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Bleus : plus qu’une marche à franchir afin de rejoindre le Qatar
Un peu plus d'un mois après avoir ramené une autre coupe à la maison, l'équipe de France replonge samedi pour définitivement valider son billet pour la Coupe du monde au Qatar. Opposés au Kazakhstan sur le billard d'un Parc des Princes qu'ils n'ont plus visité depuis octobre 2013, les Bleus doivent surtout se prouver deux choses : qu'ils progressent dans leur mise à mal des blocs bas et que leur nouveau système a bien un avenir devant lui.
Un bloc, trois lignes serrées, des hommes bleus qui peinent à démêler les fils d’un casse-tête, une nuit un peu fade et un public qui fait la moue. Depuis l’été 2012, date de l’arrivée de Didier Deschamps au poste de premier entraîneur de France, ce scénario a fait le tour du monde et il est possible de ressortir plusieurs épisodes de notre boîte à souvenirs. Pêle-mêle : la Géorgie en 2013, l’Albanie en 2014, en 2015, et à l’Euro 2016, tournoi où il y a également eu des batailles avec la Roumanie et l’Irlande, mais aussi l’Australie au Mondial 2018, la Hongrie au dernier Euro, et plus récemment la Bosnie… Généralement, lorsqu’il lui est demandé de prendre le contrôle d’une rencontre face à un adversaire réputé plus faible, l’équipe de France piétine, peine à engendrer de l’intensité et du rythme, et paie certains manques. Grave, docteur ? Pas tellement, lorsqu’on sait que l’essentiel aux yeux de Didier Deschamps est le résultat, ce qu’il a répété une nouvelle fois cette semaine, et que les Bleus ont souvent réussi à s’en sortir grâce à la qualité individuelle de ses éléments. Plus embêtant, lorsque cela reste une limite après neuf ans de mandat et qu’un titre de champion du monde est passé par là, ce qui a un peu plus encore poussé les blocs adverses à se rétracter autour de leur surface. À un an du Mondial 2022 au Qatar, que l’équipe de France verra en cas de victoire samedi soir au Parc des Princes, le principal chantier de ce groupe est toujours le même, et le dîner du week-end avec le Kazakhstan doit être l’occasion d’un nouveau test utile en ce sens, ce que Deschamps a rappelé cette semaine : « Après ce que j’ai vu à la Ligue des nations, malgré la victoire finale, j’ai bien conscience que l’on doit gagner en maîtrise. Face au Kazakhstan, déjà, on devrait avoir plus le ballon qu’eux. On n’a pas peur, on respecte l’adversaire, et on sait que plus on maîtrisera, moins on laissera de place au hasard et à l’incertitude. En football, il suffit de peu… Faisons en sorte qu’il n’y ait pas ce « peu ». Pour atteindre cet objectif, notre animation offensive va être essentielle. On sait à quoi on va être confrontés, à un bloc dense et bas, et on sait que c’est la diversité et les prises d’initiative qui nous aideront à nous en sortir. »
Ne plus jeter de pièce en l’air
Ce qui nous amène au système et aux hommes qui l’animent. Au Parc, les Bleus devraient se pointer samedi avec le 3-4-1-2 invaincu depuis trois rencontres. L’important n’est cependant pas la recette, mais le choix des ingrédients : va-t-on revoir l’équipe de France envoyer un pressing haut comme lors de la seconde période livrée en septembre, à Turin, contre la Belgique ? Va-t-on avoir le droit aux quelques bonnes prises d’initiatives à la relance de Jules Koundé ? Ou, au contraire, va-t-on voir cette bande être à la peine à la création et des milieux qui enchaînent les décrochages pour compenser le manque d’audace des centraux (Upamecano a pourtant l’habitude de briller à la relance au Bayern, mais peine encore à se lâcher en sélection), ce qui prive ensuite la France de solutions un cran plus haut sur le terrain ? En choisissant de ne pas surcharger ses joueurs de consignes, Didier Deschamps souhaite miser sur la créativité et la fraîcheur d’esprit de ses hommes. Le sélectionneur sait également que ce pari a des limites et qu’affronter un bloc bas demande autre chose que de lancer une pièce en l’air. À savoir : du mouvement, des zones cibles, des plongées dans la profondeur, des projections entre les lignes, du jeu intérieur, des permutations… « Il faudra entrer avec la bonne agressivité, la bonne intensité et de bonnes intentions afin d’emballer le match le plus vite possible. Il faut se rendre les matchs faciles en marquant tôt », a alors résumé Hugo Lloris, vendredi après-midi, en conférence de presse, tout en ayant conscience que l’équipe de France doit se passer de son principal moteur (Paul Pogba) et de deux des trois titulaires de sa défense de septembre (Presnel Kimpembe et Raphaël Varane). N’Golo Kanté, qui n’a plus joué depuis l’élimination face à la Suisse en juin, risque alors d’être scruté plus que ses potes, et quelque chose dit que le milieu de Chelsea a de quoi s’éclater dans la nouvelle animation des Bleus. Autre homme attendu : Kingsley Coman, qui pourrait être aligné en piston droit à la place de Benjamin Pavard afin d’ajouter un marteau-piqueur à l’animation offensive tricolore. Déambuler sur les dunes n’est plus qu’à une marche, autant qu’elle soit gravie avec la manière.
Par Maxime Brigand