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« El Tri » des déchets ?
Cette année, le Mexique se pointe à la Copa America en invité très spécial. Contraint et forcé par la CONCACAF, le pays de l'agave disputera le tournoi avec une sélection olympique. Que vaut donc ce Tri au rabais ?
Non, Chicharito ne jouera pas avec la ligne de hors-jeu en Argentine. Comme la quasi-totalité des vainqueurs de la Gold Cup, l’avant-centre de Manchester United va goûter aux plaisirs des vacances, loin de l’agitation de Buenos Aires ou de Cordoba. La CONCACAF est passée par là, avec en tête, la défense de ses intérêts particuliers. Apeurée de voir le Mexique, sa poule aux oeufs d’or, privilégier la Copa America à la Gold Cup, la confédération d’Amérique centrale et du nord a ordonné aux aztèques d’envoyer en Argentine une sélection olympique renforcée par cinq éléments de plus de 22 ans. Une sorte de Tri bis pour lequel la tâche s’annonce rude dans un groupe où il sera opposé à l’Uruguay, au Chili, et au Pérou.
Seul un titulaire de l’équipe victorieuse des Etats-Unis samedi dernier se déplacera en Argentine : Giovani Dos Santos. En pleine bourre depuis qu’il a regoûté à la chaleur de la Liga avec le Racing Santander, le numéro 10 présente surtout l’avantage d’être né en 1989 et de pouvoir être inclus dans le contingent des moins de 22. Dans l’entre-jeu d’El Tri, le sosie de Pocahontas devrait être associé à son frère, Jonathan. Une revanche pour la famille mexicano-brésilienne, marquée par la décision de Javier Aguirre de faire du milieu défensif du Barça le dernier évincé du groupe mexicain avant la Coupe du Monde 2010. Pas un scandale en soi, quand l’on parle d’un joueur cantonné à deux apparitions avec la Pep team cette saison. Mais qu’Aguirre lui préfère Adolfo « El Bofo » Bautista, le déclinant meneur des Chivas, a provoqué le courroux du clan Dos Santos, le pater, Zizinho, allant jusqu’à menacer de faire jouer son petit pour le Brésil ou l’Espagne, qui n’ont pas depuis fait part de leur intérêt …
En Argentine, le Mexique, plutôt que son statut de traditionnel outsider, aura celui de bête curieuse. Pas la moindre des excentricités, José Manuel « El Chepo » de la Torre, le sélectionneur des A, y sera relégué au simple rang d’adjoint. Figure des bancs du championnat mexicain, Luis Fernando Tena, 53 ans, s’est vu confier la baguette de chef d’orchestre en Amérique du Sud et a entamé une campagne de préparation dans l’anonymat, pendant qu’El Tri brillait en Gold Cup. Après un lourd et inquiétant revers concédé face au Vénézuela (3-0), les deux derniers résultats du Tri bis indiqueraient le début d’une prise de mayonnaise : un match nul et vierge en Colombie, et une victoire au détriment de l’Equateur (0-1), samedi dernier.
Une vitrine pour l’Europe
Invité par la CONMEBOL depuis 1993 à enrichir le plateau sud-américain, le Mexique se glisse fréquemment dans le dernier carré de l’épreuve. Alors, même avec une sélection alternative, le géant de la CONCACAF ne peut échapper au discours convenu sur ses hautes ambitions, même s’il lui sera plus facilement pardonné en cas d’échec. Pour le staff d’El Tri, l’intérêt de la compétition résidera avant tout dans la mesure de la moelle de sa jeune classe, et pour celle-ci, dans sa capacité à s’ouvrir la porte des A, tout en essayant d’attirer l’oeil des recruteurs européens. Seront notamment particulièrement observées, les prestations de Marco Fabian, talentueux milieu offensif des Chivas, Javier Cortés, le spectaculaire buteur des Pumas, et Hiram Mier, le défenseur central des Rayados de Monterrey auquel le plus grand avenir est promis. Le jeune homme fut d’ailleurs appelé par El Chepo de la Torre en urgence quand la CONCACAF autorisa El Tri à remplacer ses cinq positifs au Clembutérol. Ce fut également le cas d’Hector Reynoso, le briscard des Chivas, avec qui Mier devrait faire équipe dans l’axe de la base arrière.
Ce week-end, le Mexique bis a toutefois déjà montré qu’il pouvait faire comme les grands, en tutoyant le scandale. D’abord dans le rôle commode de la victime, les sélectionnés se trouvent aujourd’hui devant le jury de l’opinion publique pour une histoire de sexe tarifée qui rappelle les débordements de septembre dernier de la sélection A. Dimanche, au lendemain de leur dernier amical face à l’Equateur, une petite dizaine de joueurs d’El Tri dénonçait le cambriolage de leur chambre d’hôtel. Une histoire qui commence à se retourner en leur défaveur, avec les témoignages de responsables de la sécurité du luxueux établissement de Quito, qui assurent que la venue de quatre prostituées dans les chambres mexicaines serait à l’origine du larcin. Pour le mini-Tri, ne reste désormais plus qu’à imiter les grands sur le terrain.
Thomas Goubin
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