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Konrad de la Fuente, redécollage imminent

Par Adrien Hémard
6 minutes
Konrad de la Fuente, redécollage imminent

Sensation de l’été à Marseille, Konrad de la Fuente a légèrement disparu des radars au début de l’automne, un peu à l’image de l’OM de Sampaoli. Sauf qu’aujourd’hui, l’ailier américain revient peu à peu sur le devant de la scène. Avant de faire du soccer un sport reconnu de tous aux States ?

Ce n’est pas tous les jours que l’Olympique de Marseille s’offre un joueur du FC Barcelone. Encore moins un jeune crack de la Masia, coup de cœur de Ronald Kœman à son arrivée en Catalogne, et déjà international américain depuis ses 19 piges. Ajoutez à cela un patronyme qui marque les esprits, tout droit sorti de Narcos, et vous obtenez l’homme qui a électrisé l’été marseillais : Konrad de la Fuente. Buteur dès ses premières apparitions en préparation, passeur décisif contre Bordeaux et Saint-Étienne en Ligue 1 en août, mais surtout virevoltant, aérien et spectaculaire sur son aile gauche : l’ailier américain a vite séduit, avant de marquer un sérieux coup d’arrêt cet automne. Rien d’alarmant pour un joueur de 20 ans qui dispute sa première saison au plus haut niveau.

À la Masia, ils n’avaient jamais vu un Américain, ils voulaient savoir à quoi ressemble Miami, etc. Mais après huit ans avec eux, j’étais juste un Espagnol de plus.

De Miami à la Commanderie

« C’est ma première saison en professionnel dans une nouvelle équipe, un nouveau pays, un nouveau championnat. J’essaye juste de m’adapter, c’est un foot différent. Je dois arriver à maintenir mon niveau au plus haut, de façon constante », reconnaît d’ailleurs le premier intéressé, lucide sur sa baisse de régime des dernières semaines. Avant de faire ses bagages pour Marseille cet été, l’Américain de 20 piges n’avait connu que deux villes : Miami, où il a grandi, puis Barcelone. Une itinérance qu’il raconte par le foot : « J’ai commencé à jouer à 4 ou 5 ans à Miami. Au début, ce n’était pas trop mon truc, puis j’y ai pris goût. Nous sommes arrivés en Espagne où j’ai joué pour deux équipes différentes(Tecnofútbol puis Damm, NDLR). Là, le Barça a commencé à me superviser, j’ai signé. J’y ai passé huit ans. » Pendant que le père, diplomate, s’affairait au consulat général d’Haïti, le petit Konrad s’intégrait donc à la Masia, au milieu de la future génération de Pedri, Fati ou Gavi : « J’étais nouveau, tout le monde était curieux. Ils n’avaient jamais vu un Américain, ils voulaient savoir à quoi ressemble Miami, etc. Mais après huit ans avec eux, j’étais juste un Espagnol de plus. »

Un Espagnol de plus qui répète ses gammes à la Masia, comme tout le monde. « On faisait les mêmes choses, les mêmes entraînements, peu importe l’âge, des plus petits jusqu’à l’équipe première. On apprend les bases, notamment la possession, comment se déplacer tactiquement pour tirer le meilleur de chacun et de l’équipe », rejoue aujourd’hui l’ailier, qui se souvient surtout de la première fois qu’il a croisé Messi : « J’avais 14 ans. Il a juste marché devant moi, mais c’était très cool. » À la Masia, De la Fuente récite ses gammes, sans pour autant se formater. Et pour cause : depuis son enfance à Miami, Konrad s’est laissé envoûter par le charme de la culture brésilienne, et surtout de ses joueurs. Un romantisme balle au pied que l’Américain n’a jamais renié. « Je suis un vrai ailier. Aujourd’hui, on voit beaucoup d’ailiers qui aiment entrer dans le jeu, qui peuvent jouer numéro 10 ou 8. Je suis l’opposé, détaille le Marseillais. Je suis rapide, j’aime dribbler pour provoquer des un-contre-un et créer du danger depuis l’extérieur. » Soit le prototype de l’ailier idéal aux yeux de Jorge Sampaoli.

Le rêve OMéricain

C’est donc tout logiquement qu’à l’été 2021, en quête de temps de jeu après une saison dans l’ombre au Barça (3 apparitions avec les pros), Konrad de la Fuente quitte Barcelone – « un choix difficile » – et rejoint le Sud de la France. Pour trois petits millions d’euros, l’OM s’offre le crack KDLF, séduit par le projet de jeu du coach argentin, par le club et aidé par ses bases en français, grâce à ses origines haïtiennes. Même si, sur place, c’est l’espagnol qui l’intègre : « Je suis chanceux d’avoir des joueurs espagnols dans le vestiaire, je sors avec eux en dehors des entraînements pour aller manger ensemble en ville ou autre. » Après son été plein de promesses, le « Kingsley Coman du Vieux-Port » baisse toutefois pavillon. Après plusieurs semaines de galère, et un léger mieux dans le jeu, De la Fuente laisse entrevoir pourquoi : « Je ne m’attendais pas à ce que la Ligue 1 soit un championnat aussi physique, aussi intense. Maintenant, j’ai compris que je devais avoir plus d’intensité, notamment défensivement. C’est ce sur quoi j’ai beaucoup travaillé depuis mon arrivée, et je continue. »

C’est intéressant d’avoir un coach comme Sampaoli qui voit ce qu’il faut améliorer, et qui sait où l’on doit progresser pour atteindre notre potentiel.

On en oublierait presque qu’on parle là d’un gamin de 20 ans, qui n’a jamais disputé une saison intégrale dans une équipe première, lui l’ancien pensionnaire de la réserve du Barça. « Les jeunes joueurs comme moi, on a encore beaucoup à apprendre pour atteindre notre potentiel. C’est intéressant d’avoir un coach comme Sampaoli qui voit ce qu’il faut améliorer, et qui sait où l’on doit progresser pour atteindre ce niveau », reconnaît d’ailleurs l’ancien Barcelonais, qui s’éclate sous les ordres de l’Argentin : « À mon poste, c’est très similaire à ce que j’ai connu à Barcelone. C’est le championnat autour qui change, qui fait que je dois plus travailler défensivement, avoir plus d’intensité. Mais en dehors de ça, c’est assez semblable. » De toute façon, ne comptez pas sur Konrad de la Fuente pour changer sa façon d’être, et de jouer : « Tout le monde doit rester soi-même, montrer sa personnalité et faire ce qu’il sait faire, être à l’aise », martèle le joueur du haut de ses 20 ans.

Le signe d’un bonhomme à la tête froide, mais qui garde les idées claires et les ambitions qui vont avec. À Marseille, cela se traduit par un objectif podium, et l’envie de soulever la Ligue Europa et et/ou la Coupe de France dès cette année. En sélection – où il n’a pas été appelé récemment -, Konrad de la Fuente parle évidemment de Coupe du monde. Mais pas forcément de celle que l’on croit : « On sait tous qu’on a une très bonne équipe, même si elle est très jeune. Si on est capable de jouer ensemble, on peut faire quelque chose de bien à la prochaine Coupe du monde. On n’a pas besoin d’atteindre celle de 2026 chez nous. » Avec un objectif en ligne de mire : « Rendre le football plus populaire aux États-Unis, donner envie aux jeunes générations de jouer au football. » Un rêve américain qui passe déjà par le Groupama Stadium ce dimanche à 21h, où un petit but de la fusée américaine lui permettrait peut-être d’enfin prendre son envol. Et cette fois pour de bon.

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Par Adrien Hémard

Propos recueillis par AH.

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