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Zambo, parce qu’on vient de loin

Par Kevin Charnay
6 minutes
Zambo, parce qu’on vient de loin

Meilleur Marseillais contre Paris dimanche soir, André-Frank Zambo Anguissa ne cesse de progresser sous le maillot olympien. Vu le parcours du bonhomme et son potentiel, il serait peut-être temps de le prendre au sérieux.

Le 17 septembre 2015, l’Olympique de Marseille de Michel se déplace à Groningen en poules de Ligue Europa. Le coach espagnol profite de ce match du jeudi soir qui n’intéresse pas grand-monde pour lancer un illustre inconnu aux yeux des supporters marseillais. André-Frank Zambo Anguissa a eu 20 ans la veille, est aligné au poste de relayeur, et délivre une passe décisive à Lucas Ocampos. Score final : 3-0 pour l’OM. « Ce qui est fou. C’est que son dernier match officiel remontait au mois de juin. C’était un match avec le Stade de Reims, en DH. Trois mois plus tard, il jouait en Coupe d’Europe avec l’OM » , hallucine Joffrey Bertolino, responsable des internes et animateur du centre de vie au Stade de Reims.

Deux ans et demi plus tard, l’un des symboles de la faiblesse de l’effectif marseillais sous Michel – qui termine treizième de Ligue 1 – prend pleinement part au nouveau projet ambitieux de l’OM, en tant que titulaire de l’équipe de Rudi Garcia et Frank McCourt. Du onze aligné contre Groningue, seuls Mandanda, Ocampos et Zambo Anguissa ont toujours un contrat à l’OM. Pour Zambo, c’est peu dire que du chemin a été parcouru depuis la réserve du Stade de Reims…

Recalé à Reims

« On m’a dit qu’un Camerounais arrivait et qu’il fallait que je le gère toute la journée pour passer les visites médicales, tout ça. Il était très timide, très réservé. Il fallait essayer de le faire causer un peu. » Joffrey Bertolino se souvient très bien du jour où Zambo a débarqué à Reims, à l’été 2014. Prêté par le club camerounais de Cotonsport, « Dédé » met les pieds en Europe pour la première fois et réside par la force des choses au centre de formation. Les débuts sont compliqués. « Il lui a fallu un long temps d’adaptation, notamment à cause de l’hiver. Il dormait beaucoup, s’enfermait dans sa chambre » , se remémore Bertolino. Au bout de six mois, le grand gaillard finit par s’ouvrir et montrer son vrai visage, bien plus souriant. Plus vieux que les autres jeunes du centre de formation, d’un an ou deux, il devient vite « un grand frère » pour eux. « C’était un relais pour moi. Il allait souvent voir les jeunes pour discuter avec eux dans leur chambre » , s’émeut presque le responsable des internes. En revanche, sur le terrain, cela se passe beaucoup moins bien pour Zambo, qui se manifeste seulement ponctuellement par quelques entraînements monstrueux.

Le Camerounais est ambitieux, sûr de ses qualités. « Il avait confiance en lui. Quand les pros jouaient à l’extérieur, on regardait le match dans l’amphithéâtre avec tous les internes, se souvient Bertolino. Il m’avait dit : « Tu verras Toto. Je vais jouer avec eux bientôt, je suis plus fort qu’eux. » » Malheureusement, Zambo n’aura jamais vraiment sa chance avec les pros de Reims. À l’hiver, il apparaît dans le groupe pro de Jean-Luc Vasseur, mais il ne joue pas une minute avec eux en Ligue 1, et sera finalement poussé vers la sortie par Olivier Guégan. Benjamin Moukandjo, son coéquipier de l’époque qui l’a pris sous son aile et l’accueillait à la maison les week-ends, a son explication. « À Reims, les formateurs se sont dit : « Nous avons des jeunes pratiquement prêts, on n’a pas le temps d’enseigner certaines consignes tactiques à un mec du bled. » Ils n’ont pas eu cette patience, ne lui ont pas donné sa chance. Alors que Frank avait juste besoin d’être en confiance pour s’exprimer. Il en a gardé une certaine frustration. »

Baptiste Aloé en monnaie d’échange

En tout cas, le Stade de Reims ne va pas tarder à regretter son choix. « Je suis sûr à 200% que Reims regrette et que beaucoup se demandent : « Comment a-t-on pu nous faire croire que ce petit ne pourrait pas réussir ici, qu’il était zéro ? » » affirme Benjamin Moukandjo. Joffrey Bertolino va d’ailleurs dans son sens : « Au-delà du joueur, on perd un super mec, un homme vrai avec un grand cœur qui sait d’où il vient, très reconnaissant envers les personnes qui l’ont aidé. » Parce que Zambo Anguissa est déjà observé depuis longtemps par d’autres clubs, et pas n’importe lesquels. Le responsable de la cellule de recrutement de l’OM, Jean-Philippe Durand, l’a repéré il y a quelques années lors d’un tournoi à Yaoundé. Marseille s’engouffre alors dans la brèche et trouve rapidement un accord oral pour un premier contrat professionnel, rétribué au minimum de la charte du footballeur professionnel. Sauf que l’OM, engagé sur d’autres dossiers bien plus urgents, laisse traîner, sans officialiser.

Zambo Anguissa file donc à Valenciennes pour faire un essai. David Le Frapper, entraîneur de la formation nordiste, reste bouche bée. « Cela fait huit ans que je fais de la formation, c’est le plus beau profil athlétique que j’ai vu. Cette puissance… Tu en prends plein la tronche ! Et avec une marge de progression phénoménale, tu as juste à le guider tant il a envie d’apprendre, débite-t-il. Il venait voir le staff pour faire de la vidéo, pour améliorer son placement, comment s’organiser quand le ballon est ici ou là. Il te donnait envie de rester au bureau, c’est une véritable bouffée d’oxygène, un mec d’une gentillesse inouïe. Il avait les larmes aux yeux au moment de faire ses adieux. » Des adieux prématurés, encore, parce que Vincent Labrune fait volte-face et réactive la piste Zambo. Il passe un coup de fil à David Le Frapper, son ami d’enfance, et finit par avoir le dernier mot en échange du prêt puis du transfert de Baptiste Aloé, promis à Tours. Zambo débarque donc à Marseille sur la pointe des pieds, mais avec le plein de confiance.

Binôme d’un champion du monde

C’est maintenant la troisième saison de Zambo à Marseille. Et tout fonctionne enfin pour lui. Après les premiers pas à Groningue, et les railleries pour sa technique approximative et son côté bourrin, le Camerounais est désormais un rouage essentiel de cet OM qui redevient dominateur. En début de saison, l’OM se faisait humilier à domicile 3-1 par Rennes, une semaine après la branlée 6-1 reçue à Monaco. Depuis, Rudi Garcia a décidé de responsabiliser quelques guerriers intermittents, Zambo en premier. Depuis ces deux matchs où il a débuté sur le banc, il a enchaîné 17 des 22 journées de Ligue 1 en tant que titulaire. Positionné aux côtés de l’immense Luiz Gustavo, il progresse techniquement et tactiquement de jour en jour à son contact. Dire que le Brésilien permet à Zambo d’élever son niveau de jeu est une évidence. Mais cela va dans les deux sens. Zambo aussi rend Gustavo meilleur. Depuis que le Camerounais le couvre lorsqu’il se projette, depuis qu’il déménage les adversaires autour de lui lorsqu’il a besoin de temps pour dicter le jeu, le moustachu évolue à son meilleur niveau depuis bien longtemps. Rien que pour ça, l’OM peut dire merci à Zambo.

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Par Kevin Charnay

Propos de Joffrey Bertolino recueillis par KC, ceux de Benjamin Moukandjo et David Le Frapper tirés de L’Équipe et La Provence.

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