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Buenos Ivresse, plongée dans les stades de Buenos Aires

Par Ken Fernandez, à Buenos Aires
4 minutes
Buenos Ivresse, plongée dans les stades de Buenos Aires

Avec plus de 30 stades d'au moins 10 000 places, le football à Buenos Aires n'a pas d'égal. La passion démesurée des hinchas argentins pour leur équipe non plus. De la Bombonera au Cilindro, en passant par le Maradona, l'ambiance des virages, les canchas, continue d'écrire la légende de la Superliga.

Dans la fosse, une dizaine d’enfants se désintéressent du choc de Libertadores, opposant Independiente aux Corinthians. À un mètre des pros, seulement séparés par un plexiglas, ils disputent avec leur ballon mal gonflé une partie autrement plus importante. Pour un Européen, l’image a de quoi surprendre. À Avellaneda, dans les stades des deux rivaux du Racing Club et d’Independiente, séparés de seulement 100 mètres, elle se répète à chaque match. En Argentine, l’école n’est pas une excuse pour priver les pibe de match. Le supporterisme est une histoire de famille qui débute à la naissance et se vit, avec excès, jusqu’à la tombe. Au-delà des fantasmes, le football est une religion. Il s’affiche chaque jour à la Une des journaux, inonde la télévision et les radios et n’est jamais très loin dans les conversations des porteños. Une passion rare dont les stades sont le théâtre.

Bus scolaires, vieux stades et Macri

Un bus scolaire orange arrive dans le brouhaha. Par les fenêtres et la porte ouverte, les barras bravas d’Independiente soignent leur arrivée au Libertadores de America. À quelques minutes du coup d’envoi, partout le même spectacle. Les rues perpendiculaires de la capitale se remplissent de vagues de hinchas. Du quartier sans grand relief du Liniers de Vélez, à la populaire Boca ou dans la villa misere – favela argentine – où a été construit le Nuevo Gasometro de San Lorenzo, les murs débordent de graffitis retraçant la légende du club. L’odeur des asados de fortune où se pressent les familles envahit les abords des stades. Les femmes et les enfants sont nombreux et arborent sans exception le maillot de leur club. Les plus chauds exhibent leurs tatouages et s’échauffent la voix en enquillant les bouteilles de Quilmes. Passé des fouilles légères, les supporters pénètrent dans leur arène.

Le champêtre estadio Maradona, d’Argentinos Junior, a été construit en 2003. Déjà vétuste et inondé par un soir de pluie, il illustre parfaitement l’état des stades argentins. D’immenses blocs de béton chargés d’histoire qui portent comme un fardeau le poids des années. Pas de formidable outil à Buenos Aires, n’en déplaise à Jean-Michel Aulas. Ce décor plein de charme est animé par la ferveur enivrante de ses hinchas. Les « boludos » et « concha de tu madre » des socios descendent des tribunes ouvertes à un rythme machinal. La clope au bec, les anciens profitent des papelitos et des feux d’artifice de la Popular. « Por estos colores doy la vida entera, oh vamos San Lorenzo, vamos a ganar » ( « Pour ces couleurs, je donne toute ma vie, oh allez San Lorenzo, on va gagner » , en VF), s’époumone la hinchada cuerva de San Lorenzo sur l’air de Despacito. Au rythme des trompettes et des repiques, les virages, debout, les bras tendus, chantent sans interruption leur gloire.

Lieu de communion sans égal, la cancha délivre ses messages en chanson : moqueries et insultes envers les nombreux rivaux. Même le président, Mauricio Macri, en prend pour son grade. La folie des hinchas explose, comme les décibels, à chaque golazo des locaux. Dans la mythique Bombonera, les tribunes tremblent sous les sauts de sa Doce, et le Monumental s’embrase lorsque les supporters sautent aux grilles qui surplombent les barbelés. Au Racing, même les policiers ne résistent pas à cette hystérie collective. Le stade est un condensé d’émotions rares où frisson et démesure se joignent.

Attention à la gueule de bois

Tout n’est pourtant pas rose au pays des barras bravas. La passion a trop souvent franchi la frontière de la violence. Depuis 1922, le football a fait plus de 300 victimes en Argentine et de nombreux fans se sont détournés des stades. Depuis cinq ans, les visiteurs sont interdits de déplacement. Sur le terrain, les problèmes économiques du football argentin ont des conséquences. Les joueurs quittent de plus en plus tôt le pays de Diego à la recherche de meilleurs salaires et cela s’en ressent sur la qualité de la Superliga. Un turnover qui rend plus difficile l’identification aux nouvelles idoles pour les hinchas. À Buenos Aires plus qu’ailleurs, les supporters sont les premiers acteurs du spectacle qu’ils alimentent. Le stade, le temple des valeurs et de l’histoire du football argentin. Un paradis du ballon rond à consommer sans modération.

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