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- Bayern Munich/Chelsea (J-2)
Cours, Florent !
Présenté pendant longtemps comme une valeur refuge de Chelsea, Florent Malouda commence à sentir le poids des ans et de la concurrence. Alors qu'il aurait dû débuter la finale de C1 dans le onze des Blues suite aux suspensions de Ramires et Raul Meireles, le gaucher pourrait être amené à la suivre depuis le banc de touche suite à une blessure. Vie de merde.
« On saura au dernier moment s’il sera disponible samedi. » Le verbatim de Roberto Di Matteo, l’entraîneur des Blues, résume l’actualité de Florent Malouda, 31 berges au compteur et un avenir immédiat en pointillés. La faute à une vilaine blessure à la cuisse contractée contre Blackburn lors de la dernière journée de Premier League. C’est con pour lui. Vraiment. Avec les suspensions conjuguées de Ramires et Raul Mereiles, Malouda semblait tenir la corde pour intégrer une place dans l’entrejeu de Chelsea aux côtés de Lampard et Obi Mikel. Un trio de charognards en charge d’épauler Drogba-Mata-Sturridge. Bref, le Guyanais était prêt pour débuter sa deuxième finale de Ligue des Champions après celle de 2008. Compte tenu de sa saison, cela relevait du miracle. D’une résurrection.
Depuis l’arrivée de Juan Manuel Mata en provenance de Valence durant la fenêtre estivale des transferts, le Français n’entrait plus dans les plans du staff londonien. Aussi bien ceux d’André Villas-Boas que ceux de Roberto Di Matteo, son successeur. Flo’ ne facture que vingt-six matches de championnat au compteur. Pour onze malheureuses titularisations (et 2 buts). Une misère quand on regarde ses deux dernières saisons (12 et 13 buts pour autant de passes décisives). Pis, le numéro 15 des Blues n’a pas joué une seule minute en Ligue des Champions depuis le huitième de finale contre Naples, date de l’entrée en fonction de Roberto Di Matteo. Cela montre à quel point l’entraîneur italien compte sur lui…
Seul contre tous
Et, dans ces moments de tempête, le Français n’a pas beaucoup d’alliés. Pour ne pas dire aucun. Même du temps de sa splendeur lyonnaise, le mec n’avait pas le fan club le plus bruyant de l’Hexagone. Alors, dès qu’il accuse un peu le coup, il fait figure de victime expiatoire. Notamment aux yeux de la presse qui ne comprend pas toujours ses convocations en équipe de France. L’Euro 2012 ne devrait pas échapper à la règle. Malouda paye pour sa discrétion. Présenté comme un cadre (près de 80 sélections, au top niveau depuis près de huit ans), il n’a jamais réussi à imposer sa personnalité plutôt secrète. Balle au pied, Malouda n’a pas la technique d’un Ben Arfa ni l’abnégation d’un Drogba. Lui, c’est avant tout une machine. L’esthétisme, il s’en cogne. Il est là pour être efficace. Utile. Robuste. Discipliné. Le genre de profil qui ne fait pas rêver. Alors, l’ancien Guingampais joue les utilités. Sans les absences disciplinaires de ses deux collègues du milieu de terrain, Malouda aurait prolongé son séjour sur le banc. Et personne n’aurait rien trouvé à y redire. C’est l’histoire d’un mec qui, au mieux, indiffère, et, au pire, aimante le rejet.
Dans ces conditions, pas facile d’avoir des soutiens qui osent sortir du bois. Pour autant, il ne se plaint pas. Il fait sa vie. Contractuellement, son aventure anglaise s’arrête en juin 2013. Et depuis un an, les rumeurs l’envoient un peu partout (Paris, Qatar et même… au Bayern Munich). Lui se montre serein. On le sait très attaché à Chelsea. Il ne s’en cache pas, d’ailleurs. « Il me reste un an, je pense aller au bout de mon contrat, a déclaré Malouda sur RMC, comme ça je pourrai aussi décider de mon avenir sans que le club ne pose des conditions. Quand je vois ce que je vis en ce moment, c’est quand même positif. Je suis venu pour jouer des matches comme ça. » Zen attitude ? Au fond, cracher sa haine sur Malouda n’apporte plus grand-chose. C’est devenu d’une telle banalité. Tout a déjà été dit sur lui. Que ce soit fondé, ou pas. A 31 ans, on n’a finalement qu’une envie pour samedi soir, que sa cuisse le laisse en paix et qu’il enquille les bornes sur la pelouse de Munich. Et si, par chance, Flo se paye le luxe de soulever la Coupe aux grandes oreilles dans la soirée, il aura mérité d’ouvrir sa gueule, pour une fois. Le connaissant, il ne le fera pas. C’est tout à son honneur.
Par Mathieu Faure