Luis Aragonés sait bien, en 2006, pourquoi il se débarrasse d'un Raul qui vieillit mal. L'Espagne touche le fond en 2006 en s'inclinant en Irlande du Nord en phase de qualification pour l'Euro Austro-Suisse. Il décide donc de tirer dans le tas et de se débarrasser d'un Raul trop intrigant. Sommé de s'expliquer en direct à la télévision sur la non-sélection du héros national, le vieux sage ne se cache pas : « j'ai du respect pour peut-être le meilleur joueur espagnol de tous les temps, mais le temps passe. Les joueurs se sélectionnent seuls et s'éliminent aussi seuls » . Raul ne réapparaîtra plus sur la photo et Aragonés confie les clés du vestiaire à Casillas. L'ambiance change car Iker ne gouverne pas seul. Les décisions sont prises collégialement avec Xavi et Puyol, ses vieux camarades des sélections de jeunes. L'Espagne se qualifie pour l'Euro 2008, Casillas élimine l'Italie en quart et Aragonés triomphe au soir du match. « Iker a prouvé à tout le monde qu'il est parfait en tout, dans les buts, en tant que capitaine, en attitude » . La légende peut commencer.
La méthode Casillas
Alors quand Mourinho filtre dans les médias sa nouvelle idée géniale, personne ne rit. Après Valdano, l'organisation du club, le 9 et les arbitres, le Special One s'en prend à une autre légende merengue. D'après Marca, le Mou étudie la possibilité de confier le brassard à un joueur de champ. A l'Inter c'était Zanetti, à Chelsea c'était Terry. Au Real ce sera donc Ramos ou Alonso. Sauf qu'ici c'est Madrid et on ne rigole pas avec la tradition. Au Real, le brassard est une affaire d'anciens. Seules les années au club déterminent qui aura l'honneur de porter le brassard de la formation centenaire. Le coach n'y sera jamais pour rien. Entré au club à 11 ans, Casillas est un morceau de Real Madrid coulé dans un corps humain. Vouloir retirer l'élastique du bras du monument pour pouvoir mieux contester les décisions arbitrales est au mieux une faute de goût. Au pire, un blasphème.
En sélection, les 30 ans d'Iker Casillas et ses 122 sélections suffisent à Vicente Del Bosque et au vestiaire champion du monde: « Iker Casillas est sans doute le meilleur gardien du monde. Un joueur qui a gagné autant de choses ne le doit qu'à lui-même et mérite largement ce titre » . Quand la Moustache reprend l'équipe Championne d'Europe, il ne fait aucun doute que San Iker continuera à en diriger le vestiaire. « Iker est quelqu'un qui parle beaucoup et pose beaucoup de questions. (...) Raul intériorisait plus la pression. Casillas est plus relax » assure le moustachu. Xavi, Puyol et Casillas comptent maintenant à eux seuls plus de trois cents matchs internationaux (122 pour Casillas, 101 pour Xavi, 94 pour Puyol). Pas mal pour une vieille façade.
Thibaud Leplat, à Madrid
Vous avez relevé une coquille ou une inexactitude dans ce papier ? Proposez une correction à nos secrétaires de rédaction.