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Au fait, France-Suède, c’était de l’art

Par Adrien Pécout
4 minutes
Au fait, France-Suède, c’était de l’art

D’une reprise acrobatique, Ibrahimović a livré la pleine mesure de son talent, mardi, lors de la victoire suédoise face aux Bleus (0-2), à l’Euro 2012. Il faut croire que les rencontres entre la France et la Suède inspirent les artistes. La preuve avec le match amical disputé en nocturne il y a cinquante ans, au Parc des Princes, pour le plus grand plaisir du peintre Nicolas de Staël.

26 mars 1952, à Paris. Quelque 35 000 spectateurs se pressent au Parc des Princes. L’équipe de France reçoit en amical la Suède. Dans les tribunes, un invité surprise. Le peintre Nicolas de Staël prend place en compagnie de sa femme. Heureuse décision. À 38 ans, ce match lui procure un choc artistique qui donnera lieu à une vingtaine de tableaux. Comme quoi, son intuition fut la bonne. Pas sportif pour un sou, il s’est décidé à aller au Parc pour assister au premier match organisé en nocturne dans le stade parisien. Une prouesse technique dans cette enceinte qui accueillera, en juin de la même année, la finale de la Coupe latine de football, ancêtre de la C1. « Le 26 mars, Nicolas de Staël se rend au match comme il se serait rendu à une exposition ou à un concert de jazz. Ce qui l’intéresse n’est pas le football, ce pourrait très bien être du rugby. À ce moment, il recherche un choc esthétique, une révélation, pas un choc sportif. Là où un amateur de football voit un beau dribble, Nicolas de Staël observe une sorte de bataille de muscles, sous des lumières prodigieuses » , résume le journaliste et écrivain Laurent Greilsamer, auteur de la biographie Le Prince foudroyé : la vie de Nicolas de Staël(1998).

Rond ou ovale, qu’importe le ballon, donc, pourvu qu’on ait l’ivresse. Dans l’ancien Parc des Princes, Nicolas de Staël en prend plein les mirettes. Il saisit le sport dans une exaltation du corps qui n’est pas sans rappeler, par son approche, celle de l’écrivain Henry de Montherlant. Formes, couleurs et mouvements prennent un tour nouveau, éclairés par plus de plus de cent projecteurs. Dès le coup de sifflet final, le natif de Saint-Pétersbourg regagne son atelier, rue Gauguet. Les deux mois qui suivront, il représentera les sportifs en action dans une série de tableaux appelée Les footballeurs. « Entre ciel et terre, sur l’herbe rouge ou bleue, une tonne de muscles voltige en plein oubli de soi, avec toute la présence que cela requiert, en toute invraisemblance. Quelle joie ! René, quelle joie ! » , biche-t-il dans une lettre adressée à son ami, le poète René Char, en avril 1952. Issu de la noblesse russe ayant fui la Révolution d’Octobre, Nicolas de Staël utilise dans ses toiles-là une dominante de bleu, de blanc et de rouge. « Il avait obtenu sa naturalisation française à la fin des années 40, l’élément patriotique n’est pas complètement absent dans ses tableaux du match, même de manière subliminale ou inconsciente » , constate, amusé, Laurent Greilsamer.

La toile qui reste surtout dans les mémoires mesure 7 mètres carrés et appartient désormais à une collection particulière. Par ses dimensions, Le Parc des Princes a nécessité l’usage de spatules et de morceaux de tôle pour peindre de larges bandes colorées. Mal reçu par les critiques parisiens au Salon de mai, en 1952, le tableau se situe entre art abstrait et peinture figurative. À la croisée entre deux écoles. À l’époque, Nicolas de Staël refuse ce qu’il nomme avec humour « le gang de de l’abstraction avant » . Exposés en 2003 au Centre Pompidou de Paris, ses tableaux de footballeurs marquent même un retour vers la figuration. Sans pour autant être très réalistes : il ne s’agit que de formes en mouvement, n’espérez pas reconnaître les joueurs français présents au match. Il y avait pourtant du beau linge : le gardien René Vignal (R.C. Paris), mais aussi Kader Firoud (Nîmes), Jean Baratte (Lille) et bien sûr Robert Jonquet (Stade de Reims), futur capitaine de la France au Mondial 58 (… en Suède). Sans doute Nicolas de Staël ignorait-il le CV de ces hommes-là. Le sien prendra tragiquement fin peu de temps après, avec son suicide à Antibes, en 1955, à 41 ans. Ce soir de mars 1952, il devait bien se moquer du score de la rencontre. La Suède s’était imposée 1-0 face aux Bleus. But de Sven-Erik Westerberg à la 86e minute. Quels peintres, ces Français !

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Par Adrien Pécout

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