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La furie et la foi
Trahie à différents degrés par ses trois autres clubs phares, la France compte sur l'OM pour prendre sa part de rêve européen.
Ce jeudi soir, plus de 60 000 personnes s’amasseront dans les tribunes du Vélodrome, quelques centaines de milliers ou quelques millions devant leur téléviseur. Pourquoi ? Pour voir un joli combat d’outsiders d’une Ligue Europa promise à l’Atlético de Madrid ? Sans doute, mais pas seulement. Ils voudront aussi renouer avec une certaine idée de l’OM, certes un peu lointaine, mais qui caresse toujours les contours de son logo : « Droit au but » . Si la qualification incroyable de la Roma face à Barcelone mardi doit nous apprendre quelque chose, ce n’est pas simplement que tout est possible – qui en doute dans le cas de l’OM ? –, mais que les prétextes n’ont pas leur place lors des grandes soirées européennes.
Jour de tonnerre
« J’espère qu’il y aura une ambiance du tonnerre » , s’est exclamé Rudi Garcia après le match aller. Oui, on l’espère tous, d’autant plus que les supporters ont pris l’habitude ces dernières années de bouder légèrement ces rencontres de Ligue Europa il est vrai pas toujours enthousiasmantes. Mais le printemps européen est de nouveau là, son parfum enivrant se déverse dans l’air, et l’excitation a raisonnablement repris ses droits. C’est un quart de finale.
Le logique manque de prestige historique du RB Leipzig n’invite pas à la démesure, à ressentir cette sensation bien particulière qui précède les moments uniques, ce mélange de fébrilité et de détermination qui fait bouillonner les rues. Mais l’affiche reste diablement attirante et d’une importance capitale pour Marseille. À l’enthousiasme et l’énergie un brin anarchiques de la jeune équipe saxonne, l’OM n’aura qu’à répondre par la sienne, tout aussi réelle et nourrie par un historique européen qui doit l’inspirer sans l’embourgeoiser. La gestion et le calcul sont des armes de puissants, le club phocéen n’en est plus un, alors il doit avant tout compter sur la folie qui l’imprègne.
Maintenant ou jamais
Qui en voudrait à l’OM de tomber les armes à la main ? Que ce soit en championnat ou Coupe d’Europe, quoi qu’il arrive, l’équipe de Rudi Garcia a remis du carburant dans le réservoir des attentes hâtives et parfois disproportionnées. C’est ce qui la fait vivre. Marseille est impatiente, souvent déçue, capable d’une résilience qui lui fera de nouveau espérer dans quelques mois. Mais il ne faut pas la tromper. Elle peut finir quatrième de Ligue 1, perdre un quart de finale de Ligue Europa, mais pas n’importe comment.
Après la rencontre, les prétextes et même les excuses voleraient en éclats si ce parfum d’Europe n’était pas porté dignement. La Roma, Séville, Liverpool la Juve et bien d’autres nous ont montré ce qu’était un vrai match de Coupe d’Europe. Les montagnes étaient bien plus belles, elles étaient aussi bien plus hautes. Que l’OM – des supporters aux joueurs en passant par l’entraîneur – soit à la hauteur de sa petite Europe. Et si l’adversaire décide de l’être aussi et se montre bien plus fort, alors il restera l’honneur. C’est beaucoup mieux que les regrets.
Par Chris Diamantaire