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Équipe de France : les qualifs à la place du calice

Par Mathieu Rollinger
5 minutes
Équipe de France : les qualifs à la place du calice

Les esprits ont beau être encore marqués par l'élimination précoce à l'Euro, les Bleus retrouvent la compétition ce mercredi contre la Bosnie. Et si tous les doutes n'ont pas été éclaircis, engranger une troisième victoire en quatre matchs éliminatoires permettrait de faire un grand pas vers le Qatar et vers la rédemption.

C’est sur la banquette de leur bus stationné à la sortie de l’Arena Națională de Bucarest qu’on les avait quittés. Visages fermés, yeux rivés sur les téléphones, bras ballants, la tête déjà prête à encaisser les futures critiques. Deux mois après s’être fait trouer par les Suisses comme un insipide emmental, c’est donc à Strasbourg que l’on retrouve ces Bleus. Si bien que cette rencontre contre la Bosnie-Herzégovine, comptant pour la quatrième journée des éliminatoires pour le Mondial 2022, ressemble à un drôle de carrefour entre l’avant et l’après. Un coup d’œil à gauche, et ce sont les ambitions d’hier que l’on voit se fracasser au bout d’une séance de tirs au but, avec ce coup de patte mal assuré de Kylian Mbappé qui a fait éclater la bulle dans laquelle s’étaient enfermés les 26 soldats réquisitionnés pour cet Euro. En ont jailli une multitude de couacs, de crises d’ego, d’erreurs tactiques, de brouilles. Mais est-il utile de gratter à nouveau une croûte qui commence tout juste à sécher ?

Ce qu’il y a de plus important, c’est devant. Derrière, c’est ce qu’il y a dans le rétro, cela ne va pas nous faire avancer.

Un coup d’œil à droite permet aussi de voir que la route est dégagée vers d’autres objectifs, la Coupe du monde au Qatar pour être précis, que c’est dans cette direction que les hommes de Deschamps doivent aujourd’hui s’engager. « Ce qu’il y a de plus important, c’est devant. Derrière, c’est ce qu’il y a dans le rétro, cela ne va pas nous faire avancer », assurait DD, au moment d’agripper son volant. Après l’échec du mois de juin, le Basque s’est posé les bonnes questions, a fait le tri entre le grain et l’ivraie, et a décidé de continuer sa mission. À tort ou à raison ? Seul l’avenir le dira. « Il y a eu différentes étapes dans ma réflexion pour avoir l’analyse la plus juste, continuait-il lors de sa conférence de presse de rentrée. À partir du moment où mon envie et ma détermination sont intactes, c’est l’essentiel et la première des choses. La deuxième, c’est que je suis convaincu qu’il y a encore beaucoup de choses à faire avec ce groupe. »

Entre le rose et le noir

Pourtant, rares sont ceux à être sortis indemnes de cet été de grisaille et de déceptions. De Hugo Lloris à Kylian Mbappé, de Didier Deschamps à Florence Hardoin, la directrice générale de la FFF, tous en ont pris pour leur grade. Le boss des Bleus a tenté de jouer les paratonnerres dans les colonnes de L’Équipe : « Je sais que je suis le seul responsable. Ma fonction veut ça. Je l’assume. Mais je sais aussi que j’ai cette capacité à basculer. Quand cela va bien, tout n’est pas rose. Quand cela va mal, tout n’est pas noir non plus. Notre élimination est liée à de nombreux éléments. Mais si je commence à argumenter… » C’est donc sa liste de rentrée qui a fait office d’argumentation. Et deux éléments font pour le moment office de fusible. Le premier se nomme Olivier Giroud. Le néo-Milanais a retrouvé un club enclin à lui laisser du temps de jeu, mais la page de l’Euro risque de le laisser à jamais à cinq longueurs du record de buts de Thierry Henry (51 pions), même si Deschamps a assuré que la porte ne lui était pas définitivement fermée.

L’autre sacrifié ? Cette volonté d’innover, de créer, de risquer, de se dépasser, et donc par ricochet cette défense à cinq catastrophique contre la Suisse. « Quand ça ne marche pas, je fais en sorte de changer. Je ne vais pas m’entêter non plus. Ce qui peut marcher sur un match ne peut pas forcément marcher sur un autre. C’est le résultat qui conditionne, s’enlisait le sélectionneur. Sans vouloir revenir sur ce qu’il s’est passé il y a deux mois, j’ai été amené à m’éloigner de mon idée première. Je ne veux pas renoncer à toujours vouloir avoir le plus de maîtrise possible, imposer notre jeu à l’adversaire, avoir de la créativité avec ballon, mais ça ne va pas à l’encontre d’avoir une bonne solidité défensive. » Comprendre : un retour de la défense à quatre éléments, d’un bloc difficile à manœuvrer, de la maîtrise du ballon. Bref, au jeu chiant, mais dicté par l’efficacité.

Strasbourg et les paillettes ?

Où donc trouver l’enthousiasme ? Peut-être déjà dans un stade plein et coloré. La Meinau sera pleine de 22 000 spectateurs et offrira aux Bleus leur premier match à guichets fermés en France depuis la pandémie. D’ailleurs, Didier Deschamps soulignait ce plaisir de retrouver ces sensations, alors que, hors amicaux, le dernier déplacement des Bleus en région pour disputer un match officiel remonte au 3 septembre 2017. C’était contre le Luxembourg, pour les qualifs du Mondial 2018, au Stadium de Toulouse. Il y aura aussi, au milieu de tout ça, de nouvelles frimousses à découvrir (du moins potentiellement), puisque Moussa Diaby, Theo Hernandez, Aurélien Tchouaméni et Jordan Veretout auront leur carte à jouer pendant que Marcus Thuram, Wissam Ben Yedder, Adrien Rabiot, N’Golo Kanté (forfait uniquement pour le match de ce mercredi), Lucas Hernandez ou encore Benjamin Pavard devront remettre leurs retrouvailles avec la sélection à plus tard.

Cependant, ce sont vers les titulaires de l’Euro encore présents que les regards seront tournés, notamment le duo Griezmann-Mbappé. Les deux attaquants devront digérer une période de mercato qui les a concernés jusque dans ses dernières heures pour se concentrer sur leur mission du jour : pour le Mâconnais, retrouver son influence sur le jeu aussi rapidement que le maillot des Colchoneros, pour le Parisien, oublier sa disette de l’Euro et son non-transfert au Real Madrid. Au bout, ne devra rester qu’une chose : le sourire. C’est exactement ce que souhaitait le capitaine Lloris : « Tout le monde doit participer à redonner un nouvel élan. On a toujours des enseignements à tirer des échecs, mais chaque compétition a sa propre histoire. L’objectif est de préparer le futur dès à présent, prendre du plaisir, venir avec le sourire et cette envie de rebondir tout de suite ensemble. » Chiche ?

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