- Ligue des champions
- 5e journée
- Groupe E
- Juventus/Chelsea
La Juve n’a plus le choix
Ce soir, la Juventus reçoit Chelsea au Juventus Stadium. Les données sont assez simples : en cas de défaite, les Turinois sont éliminés à 99%. En cas de succès, en revanche, tout serait relancé dans ce groupe.
Gianluigi Buffon n’est pas le genre de joueur qui joue l’intox. Lorsqu’il dit quelque chose, c’est qu’il le pense. Et surtout qu’il se sent concerné. Juste après le match nul contre la Lazio (0-0), samedi, le gardien bianconero n’avait pas envie de parler de la prestation des siens ou des arrêts de son homologue Marchetti. Non. Gigi avait déjà l’esprit tourné vers Chelsea. Et son esprit était inquiet. « Nous sommes en train de parler d’une équipe qui, il y a quatre mois, a remporté la Ligue des champions. Dire que nous pouvons leur être supérieurs me semble un peu présomptueux. Nous allons affronter une équipe qui a déjà une expérience internationale, en plus d’une force technique très élevée » a-t-il affirmé aux micros de Rai Sport. Plus que quiconque au sein de son équipe, le portier de la Nazionale a compris l’enjeu de ce match. Un match à quitte ou double. « Da dentro o fuori » , comme on dit en italien (dedans ou dehors). « Juve-Chelsea est le croisement de notre saison, un match qui nous permettra de rêver à quelque chose de grand pour le futur, ou bien qui nous fera revoir nos ambitions à la baisse. Si tu joues à la Juve, tu dois avoir de grands objectifs, toujours. L’important, c’est que la Juve soit redevenue compétitive. C’est ce que nous voulions » a-t-il précisé. Compétitive en Italie, c’est sûr. Sur la scène européenne, il va falloir encore le prouver.
Dominer n’est pas gagner
Le but de Victor Moses, inscrit à la 93e minute du match face au Shakhtar, change la donne. A 2-2, le Shakhtar aurait été seul en tête du groupe avec huit points, la Juve deuxième avec six, et Chelsea troisième avec cinq. Mais la victoire des Blues à la dernière minute propulse le champion d’Europe en tête du groupe, à égalité avec les Ukrainiens. Ce qui change pas mal de choses pour la Juve, qui conserve son destin entre les mains, certes, mais qui va devoir réaliser deux exploits lors des deux derniers tours. Le premier, c’est donc ce soir, face à Chelsea. Deux équipes qui ont marché sur l’eau en début de saison, et qui marquent clairement le pas. Battue par l’Inter pour la première fois depuis 49 matchs, la Vieille Dame a dit adieu à son invincibilité en Serie A. Si elle s’est vite rattrapée en étrillant Pescara (6-1), elle a à nouveau commis un faux pas, ce week-end, contre la Lazio. Une rencontre que la Juve a dominé de la tête et des épaules, mais qu’elle n’a pourtant pas su remporter. La faute au gardien adverse, d’une part, à une certaine stérilité en attaque, de l’autre. L’absence de Pirlo, suspendue pour l’occasion, n’a pas aidé non plus.
Suffisant pour que l’équipe turinoise soit en plein doute ? Non. C’est en tout cas ce qu’affirme son milieu de terrain, Claudio Marchisio. « Nous arrivons à ce match au meilleur moment. Nous sommes bien. Je ne vois aucun problème particulier en attaque. D’ailleurs, nous sommes l’équipe qui avons marqué le plus de buts en championnat. La fatigue ? Non, nous ne la sentirons pas car nous avons une immense motivation. L’important, c’est d’avoir la même mentalité que lors des derniers matchs » a-t-il avancé en conférence de presse. Bon, lorsqu’il parle des derniers matchs, le chouchou du Juventus Stadium parle certainement des rencontres face à Pescara (6-1) et à Nordsjælland (4-0), où la Juve a rendu une copie quasi-parfaite. Il faudra être au moins aussi performant, ce soir, pour venir à bout d’un Chelsea qui reste sur quatre matchs sans la moindre victoire en Premier League. Mais qui conserve l’avantage psychologique de ne pas être dans l’obligation de s’imposer à Turin pour rester dans d’excellentes dispositions en vue de la qualif.
La revanche de 2009
Revenons aux données du problème. La Juve doit gagner. C’est impératif. Gagner pour passer devant Chelsea, et pour pouvoir aller à Donetsk lors de la dernière journée en étant consciente qu’un match nul lui suffira alors pour se qualifier. Une défaite, pour sa part, serait éliminatoire pour la Juve. Le Shakhtar ayant de grandes chances de s’imposer au Danemark (on ne sait jamais, hein, mais c’est tout de même assez probable), Ukrainiens et Anglais se retrouveraient tous deux à dix points, tandis que la Juve resterait à six. Éliminée, donc. Et reversée en Europa League. Voilà pourquoi Antonio Conte, le coach-fantôme de la Juve, veut un stade plein, un véritable douzième homme pour pousser les Bianconeri vers la victoire. « Conte m’a demandé de dire que demain, il veut voir un chaudron au Juventus Stadium » a affirmé hier Angelo Alessio, coach intérimaire encore pendant quelques semaines.
Reste, pour les deux hommes, à trouver la bonne formation pour affronter des Blues en perte de vitesse. En attaque, le gros doute est lié à la présence ou non de Mirko Vučinić. Le Monténégrin n’a plus joué depuis la première mi-temps du match face à l’Inter. Alessio n’a pas donné plus d’indications. « Pour Vučinić, nous verrons » a-t-il seulement lâché, minimaliste. C’est donc, a priori, le même duo que face à la Lazio, Quagliarella-Giovinco, qui devrait être aligné. Pirlo fera son retour au milieu de terrain en lieu et place de Paul Pogba, bon mais pas étincelant contre la Lazio, tandis que sur les ailes, Lichtsteiner et Asamoah prendront leur couloir respectif. A moins que Conte ne fasse une folie, et ne décide de titulariser Simone Pepe, qui a signé son retour contre la Lazio.
Quelle que soit la formation, la Juve va devoir renouer ce soir avec les grandes nuits européennes. La dernière venue de Chelsea avait laissé un goût amer aux supporters de la Vieille Dame. C’était en huitièmes de finale retour de la Ligue des champions 2008/09. Après avoir été battus 1-0 à l’aller, les Turinois menaient 2-1 et faisaient le forcing pour inscrire le but de la qualification. Un forcing détruit par Didier Drogba, qui gela le Stadio Olimpico de Turin à sept minutes du terme. De cette Juve-là, il ne reste plus que Buffon, Chiellini (qui avait été exclu ce jour-là), Marchisio et Giovinco. Une belle revanche à prendre, certes, mais surtout un gros coup à réaliser pour prouver que, oui, après des années de galère, la Juve est bien de retour au plus haut niveau européen. Ça fout une petite pression, non ?
Eric Maggiori