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Zeidler : « J’ai été prof pendant 20 ans ! »
Pour les ignorants, Peter Zeidler est un entraineur allemand qui officie depuis cinq mois à la tête de Tours, en Ligue 2. Plus pelé que Franz Beckenbauer, plus consistant que Gernot Rohr, ce grand bavard aime parler foot, Aimé Jacquet, bons sentiments, formation, Éducation nationale, Hoffenheim et Touraine. Mais surtout de lui… Dans un français impeccable !
Ce soir, Tours affronte Bastia pour son dernier rendez-vous en 2011. Une victoire serait le cadeau de Noël parfait pour vos supporters ?
On va essayer mais Bastia est une très bonne équipe. Je vais également en profiter pour découvrir la Corse. C’est juste dommage que nous n’y restions que six heures. On prend l’avion le matin et on rentre le soir même, pour le début des vacances. Tout le monde n’attend que ça (rires). Mais attention, nous n’y sommes pas encore.
De toute manière, les fêtes se passeront bien après la taule que vous avez infligée vendredi à Guingamp (5-1)…
D’accord, ça fait toujours du bien d’en mettre cinq, une première, mais nous avons maîtrisé un paquet de matchs, cette saison. Et bien souvent, on n’y marquait pas le moindre but. On a bien joué là, bien joué ici, bien joué là-bas. Mais vendredi, on a gagné ! Je suis surtout très satisfait de l’état d’esprit et du pressing constant mis en place par mon équipe. Pressing, pressing haut, c’est très important ! On a marqué au bon moment. Et puis nous avons tout de même continué à jouer, presser haut je le disais, pour inscrire au final deux buts sur contre. Guingamp restait quand même sur 9 matchs sans défaite. C’est bien, nous étions dans les journaux locaux tout le week-end. Mais il faut relativiser.
Vous êtes arrivés à Tours cet été en provenance d’Allemagne. Que pensez-vous du niveau du football français ?
Très bon. Je connais très bien le championnat français pour y avoir supervisé des joueurs avec Hoffenheim. Et puis quand je suis arrivé à Tours, j’ai été très agréablement surpris du niveau technique. Il y a de très bonnes équipes, de très bons coachs. Entre l’Allemagne et la France, le niveau n’est pas très éloigné. Si, une différence importante : le public. Il y a 40 000 supporters à Francfort, en L2. Même Lens, en France, est loin de faire aussi bien. Ce n’est pas vraiment un problème pour moi mais au départ, la sensation est très bizarre…
Entre nous, comment un coach allemand et prometteur de Bundesliga se retrouve parachuté en deuxième division française, à Tours, en Indre-et-Loire ?
On me pose toujours cette question. Comment dire ? Non, c’est vrai, mon rêve a toujours été de m’installer en France. En Allemagne, personne ne me comprend mais je voue sincèrement et depuis un bon bout de temps, un amour sans borne pour la France, le pays, sa culture mais aussi son football. Un rêve qui date du lycée. C’est vieux ! Et puis cette affection s’est cristallisée en 1998 avec le titre de champion du Monde de votre équipe nationale. J’adorais cette équipe. (Attendez, je cherche ma bagnole ! La voilà, c’est bon.) Oui, oui, au départ, vous savez, je ne pensais pas débarquer en France en tant qu’entraineur de foot pro. Et puis les dirigeants de Tours m’ont appelé. Je n’y croyais pas. Un rêve est devenu réalité. Mais la réalité aujourd’hui, ce sont les résultats sportifs. Je sais, c’est une banalité de dire ça, tous les entraineurs du monde la sortent mais c’est le foot qui m’a appris à vivre dans le réel. Bon, on peut dire qu’aujourd’hui, je vis mon rêve. La France et le foot !
Vous ne pensiez pas vous installer en France en tant qu’entraineur de foot professionnel… C’est à dire ?
En fait, je n’ai pas toujours été entraîneur de foot pro. Pendant vingt ans, j’ai été professeur de français et d’éducation physique au lycée, auprès de jeunes Allemands de 11 à 18 ans. D’où ce goût prononcé pour la culture française. D’où le fait aussi que je ne parle pas trop mal français. Deux matières, c’est comme ça dans l’enseignement allemand. Deux passions, deux métiers, dont celui d’enseignant à mi-temps qui me prenait environ 10 heures par semaine. À côté de cela, j’avais tout le temps nécessaire pour entraîner des équipes de foot. Pour vous dire, j’ai commencé à Stuttgart, pendant dix ans, en alternant le lycée et la direction du centre de formation. J’y ai coaché toutes les catégories d’âge. De l’école au terrain, il n’y avait qu’un pas. J’ai ensuite fait un tour du côté d’Aalen, au sud de l’Allemagne, puis à Nuremberg, entre autres. Toujours dans la même configuration : prof et entraineur à la fois !
Vous n’avez jamais été joueur professionnel ?
J’ai joué longtemps mais seulement au niveau amateur. J’ai même été entraineur-joueur en 4e division. Dès l’âge de 24 ans, j’ai commencé à m’occuper des gamins. Mais attention, oh, je sais jouer au foot. Je sais comment ça marche quand même.
En clair, pendant vingt ans, vous avez mené une double vie agent Zeidler…
Exactement. Je sais, oui, je suis une exception dans le football. Mais vous savez, j’ai essayé d’allier le lycée et le foot le plus longtemps possible. C’est à contre-cœur que j’ai dû arrêter l’enseignement pour me consacrer pleinement à mon activité d’entraineur-adjoint, quand mon ami Ralf Rangnick m’a proposé de l’assister à Hoffenheim. Je ne pouvais plus faire les deux, faute de temps. Trop pris, j’ai dû faire un choix. Un choix qui s’est tourné vers le foot ! Sachez juste une chose : il est très important pour moi que les jeunes travaillent leur tête dans ce métier. La tête ! Le contrôle extérieur, c’est super, parfait, mais la scolarité est quelque chose de primordial dans le travail de formation. Les joueurs comme les élèves sont jugés chaque semaine. Il y a la vie du groupe. C’est un aspect essentiel qui me plaît. Il faut éduquer les jeunes footballeurs dans tous les domaines, leur apprendre autre chose que le sport. Il n’y a pas que le corps dans le football. Il y a le cœur aussi !
La direction de Hoffenheim donc, petite ville allemande de 3272 habitants, connue principalement pour son club de foot. Vous y avez passé trois années riches en rebondissements. Le Bayern s’en souvient encore…
Oh là Hoffenheim ! Bon, c’est à ce moment que j’ai fait le choix donc, avant d’y aller, de quitter la fonction publique et mon poste d’enseignant de français et d’éducation physique. J’étais l’adjoint de Ralf Rangnick. Nous sommes montés deux fois consécutivement, de la troisième à la première division, pour atteindre la Bundesliga et le titre honorifique de champion d’automne en 2008. Devant le Bayern ! En février 2009, nous étions même encore leader et nous rêvions d’Europe. Vous imaginez, une petite commune de je-ne-sais-plus combien d’habitants – combien vous avez dit ? – qui venaient tous les week-ends au stade pour nous voir jouer les premiers rôles. Et puis malheureusement nous avons fini la saison en milieu de tableau. Avec le recul, les joueurs se sont vus trop forts, nous avons commis quelques erreurs.
Un petit club dirigé par Dietmar Hopp, entrepreneur et milliardaire allemand, 698e fortune du monde selon Forbes, qui a déjà investi plus de 150 millions d’euros dans le club. Un grand malade quoi ?
(Rires) Il n’a rien à voir avec les Qataris ou un Abrahmovitch. Dietmar Hopp, avec deux « p » , est né à Hoffenheim, sa terre natale. Il y a même joué durant sa jeunesse alors que le club n’était qu’au 9e ou 10e niveau allemand, un truc dans le genre. Le président a eu la chance de faire fortune dans l’informatique et a investi beaucoup d’argent dans son club. Nous avons eu un centre d’entrainement tout neuf, le plus moderne d’Europe, un stade à 40 millions, un staff, des kinés, etc. Je ne sais pas, mais avant que je parte, il pesait 4 ou 5 milliards d’euros. Et malgré tout, j’ai démissionné. Comme quoi…
Vous avez posé votre démission en janvier 2011, en compagnie de l’entraineur principal Ralf Rangnick. Quels évènements sont venus conclure cette tragi-comédie ?
Je suis venu pour Rangnick. Il a démissionné, je suis parti avec lui. Un pacte signé entre nous depuis le début. Il était l’entraineur principal. Ou plutôt, comme on dit déjà ? Manager, oui, c’est ça. En charge du recrutement. Et moi j’étais entre guillemets l’entraîneur. Je m’occupais des séances d’entraînement.
Oui mais pourquoi avez-vous quitté le club ?
Avec la crise économique, Hopp a voulu faire rentrer de l’argent dans les caisses. Il a vendu notre Brésilien Luiz Gustavo au Bayern Munich pour 17 millions d’euros. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Des tensions existaient auparavant. Ce transfert n’a pas plu à Ralf, nous sommes donc partis. Ensuite, j’ai eu la possibilité de le suivre à Schalke. Il me l’a proposé. Mais quand tu approches les 50 ans, tu as envie de t’émanciper un petit peu et de devenir entraineur principal.
Et puis c’est le drame, Tours ! Non sérieusement, heureux ?
Tours m’a donné cette chance. J’ai pris le risque et je ne le regrette pas. Je suis venu avec ma femme et mes deux filles, qui sont à l’école française. On s’habitue très bien à la vie française, grâce au club, au staff, à la ville, l’ambiance, le centre-ville… Le week-end, je prends le vélo à cause des travaux, et je me balade. Et puis je fais une petite pause dans un café. C’est typiquement français ça ! Non franchement je me régale, même si ce n’est pas toujours facile sportivement. Comme je dis souvent : je vis mon rêve même si ce dernier est inscrit dans une réalité. Et la réalité, ce sont les résultats !
La réalité, c’est surtout le maintien pour vous cette saison ?
Nous n’avons pas les résultats espérés, c’est certain. Les débuts ont pourtant été bons. Mais pour le moment, nous perdons les rencontres importantes. Contre Lens, Angers, Troyes, il nous a manqué un petit truc. Il nous manque encore quelque chose pour bien figurer dans ce championnat. Nous sommes plusieurs à ne pas vouloir descendre : Monaco, avec les Russes maintenant, Le Mans, Lens et bien d’autres. C’est très serré. Alors oui, à Tours, l’année dernière, il y a deux ans même, on parlait Ligue 1. Je sais tout ça. Cette année, nous avons eu une longue discussion en interne et on va désormais causer maintien. Après on verra. On vient juste de refaire le centre de formation, c’est essentiel et très important pour l’avenir. Les équipes de jeunes sont très bonnes : les U17, U19, très bien encadrés. Il faut trouver le bon moment. Ça va venir. Attendez la saison 2013-2014 pour nous juger. Cette saison, c’est une année de transition.
« Je projetais des vidéos de l’Equipe de Frace 1998 à mes joueurs »
À Hoffenheim, vous surpreniez toute l’Europe avec votre beau jeu, une tactique basée sur l’offensive, avec une grosse récupération, un pressing haut. C’est ça le style Zeidler ? Le football total ?
C’est prétentieux de dire cela. C’est même une banalité. Tout le monde rêve de jouer comme le FC Barcelone. Moi, oui, ok, j’ai toujours admiré le grand Milan, Barcelone donc et même Aimé Jacquet en 1998. J’aime le beau jeu, en une touche, avec une grosse capacité de récupération, un pressing constant. Si vous saviez, en Allemagne, je projetais un nombre incalculable de vidéos de l’Équipe de France de 1998 à mes jeunes. Les Allemands adorent le côté esthétique des joueurs français, les petits arrières latéraux techniques comme Lizarazu. Même si bon, lui était plus dans l’agressivité ! Euh, sinon, Youri Djorkaeff, Christian Karembeu aussi, qui savait allier physique et technique, tout en gardant une tactique individuelle très forte. Tous ceux qui sont passés par l’Allemagne en fait (Rires).
Mais ce sont des clichés…
Bien sûr. Mais ils sont à prendre au sérieux. Inversement, les Allemands pensent que les joueurs français ne se battent pas assez sur le terrain. Ils lâchent trop tôt. Chez nous, on nous apprend dès le plus jeune âge à manger de l’herbe, vous comprenez. En tous cas, les Français sont autant bosseurs. Peut-être un peu moins gagneurs !
Et les poncifs des Français sur les Allemands. Quels sont-ils ?
Un cliché classique : les Allemands ne sont pas techniques ! Même si avec Özil, Mario Götze et compagnie, notre image est en train de changer.
Un mot sur la révolution du Nachwuchsarbeit(travail sur la formation allemande) dont vous êtes l’un des instigateurs. Une formation désormais mise en lumière, avec cette génération dont vous parlez : les Özil, Khedira, Götze…
En 1990, l’Allemagne a été championne du monde. Ce jour-là, le Kaiser a dit qu’avec les joueurs de l’ex-Allemagne de l’Est, personne ne pourrait plus nous battre. C’est une erreur. Pendant longtemps, on s’est crus meilleurs que les autres. C’est aujourd’hui en train de changer. On commence à s’ouvrir, à écouter, à regarder autour de nous. Il faut revoir notre manière de former les jeunes. On vise la qualité. Avec Ralf Rangnick, Thomas Tuchel ou Jürgen Klopp, on est allés voir ce qui se faisait ailleurs pour le reproduire dans nos écoles de foot. Tous, nous avons été piocher dans ce qui se fait à l’étranger, dans d’autres sports, en France, en Italie, avec les entraînements programmés le matin par exemple. Ralf a laissé tomber notre vieux marquage individuel, bien discipliné, pour la zone. Jûrgen est en passe de produire un vrai football à Dortmund, avec un sens tactique, du pressing, un véritable esprit de groupe. Ça se construit un peu. Et oui, aujourd’hui, on peut dire que l’Allemagne, tout comme la France, est arrivée à un certain niveau dans la formation. Mais attention, oh, c’est loin d’être fini. Si je puis me permettre, en m’adressant aux formateurs, n’oubliez pas vos valeurs : le collectif, la vie de groupe, le plaisir, le plaisir d’être ensemble, la vie en dehors du foot. C’est très important.
Une âme de formateur et une méthode que vous essayez d’appliquer aujourd’hui à Tours ?
Tours a besoin de trouver sa propre philosophie. La base, c’est de créer quelque chose avec les jeunes. Du côté de Stuttgart, j’ai participé à la formation de Khedira et de Gomez. Vous connaissez, n’est-ce pas ? L’important c’est le plaisir de jouer, de récupérer ensemble. Vendredi matin, j’ai lu un article dans l’Équipe, sur Amalfinato je crois, et le journaliste disait un truc, en gros, que le plaisir du jeu n’était pas incompatible avec la discipline. C’est exactement cela. J’aime les joueurs individuels, mais l’essentiel est dans le collectif. Encore une banalité (Rires). Dans le foot moderne, on n’achète des joueurs que pour les revendre six mois après. C’est dommage, ils n’ont pas le temps de s’adapter à une tactique précise et de comprendre tes idées. Bref, on essaie de construire quelque chose à Tours. Tiens, ce matin, j’ai eu une longue discussion avec les jardiniers durant deux heures. L’idée c’est de créer une famille. En fait, j’ai trouvé ce que je voulais dire : si on arrive à être des « amis » , on peut faire quelque chose.
Faire quelque chose avec notamment le petit Diego : un Brésilien déniché au fin fond de la Hongrie, au Budapest Honvèd. À les entendre, vos dirigeants ne tarissent pas d’éloges sur ce jeune milieu offensif. Même son de cloche de votre côté ?
Oui, et j’aimerais bien le garder, mais ce n’est pas dans mes cordes. Je ne connais pas les comptes (Rires). Oui, très bon joueur. Spectaculaire. Pendant dix minutes, tu ne le vois pas, et puis il est décisif. Il sait dribbler. Belle frappe. Il tire bien les coups francs. Très bon démarrage. Il fait les appels au bon moment. Mais il peut encore s’améliorer. Sa marge de progression est énorme, comme tout l’effectif d’ailleurs. Tenez, prenez notre jeune recrue Léo Schwechlen, 22 ans. Il a été formé à Monaco mais ne jouait qu’en CFA. Avec nous, il en est déjà à 12 matchs en Ligue 2. Vous voyez, l’objectif c’est de gagner avec les jeunes !
En parlant de comptes, le club a failli être relégué en National cet été. La faute à un déséquilibre prévisionnel dans le budget, et ce, juste après votre arrivée. Elle est très accueillante la DCNCG chez nous, hein ?
Oui c’est bizarre. En France aussi, on veille beaucoup à l’équilibre des comptes, contrairement à l’Allemagne. Un scénario très intéressant : on joue la première journée, la seconde, tout se passe bien. Et puis le manager arrive dans mon bureau et m’explique la situation : problème de déséquilibre dans le budget. Comment on dit déjà ? L’Epée de Damocl’… Damoclès, oui c’est ça. On a été contraint de vendre Abraham Guié Guié à Nice pour rééquilibrer les finances. Une grosse perte sur le plan sportif. Même si nous n’avons pas le budget du PSG, de Monaco ou du Rubin Kazan, je prends énormément de plaisir à être ici.
En Allemagne, le diagnostic n’est pas le même…
C’est différent. Chez nous, si tu ne paies pas, tu descends. Mais en France, tu descends, et seulement après. Si tu paies, tu remontes. L’approche psychologique est différente (Rires). Mais au moins, quand la DNCG te donne le feu vert, c’est une bonne nouvelle !
Vous allez recruter cet hiver ?
Oui je pense. J’aimerais bien trois à quatre joueurs, dans un registre plutôt offensif. Tous les entraineurs du monde aiment les buteurs !
Vous saviez que Tony Vairelles a joué à Tours ? Je ne vous fais pas la blague…
(Gêné) Non, je ne savais. Je connais sa situation actuelle mais je ne savais pas qu’il avait joué chez nous. Quand ça ?
Une seule saison, en 2006-2007, lors de la descente en National.
Ah bon ! Je sais que Giroud et que Laurent Koscielny ont joué à Tours. Le club en est très fier. Mais je ne les ai pas connus. Néanmoins, l’important pour moi, c’est le présent.
Le présent, hors terrain, c’est aussi la crise européenne. Quel jugement portez-vous sur les récentes tensions entre l’Allemagne et la France sur un plan politique et économique ?
A vrai dire, ça ne m’intéresse pas trop. Alors oui, j’écoute France-Info, je lis la presse, j’entends les déclarations des socialistes, d’Arnaud Montebourg et des autres : « Germanophobe, germanophile ; francophobe, francophile » . C’est la période ! Je n’y comprends plus rien à force. Je ne porte pas de jugements, ce ne sont que des discours. Moi, quand j’étais prof’ en Allemagne, j’ai toujours organisé des échanges inter-lycées, des jumelages avec les villes de Toulouse ou de Nancy par exemple. Il faut créer des liens forts et personnels avec tout le monde. L’essentiel est dans le dialogue, l’apprentissage de la langue, dans la compréhension de l’autre. Se parler, échanger. Quand tu as compris cela, la question politique ne se pose même plus !
Celle-ci, elle devrait vous plaire : vous avez déclaré avoir appris en Allemagne qu’il ne fallait pas se décharger sur l’arbitre. Mais que peut-être, en France, vous alliez le faire pour les vacances de Noël. Ils sont si mauvais nos hommes en noir ?
Oui je sais, je me suis énervé à la fin du match contre Troyes. Heureusement, j’avais en face un entraineur super, très expérimenté, en la personne de Jean-Marc Furlan, et nous avons réglé tout ça à la fin du match. Je ne suis pas un saint. J’essaie quotidiennement de faire des progrès. Mais en France, tout le monde a une certaine tendance à vouloir intimider l’arbitre. Le public, les entraîneurs, mais surtout les présidents. Ils ont toujours un petit mot pour le quatrième arbitre, pour lui mettre une pression supplémentaire. Ici, les arbitres te disent : « Ma porte est toujours ouverte » . Le dialogue c’est bien, ok, mais c’est donc à celui qui influence le mieux. Le coup de sifflet, c’est comme un tribunal. L’arbitre siffle, c’est réglé. Non, ici, une faute à la 30e minute, tu discutes à la mi-temps. Un carton à la 75e, tu discutes à la fin du match. Non, non, laissez-le ! Et je m’inclus dedans. On peut tous faire mieux. J’aime bien l’esprit latin mais on aiderait davantage l’arbitre en respectant ses décisions. Pour répondre à votre question : les arbitres français et allemands ont un très bon niveau.
Au bon souvenir de l’éducation nationale et parce qu’on ne se refait jamais vraiment, vous avez sûrement une idée bouquin pour Noël à nous faire partager ?
Ah non, non, je ne me permettrais pas… En ce moment, je me familiarise à nouveau avec la littérature grâce à mes filles. L’une est en cinquième, l’autre en seconde. En famille, je relis en ce moment Boule de suif, une nouvelle de Guy de Maupassant. Sinon j’aime beaucoup Voltaire, mais aussi Rabelais et Balzac, tous deux originaires de la région de Touraine. Euh, je ne sais pas… Albert Camus ! Il a dit un truc du genre : « Tout ce que je sais, je l’ai appris par le football » . Il a dit ça je crois, il faudrait vérifier. En ce moment, je lis surtout L’Équipe et France Football. C’est autre chose ! Malheureusement, je n’ai pas le temps d’ouvrir un livre.
Propos recueillis par Victor Le Grand