@lbertozzi lembra Didier Lamkel Zé do antwerp, hoje Ele marcou e comemorou assim kkk pic.twitter.com/olnKHvtEzA
— Wamberto (@Wamberto18) January 20, 2021
« Le mercredi après-midi, il allait sur Lille, et la première chose qu’il faisait, c’était d'aller aux tacos. Il en prenait quelques-uns et il les réchauffait. S’il voulait en manger le matin, il le faisait. » Corentin Halucha, coéquipier au LOSC
Tacos à gogo et premières bastons
Avant de devenir l’homme le plus détesté d'Anvers, Didier Lamkel Zé est passé par l’école de football des Brasseries du Cameroun, comme Samuel Eto’o, Rigobert Song ou Gérémi Njitap. À 18 ans, et après six ans à Douala, le natif de Bertoua tente un essai au LOSC avant de signer un contrat stagiaire-pro en janvier 2015. Loin d’être le trublion de l’internat du domaine de Luchin, le jeune attaquant est plutôt du genre discret, mais insouciant. « Il faisait sa petite vie tranquillement, il ne foutait pas le bordel, mais c’est quelqu’un qui s’en fout de tout en fait, détaille Corentin Halucha, son partenaire de l’époque. On rigolait souvent, car le mercredi après-midi, le seul moment où on pouvait sortir du centre, il allait sur Lille, et la première chose qu’il faisait, c’était d'aller aux tacos. Il en prenait quelques-uns et il les réchauffait. S’il voulait en manger le matin, il le faisait. Sauf que quand tu fais ça au centre de formation et que tu te fais griller, ça ne passe pas du tout. »

« Sur les deux fois où je l’ai mis dans le noyau B, il y a une fois où c’était à cause d’une bagarre. » Denis Renaud, coach à Niort
Le longiligne Lamkel Zé (1,92m) quitte Lille pour Niort en 2016. Après une première saison poussive, la seconde le voit devenir l'un des joueurs les plus décisifs de Niort, avec sept buts et deux passes décisives en Ligue 2. Rapide, technique et adroit dans la surface, DLZ se fait aussi remarquer à l’entraînement. « Sur les deux fois où je l’ai mis dans l'équipe B, il y a une fois où c’était à cause d’une bagarre » , expliquait Denis Renaud, son coach de l'époque, à la DH. En effet, en janvier 2018, le Camerounais est mis à l’écart du groupe pendant quatre matchs. Sollicité cet hiver-là par des écuries françaises et étrangères, il reste dans les Deux-Sèvres, et fait son retour dans l’équipe première le 23 février 2018, contre Nîmes. Un match à la fin duquel il pète les plombs, récoltant un rouge après avoir giflé un adversaire. Club suivant.
Bagarre, bagarre et bagarre »
En le recrutant à Niort à l’été 2018, l’Antwerp est prévenu. Didier Lamkel Zé est un joueur pétri de talent, mais son caractère frôle parfois l’insolence. Le Great Old, qui remonte en Jupiler Pro League après treize ans de disette, pensait en avoir vu d’autres. Mais après six mois, les premières frictions avec László Bölöni font leur apparition. En janvier 2019, lors de la réception du Standard, il commet sa première sortie de route. Exclu pour avoir reçu deux jaunes en deux minutes, il se prend également le bec avec un adversaire. Le début d’une longue période de frasques, puisque deux mois plus tard, il assène un coup de poing dans la tronche de Jelle Van Damme à l’entraînement. « Il ne sera plus qu'un collègue pour moi, rien de plus. Ce qu'il a fait était un grand manque de respect » , déplorait son coéquipier. Puis en juin, voilà qu'il décide de manquer la reprise de l’entraînement, préférant rester sur la Côte d’Azur en attendant que le board de l’Antwerp augmente son salaire. Réintégré au groupe malgré une bagarre avec Sinan Bolat - un autre coéquipier - et un carton rouge pour avoir frappé un adversaire lors d'un amical contre une équipe de joueurs au chômage, il réussit une deuxième saison presque parfaite, avec six buts et quatre passes décisives au compteur.
« Il a fait mal à mon cœur de supporter. Un joueur ne doit pas aller chez l’ennemi une semaine avant un derby. » Hans Bressinck, supporter de l'Antwerp
Problème, DLZ étant sans filtre et sans limite, il se met à dos Ivan Leko, arrivé sur le banc de l’Antwerp à l’été 2020. Sur les réseaux sociaux, son terrain de prédilection, il raille le coach croate et s'attire encore les foudres de ses supporters. Mis de côté et vilipendé, Lamkel Zé aurait pu partir au Panathinaïkos de Bölöni, seul entraîneur à avoir su le dompter. Mais l’Antwerp étant gourmand, le joueur a tenté de forcer son départ en se pointant dans les tribunes du Beerschot. « Il a fait mal à mon cœur de supporter. Un joueur ne doit pas aller chez l’ennemi une semaine avant un derby, c’est un manque de respect, soupire Hans Bressinck, supporter de l’Antwerp et créateur du podcast anversois De Vierkante Paal. Après, il est venu au centre d'entraînement avec le maillot d’Anderlecht et il a dit qu’il allait venir le lendemain avec celui du Beerschot. Après ça, il n’y a pas de retour possible selon moi. »
Lamkel Zé a beau s'être excusé, la pilule ne passe toujours pas auprès des supporters, venus le chahuter lors d'un entraînement de l'équipe B, obligeant la police locale à garder un œil attentif sur la situation. Son but contre le Cercle Bruges et sa célébration n'ont visiblement pas estompé la haine de ses détracteurs. « Je suis toujours heureux quand l'Antwerp gagne. Mais sa façon de célébrer était si peu respectueuse, une fois de plus, s'exaspère Hans Bressinck, avant d'enchaîner. Pour quelques supporters, ce n'est pas un problème, et pour le club non plus. C’est une décision financière. Lamkel Zé n’est plus un joueur, mais un montant. » Un avis partagé par les ultras de l'Antwerp Locos, qui l'ont encore fait savoir à leurs dirigeants ce jeudi matin. Heureusement pour Didier, le Bosuil va encore rester vide pendant plusieurs mois. Ce contexte est en train de lui permettre de réaliser un fantasme : faire taire tout le monde.
Par Maxime Renaudet Tous propos recueillis par MR, sauf ceux de Denis Renaud et Jelle Van Damme, tirés de la DH.
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