Les matchs du Viktoria Plzen
« Ça y est, on y est » , envoie Julie Raynaud, l'ancienne de La Grosse Emission sur Comédie, suivie par David Astorga : « Vous verrez du football français, du football féminin, du football amateur, peut-être même du football américain. Non, ça c'est pas sûr » . Apparemment, on verra aussi des bonnes vannes. Après deux minutes d'antenne, on envoie la pub. Enfin, les bande-annonces des autres émissions de la chaîne, pour être précis. En vrac, Le Grand Soir de Ligue 2 ou un show marxiste sur le prolétariat du foot français, tous les vendredi, Culture Foot avec Thomas Hugues, l'ex de Laurence Ferrari, qui recevra Didier Deschamps dès dimanche, ou encore La Grande Histoire pour le côté foot vintage.
Outre Astorga, chipé à TF1 qui ne voulait pas lui faire gravir les échelons, le plateau de C Le Talk se remplit d'éléments débauchés chez la concurrence. Marie Portolano, ancien cœur d'Eurosport et Orange Sport, fait d'abord son entrée pour un journal télévisé d'une demi-heure. Les sujets en font des tonnes sur le Trophée des Champions, dont le scénario est effectivement une aubaine pour un lancement un peu paumé au milieu de l'été, avant d'enchainer sur les blessures de Gourcuff et Ribery, les résultats des matchs amicaux, y compris ceux du Viktoria Plzen, et les transferts, présentés par un certain Ludovic Vigier. Pour la chronique tactique, on retrouve Smaïl Bouabdellah, tout droit sorti du centre de formation de L'Equipe TV, qui remarque que les défenseurs marseillais ne savent pas s'aligner avant de passer la parole à Francesca Antoniotti. L'ex-Star Ac', qui sévissait notamment sur iTélé, se charge d'une revue de presse avec des gros morceaux de people. C Foot a vraiment utilisé la méthode Aulas : on pille la concurrence et on bouffe tout le monde. Ils n'avaient sans doute pas imaginé l'arrivée d'Al Jazeera dans le jeu pour l'année prochaine.
De gros intervenants et des informations pas fraîches
Mais avant d'être vidé par les proprios du PSG, C Le Talk commence à être un peu trop chargé. En face des consultants vedettes Grégory Coupet et Bernard Diomède, on retrouve aussi ce soir le président de la Ligue, Frédéric Thiriez, et le président du LOSC, Michel Seydoux. Un joli coup, au lendemain d'un Trophée des Champions particulièrement polémique. Cette facilité à obtenir des intervenants sera d'ailleurs certainement l'un des points forts de la chaîne. Au fil de sujets montés “à la Téléfoot” (le présentateur ne doit pas être dépaysé), C Foot montre en effet qu'on ne refuse pas facilement une interview à l'organe officiel de la Ligue, sortant par exemple un Rudi Garcia de son chapeau pour un petit sujet sur Lille. Cela permettra peut-être de rattraper le niveau du bandeau défilant en bas de l'écran, qui apprend pêle-mêle que Galatasaray a officialisé le transfert de Muslera, que Laurent Blanc annoncera sa liste pour le Chili le 4 août, ou que Nantes s'est mis d'accord avec Rudy Riou. Bref, des infos d'il y a huit jours.
Julie Raynaud n'a pas dû s'en rendre compte, elle qui décide de couper une conversation tactique parce qu'elle n'y comprend rien : « Ça doit être sympa les soirées avec vous » . Et puis elle se lâche, repense à son époque Grosse Emission en s'écriant « J'ai envie d'être folle, ce soir » . Le coup d'envoi d'une phase beaucoup plus détendue nourrie aux fous rires et conclue par la dernière rubrique au nom évocateur, « l'interview décalée » . Face caméra, un joueur répond à des questions du style « Pourquoi les minutes de silence ne durent jamais une minute ? » ou « Est-ce que les avocats ont eux-mêmes des avocats pour les défendre ? » * A 20h30, le duo de présentateurs lâche l'antenne provisoirement : « On se retrouve à 22h pour C Le Talk, la suite » . Merci, ça ira pour ce soir.
Thomas Pitrel
* Oui, ça vous dit quelque chose : normal, l'auteur bosse pour un mensuel de foot, culture et société.
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