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- Streaming sportif illégal
C’est quoi cette histoire de procès autour du streaming illégal ?
Par Alexandre Aflalo
3 minutes
Jeudi, à Rennes, cinq pirates des Internets se retrouvaient sur le banc des accusés pour avoir géré et alimenté, de 2014 à 2018, une plateforme majeure du streaming sportif illégal en France. Comment s'y sont-ils pris ? Que risquent-ils ? Est-ce la première étape d'une disparition totale des sites pirates en France ? On y était, on vous dit tout.
Déjà, c’est quoi cette histoire ?
En 2017, un Breton d’une quarantaine d’années est identifié par la section de recherches de Rennes comme l’un des administrateurs de l’une des plus grosses plateformes françaises de streaming sportif illégal. Selon les estimations de Médiamétrie, cette plateforme, composée de plusieurs dizaines de sites « miroirs » interconnectés, a été utilisée par près de 7,5 millions de visiteurs uniques entre mars 2014 et juin 2018, la plaçant parmi les mille sites les plus visités de France. Après plusieurs mois d’écoutes et d’enquête, la gendarmerie parvient à remonter vers quatre associés en Bretagne, dans le Nord, en Gironde et dans la Marne. Les cinq hommes sont successivement placés en garde à vue à l’été 2018. Ils se retrouvaient (pour quatre d’entre eux) jeudi à Rennes pour leur audience devant la chambre correctionnelle de la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs), audience qui devait donner une idée de la sanction pénale qu’ils pouvaient prendre. Le principal prévenu, le Breton identifié dès 2017, est accusé d’avoir touché, grâce à la publicité affichée sur ces sites de streaming, environ 230 000 euros.
Qu’est-ce qu’ils risquaient, exactement ?
Pour les délits de contrefaçon, diffusion non autorisée et, pour certains, blanchiment aggravé, les peines pénales encourues pouvaient aller jusqu’à 10 ans de prison ferme. Rien de cet ordre n’a été prononcé au terme de l’audience : le procureur de la République a requis 100 000 euros d’amende pour le principal prévenu, créateur de la plateforme et qui en aurait tiré le plus gros bénéfice ; 20 000 euros pour son principal complice ; et 5 000 euros pour les trois autres, qui sont intervenus à des degrés moindres. Canal+, beIN Sports et le groupe SFR, qui s’étaient constitués parties civiles dans cette affaire, ont par ailleurs bien insisté sur l’étendue du préjudice qui leur avait été causé. Pour la seule chaîne cryptée, il avait d’abord été estimé à 60 millions d’euros, puis abaissé à 29,9 millions d’euros. Les deux autres groupes n’ont, pour le moment, pas donné d’estimation.
Est-ce le début de la fin du streaming illégal ?
Clairement, ce coup de filet a de quoi réjouir ceux qui luttent contre le streaming illégal, et la sanction qui sera prononcée constituera sans doute un précédent en la matière en France, ce genre d’affaires n’allant que très rarement jusqu’au procès. Mais plusieurs choses sont à souligner. La première, c’est que le principal prévenu, qui avait pourtant pris soin de dissimuler son identité en acquérant ses noms de domaine via des faux noms, adresses et adresses mail, avait utilisé son numéro de téléphone personnel pour créer l’un de ces sites ; ce qui a permis de l’identifier et donc de démanteler tout le réseau. Ce qui n’est pas spécialement très malin, hein. La deuxième, c’est que le plus gros des acteurs du streaming, et notamment les « players » (ceux qui sont derrière les lecteurs vidéo qui permettent de voir les matchs) ne sont pas en France, mais dans des pays d’Amérique du Sud ou d’Europe de l’Est. Enfin dernière chose et selon les mots du principal prévenu lui-même : « Le streaming, c’est déjà mort, c’est fini. » En effet, le futur est déjà là. Il s’appelle IPTV et fait déjà s’arracher les cheveux aux pourfendeurs du streaming. Parce que la piraterie n’est vraiment jamais finie.
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