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Xherdan Shaqiri, ou comment saisir Bâle au bond

Par Mathieu Plasse
6 minutes

Dans l’espoir de faire un 3 sur 3 en C3, l’OL reçoit le FC Bâle. Un match dans lequel les Gones retrouveront Xherdan Shaqiri, auréolé d’un nouveau statut. Si beaucoup le cantonnaient à un joueur brillant dans les compétitions internationales, le Suisse écrase tout sur son passage, depuis son retour au pays. Preuve qu’on peut encore progresser à 33 ans.

Xherdan Shaqiri, ou comment saisir Bâle au bond

Les idées reçues sur les Suisses sont légion, même à une époque où l’on essaye de les gommer. En première ligne, ceux sur leur ponctualité ou leur caractère fiable, un tantinet prévisible, ont la dent dure. Pourtant, les Helvètes n’ont pas manqué de surprendre leur monde ces derniers temps. Que ce soit par l’Euro 2024, sauvé par un mélange entre ancienne et nouvelle génération, malgré une campagne de qualifications chaotique. Mais aussi, de par la trajectoire de son porte-étendard. Quelques jours après la fin de la compétition, Xherdan Shaqiri, l’homme aux 125 sélections, annonce sa retraite internationale.

Celui qui a rendu iconique le maillot rouge à la croix blanche ne le portera plus. Avec lui s’en va une montagne de souvenirs, disséminés sur plusieurs compétitions qu’il a marquées de son talent. Un statut qu’il affirmait lui-même : « Il n’est pas faux de dire que je suis l’homme des grands matchs. » Et qu’il a failli confirmer l’année dernière, avec une merveille contre l’Écosse et un corner direct touchant l’équerre de Jordan Pickford, en quarts de finale contre l’Angleterre (1-1, 3-5 TAB). Une manière de passer la main dignement, pour celui qui avait été barré par Ruben Vargas et Dan Ndoye, lors du séjour en Allemagne.

Le Shaq et la Chicago douille

Si personne ne conteste son niveau de l’autre côté du Jura, une ombre plane sur la carrière du Shaq. Même en ayant revêtu la tunique de grands clubs comme le Bayern Munich ou Liverpool, l’enfant de Gjilani, au Kosovo, n’aura jamais prétendu à mieux qu’un rôle d’appoint, capable de faire reposer les stars de l’équipe. De quoi remporter deux Ligues des champions, mais dessinant une image de joueur de grande compétition internationale, crevant l’écran tous les deux ans avant de se mettre en hibernation. Alors indésirable à Anfield, le petit tank se dirige vers la France à l’été 2021, direction l’Olympique lyonnais. Censé créer un duo de feu avec Lucas Paquetá, celui ayant coûté six millions d’euros ne s’imposera jamais dans l’OL de Peter Bosz. Six mois et un bon match contre Marseille plus tard, le voilà envoyé en MLS, comme joueur désigné du Chicago Fire. Beaucoup estiment que sa fin de carrière vient de commencer par ce vol transatlantique, mais le numéro 10 n’aura même pas ce plaisir.

Au-delà de l’échec sportif, il a apporté à la ville, de la même manière qu’Insigne à Toronto. Toutes les stars apportent forcément un minimum aux clubs de MLS, à leur échelle.

Arnaud Souquet

Après une première année convaincante, la nouvelle star se morfond dans la moiteur de l’Illinois. Une régression due à ce qui se passait en arrière-cuisine, selon son ancien coéquipier Arnaud Souquet : « À mon arrivée, on nous a vendu un club jouant les play-off. Avec le temps, on s’est rendu compte que le staff était assez catastrophique en matière de gestion, en plus de certains joueurs qui n’avaient pas spécialement le niveau… Avec le salaire des joueurs désignés, comment tu construis ton effectif pour les entourer derrière ? » Devant l’irrégularité de ses dirigeants, Xherdan jette l’éponge et rompt son contrat à l’été 2024. Un flop de plus, pour celui qui restait plus sérieux à l’entraînement qu’autrefois. « Même s’il s’est un peu préservé pour l’Euro 2024, c’était un grand professionnel, précise Souquet. Au-delà de l’échec sportif, il a apporté à la ville, de la même manière qu’Insigne à Toronto. Toutes les stars apportent forcément un minimum aux clubs de MLS, à leur échelle. »

Un retour aux sources parfait

Quitte à contribuer au rayonnement d’une ville, autant le faire pour une qui nous est chère. Malgré un gros intérêt du Panathinaïkos, Shaqiri annonce son retour au FC Bâle, le club qui l’a révélé aux yeux de l’Europe. Acceptant un salaire divisé par six, le meneur de jeu se tient au balcon d’un Parc Saint-Jacques plein à craquer, lançant des mots prophétiques : « Je veux ramener le club à son époque glorieuse. Pour que Bâle revienne à sa place, tout en haut. » Rien d’alarmant au premier abord, mais cette volonté paraît dingue quand on sait que le plus grand club du pays vient de flirter avec la relégation. Dépouillé de ses meilleurs éléments, le FCB replonge dans l’instabilité avant d’éviter le pire, à l’arrivée de Fabio Celestini sur le banc. Habitué au trading et la formation de jeunes talents, l’arrivée d’un tel briscard apporte de l’expérience dans un vestiaire qui en manquait cruellement. Pourtant, les premières semaines laissaient craindre le pire, car comme raconte son entraîneur à La Tribune de Genève, « le Shaq n’était pas prêt à 100% physiquement, donc il a eu besoin de préparation. » Les buts ne viennent pas, les moqueries sur son poids si. À 33 ans, Shaqiri n’a plus ses jambes d’antan. Mais il a encore ses pieds.

Passé du côté droit à l’entrejeu, l’étoile bâloise mettra deux mois pour briller. Le 26 octobre 2024, en déplacement chez le modeste Winterthur, deux buts et trois passes décisives garniront sa ligne de stats, dans un match proche du set de tennis (6-1). Une fois que le capitaine se met au diapason avec ses coéquipiers, la magie peut opérer. « Je me souviens d’une séance vidéo où Xherdan a la balle sur son pied gauche et plusieurs coéquipiers lèvent le bras pour lui demander le ballon dans l’espace. J’ai arrêté la séquence et j’ai dit : “Expliquez-lui où vous aimeriez que le ballon arrive et il arrivera. Pas besoin de faire des gestes.” Depuis, plus personne n’a le bras levé », décortique Fabio Celestini. Dorénavant, plus une semaine ne passera sans que l’on ne parle des exploits du petit génie, comme ce triplé face à Servette, grand rival dans la course au titre ; ou un triplé contre Lugano officialisant le 21e titre de champion. Aussi auréolé d’une Coupe de Suisse, « XS » finit sa saison avec un bilan comptable XXL, avec 21 buts et 21 passes décisives. Des standards qui ne faiblissent toujours pas, que ce soit en championnat (actuel meilleur passeur de Super League suisse) ou en Ligue Europa, terrassant Stuttgart il y a deux semaines. Une forme olympique, que les hommes de Paulo Fonseca devront contenir, lors de son retour au Parc OL.

Braga, Bâle et Porto assurent, le Feyenoord et Salzbourg déjà à la peine

Par Mathieu Plasse

Propos d’Arnaud Souquet rapportés par Mathieu Plasse.

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