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« Yaya Touré parle toutes les langues »

Propos recueillis par Nicolas Jucha
« Yaya Touré parle toutes les langues »

Prêté à Bastia cette saison, Seko Fofana a rallié Manchester City et sa cohorte de stars en 2013. Si le natif du XXe arrondissement de Paris espère un jour marcher dans les pas de son idole Yaya Touré, il sait que cela passe par un gain d'expérience en Ligue 1. Et un maintien avec son club corse. Le 16 janvier dernier, il a malheureusement fait parler de lui pour les mauvaises raisons, en assénant un coup de boule au joueur de Montpellier Jonas Martin. Retour sur cet événement, et sur tout le reste.

Salut Seko. Un mois s’est écoulé depuis ton coup de boule à Jonas Martin. Revenons sur les faits : qu’est-ce qui t’est passé par la tête à ce moment-là ?D’abord, c’est quelque chose qui est passé, un match contre un concurrent direct, avec beaucoup de nervosité et de frustration. Ce n’est pas une réaction que l’on doit avoir sur un terrain de foot. C’est quelque chose que je regrette et que je ne vais pas refaire. Je n’ai pas envie d’y repenser ni d’en reparler. Je suis conscient que je ne dois pas faire cela, même énervé. Je ne peux pas cautionner ça, personne.

À quel moment tu as compris que tu avais dérapé ? Ce n’était pas réellement un coup de tête, mais un contact.

Quand vous avez vos parents, votre famille, vos amis, qui vous regardent tous à la télé, qu’ils voient une telle réaction, cela ne leur fait pas plaisir.

On voit qu’il en a rajouté un peu. C’est comme ça, c’est le manque d’expérience. Dans le vestiaire, j’étais conscient des choses, d’avoir laissé mon équipe à dix. Quand vous avez vos parents, votre famille, vos amis, qui vous regardent tous à la télé, qu’ils voient une telle réaction, cela ne leur fait pas plaisir. Tout de suite, j’ai compris que c’était mal. Je me suis excusé auprès de l’arbitre, j’ai essayé de m’excuser auprès du joueur, mais je n’ai pas pu, on a échangé ensuite par textos, je me suis excusé, il a accepté. Maintenant, c’est passé pour moi.

Ton premier match de retour de suspension s’est traduit par une victoire, cela a dû aider pour évacuer cette frustration…Oui, mais tu sais, quatre matchs sans jouer, ce n’est pas facile. Cela a été relativement court parce que les matchs étaient resserrés, mais j’ai été costaud mentalement. Je me suis entraîné dur pendant les semaines où je ne pouvais pas jouer, et puis je me suis remis en question, posé les bonnes questions. Quand je suis revenu, mon objectif était de gagner. Mais plus qu’à moi, cette victoire a fait du bien à l’équipe.

En France, on te connaît peu, car tu es parti à Manchester City en 2013. Comment ont été noués les premiers contacts ?Tout d’abord, quand j’étais à Lorient, j’ai fait toutes les sélections de jeunes en équipe de France, donc j’étais suivi par des clubs. Les gens de City sont venus me voir pendant un tournoi de Montaigu, on est restés en contact pendant longtemps, personne ne le savait, on a été discrets. Pour eux, en 2013, c’était le moment idéal pour me faire venir, à mes 17 ans et demi. Ils étaient en contact avec mon agent, et pendant un tournoi à Limoges, Patrick Vieira est venu me parler. Il a validé mon recrutement. C’était une grande opportunité pour moi, donc j’ai accepté.

Le fait que Vieira te parle directement, c’est important ?C’est sûr que quand un grand joueur français vient te parler, cela fait réfléchir. Mais je me suis quand même posé les bonnes questions. Je savais que je n’allais pas dans un mur, j’étais conscient de mes qualités, c’était un challenge que je voulais relever. Je n’ai pas eu peur et je n’ai pas hésité. Je sais que c’est Manchester City, qu’il y a de la concurrence, mais c’est aussi avec la concurrence que tu progresses. J’assume pleinement mon choix.

Patrick Vieira comme entraîneur, il est comment ?Il a toujours envie d’apprendre, et il nous a tous fait progresser. On est allés loin en Youth League. Pour une première saison à la tête de la réserve, c’était positif. On apprend tous les jours à ses côtés. C’est quelqu’un qui parle beaucoup avec les joueurs, il communique bien. Dès qu’il y a un problème, on sait qu’on peut le régler avec lui. C’est quelqu’un d’exceptionnel.

En tout cas, il a le courage d’aller au bout de ses idées : lors d’un match amical contre les jeunes de Rijeka, il a fait arrêter le match suite aux insultes racistes à ton égard…Ça aussi, c’est un sujet sur lequel je n’aime pas trop m’expliquer, car cela n’a pas été facile pour moi. Je pense qu’ils ont tous eu la bonne réaction. Il y a des choses que l’on ne peut pas accepter dans le football. C’est très courageux ce qu’il a fait, j’étais content que tout le club soit derrière moi. Mais je préfère ne plus en parler.

À City, tu as partagé des entraînements avec les pros, donc tu as pu côtoyer Yaya Touré, l’un de tes modèles…

Yaya Touré, c’est quelqu’un de très ouvert, qui m’a donné des conseils. J’ai beaucoup appris avec lui.

C’est quelqu’un de très ouvert, qui m’a donné beaucoup de conseils. On était souvent ensemble, j’ai beaucoup appris avec lui. Je l’en remercie, car c’est toujours plaisant de recevoir des conseils de joueurs dont on est fan.

Il parle combien de langues, Touré ? Il maîtrise notamment le russe…Il parle beaucoup de langues. (rires) Il parle à tout le monde dans l’équipe dans les langues maternelles de chacun : français, anglais, espagnol… Il parle toutes les langues, c’est très impressionnant. Mais parfois il confond : il veut te parler en français, mais il va te sortir une phrase en anglais ou en russe. Il en a trop dans la tête. Il est très intelligent.

Si tu devais lui piquer une qualité footballistique, ce serait laquelle ?La dernière passe, sa vision du jeu. On a vu combien de passes décisives il a délivrées, même depuis notre camp. Il fait des passes qui font mal à la défense, des ouvertures du milieu de terrain.

Et les autres joueurs qui t’ont le plus impressionné à l’entraînement ?Il y en a pas mal. David Silva, Kün Agüero, Samir Nasri, franchement, avec Yaya Touré, ces joueurs-là m’ont vraiment impressionné. Même quand tu ne joues pas, de s’entraîner avec des joueurs de ce niveau fait progresser. Même sur un entraînement… Quand on allait jouer en réserve après nous être entraînés avec l’équipe première, on sentait qu’on avait progressé. On était souvent avec eux, ils nous donnaient des conseils. C’était un plus pour nous. On partageait tout avec l’équipe première, il y a tout pour réussir là-bas.

Le prêt à Fulham en 2015, on te l’a proposé comment ?J’ai eu l’opportunité d’aller jouer en Championship, ce qui n’est pas évident, beaucoup sont partis en prêt en League One dans l’équipe. J’ai joué en D2, j’ai fait 25 matchs, c’était une opportunité fantastique pour moi. J’ai découvert un nouveau club, de nouveaux joueurs, cela m’a apporté de l’expérience. Quand je suis revenu à City, mes progrès étaient évidents. Quand on est jeunes, il faut jouer un maximum de matchs. Avec la concurrence en équipe Une à City, on ne pouvait pas me garantir un temps de jeu minimum. Il me fallait partir ailleurs pour enchaîner des matchs, accumuler de l’expérience.

En Championship, l’atmosphère doit être agréable pour un joueur pro…Bien sûr, des stades pleins, parfois plus qu’en Ligue 1. J’ai été marqué par Leeds, Watford, Brighton et plein d’autres comme Bournemouth, aujourd’hui en Premier League. Aussi des matchs de fous avec des retournements de situation, des duels physiques.

La deuxième division anglaise, j’ai adorée. Watford, Leeds, Brighton… Les stades sont pleins, parfois plus qu’en Ligue 1.

Ce n’est pas un championnat facile. La Ligue 1 est plus posée, plus tactique, en Championship et en Premier League, c’est beaucoup d’attaques rapides, cela part dans tous les sens, il y a de l’intensité. C’est même encore plus intense en Championship. La Ligue 1, pour moi, c’est un cap par rapport à la Championship, mais j’ai joué des matchs de Championship plus difficiles que certains matchs en Ligue 1. De vrais combats parfois.

Un mot sur la Côte d’Ivoire, c’est par tes deux parents ?Oui, les deux. Certains écrivent ou pensent que je suis malien, mais c’est faux. J’ai reçu des messages de gens me demandant de jouer pour le Mali, mais c’est impossible, je ne suis pas malien. Je suis franco-ivoirien.

C’est vrai que la fédé ivoirienne t’a sondé pour rejoindre les Éléphants ?Personnellement, je n’ai eu aucun contact. Ce n’est pas quelque chose que j’étudie en ce moment. Je suis concentré sur ma fin de saison avec Bastia. Si on doit m’appeler quelque part, on verra, mais là je suis focalisé sur le club. Je ne pense même pas à la saison prochaine, mon but, c’est de maintenir Bastia. Je suis sous les couleurs de Bastia, tout le reste, je ne m’inquiète pas, je n’y pense pas.

Propos recueillis par Nicolas Jucha

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