Le désarroi suisse
La Suisse aura préparé pendant cinq ans son Euro. Elle ne sera restée en compétition que cinq jours. Jamais une équipe organisatrice n’aura été évincée si facilement. Petite revue de presse locale après la débâcle d’hier soir.
Si malgré le fiasco, la réaction du public est relativement indulgente, la presse n’épargne en revanche rien à la Nati.
Il y a toujours le populiste Blick pour titrer que « la Suisse est championne d’Europe de Malchance » et dresser une liste d’excuses. La maladie de la femme du sélectionneur, les blessures de Frei et Streller, la main d’Ujfalusi, la pluie du match contre la Turquie, tout y passe. Mais la vérité est ailleurs.
Pour 24 heures, « les Suisses ont passé leur temps à accepter des sollicitations publicitaires au lieu de se préparer à la compétition. Quand on est aussi faible à la base, on se doit de ne négliger aucun détail » . Pas faux.
Le niveau des joueurs est lui aussi passé en revue. Car dans la débâcle, certains sont plus responsable que d’autres. C’est facile, mais le gruyère suisse n’a jamais été aussi bien représenté qu’avec la charnière centrale Senderos – Müller. Les leaders attendus ont été inexistants à l’exception de Behrami. Alex Frei et Marco Streller sont excusés, ils ont vite été blessés. Volanthen est apparu hors de forme alors que Barnetta n’a pas été à la hauteur des espoirs placés en lui. Le Matin résume l’état d’esprit général avec un « ce n’est pas le Barnetta que nous aimons » .
Pour certains opportunistes, la défaite de la sélection Helvète n’est pas seulement due aux insuffisances des joueurs qui la composent. Comme les Belges avec les Wallons et les Flamands, les Suisses sont aussi divisés entre Romands et Germains. Et il ne faut pas chercher plus loin pour certains, l’unité Suisse n’est que vaste utopie. C’est ce qu’explique en substance Pascal Sciarini, ancien footballeur, aujourd’hui dans la politique : « Derrière le plan national et l’idée d’une Suisse unifiée, il y a un vide inquiétant. La Suisse multiethnique est une mascarade et l’on aurait mieux fait de débattre sur une règle des quotas linguistiques » .
La réaction du futur ex-sélectionneur Kobi Kuhn est quant à elle plus honorable : « Que la fête continue » .
RC