourné de la victoire en demi-finale face à l’Allemagne. Un geste qui vaut davantage pour ses circonstances que pour sa valeur acrobatique : le crâne ceint d’un imposant bandage, Gomez refuse de lâcher ses coéquipiers malgré une blessure qui lui vaut sept points de suture, et le prive d’une place de titulaire en finale.
Ballon d’argent : Jorge Espericueta. Le jeune numéro 7 a fait du milieu de terrain son jardin, ratissant un nombre insensé de ballons, pour les porter loin devant, ou les transmettre proprement à ses attaquants. Pour une sélection A dont le secteur de la récupération se repose sur les ternes Israel Lopez et Gerrardo Torrado, faute de mieux, l’avènement d’Espericueta fait office de belle promesse pour un avenir plus ou moins proche. Enfin, Carlos Fierro, meilleur buteur du mini-Tri avec quatre buts, se voit, lui récompenser en bronze. Attaquant tout-terrain, doté d’une élégante technique, le produit de la cantera des Chivas officie dans un style aux antipodes d’un Chicharito, ou complémentaire, si l’on anticipe sa réussite à moyen terme.
Des bandages à 50 pesos en hommage à Gomez
Chez les grands ou chez les jeunes, jouer l’Uruguay constitue l’épreuve suprême pour tester la solidité mentale d’un ensemble. Avec un engagement maximal, celui qui lui a permis d’éjecter le Brésil en demi-finale, la Celeste a longtemps contrarié le Mexique. Devant la pression charrua qui fait avorter tout mouvement collectif, et contraint le secteur défensif d’El Tri à des relances à l’emporte-pièce, l’ombre d’un Aztecazo menace. Mais si le Mexique a accaparé les récompenses individuelles, c’est bien sa détermination collective absolue qui l’a conduit en finale… qu’il remporte. A la 31e minute, le capitaine et défenseur central, Antonio Briseño, place ainsi une reprise du plat du pied, avec le coeur plus qu’avec savoir-faire, qui fait trembler de bonheur le monumental Estadio Azteca. C’était écrit. Implacable face au Brésil, l’Uruguay pardonne à son hôte, avec deux frappes sur les poteaux, une pour chaque période. Le titre ne peut échapper aux locaux. A la 69e minute, Julio Gomez entre en jeu, acclamé par la plèbe de l’Azteca, tel un Chicharito ou un Cuauhtémoc Blanco. Dans les tribunes, nombre de supporters arborent un bandage maculé de deux tâches de sang, vendu à 50 pesos (3 euros), en hommage à l’enfant héros. Sur un dernier contre, Giovani Casillas libère définitivement l’Azteca et tout un pays, paralysé pour suivre une bande d’ado aussi talentueux que valeureux.
Ce midi, à Mexico, les champions du monde paraderont dans un bus impérial. En héros populaires. Mais un autre trajet, les attend, plus capital pour leur futur : celui qui doit les amener à embrasser des carrières professionnelles et à confirmer qu’ils sont bien faits d’un bois distinct. Pour que les jeunes champions du monde, ne se croient pas déjà arrivés, la presse mexicaine ressasse les difficultés de Giovani dos Santos (Ballon d’argent en 2005) et Carlos Vela (Botte d’or) à s’imposer en Europe. Une même presse qui veut croire que la capacité à affronter l’adversité de ces ados, devienne une nouvelle vertu du foot mexicain. Non pas pour qu’El Tri, le grand, soit champion du monde. Mais pour qu’il franchisse enfin le cap des huitièmes, et ne plus vivre dans la nostalgie du quart de finale de 1986. Une tâche qu’il devra sans doute accomplir sans ses jeunes héros. En 2014, Gomez, Espericueta, et Fierro n’auront que 19 ans.
Thomas Goubin
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