Viva la Guadeloupe !
Pour sa première sortie sur la scène internationale, l'improbable sélection antillaise a assuré son ticket pour les demis de la Viva Gold Cup. Elle affrontera le Mexique ce soir après avoir torché le Honduras 2-1 en quarts. Le Honduras qui avait battu le Mexique en poules...
Emmenée par un Jocelyn Angloma quarantenaire – reconverti pour l’occasion milieu offensif – la Guadeloupe est incontestablement devenue l’attraction de ces championnats nord-américains et caribéens. Aux Etats-Unis, pays organisateur, les finales NBA et NFL, qui ont lieu en même temps, empêchent néanmoins toute médiatisation de l’épreuve.
En France, ce n’est guère mieux, il faut bien l’avouer, tout le monde se contrefout royalement de ce championnat pour le moins exotique. Avec son équipe constituée à la va-vite d’amateurs de l’île et d’honnêtes soutiers venus d’Europe (Sommeil, Capoue, Tacalfred, ce genre de terreurs…), il faut pourtant bien reconnaître que la Guadeloupe a au moins le mérite de faire perdurer un peu de football en ce mois de misère. Rencontre avec Richard Socrier, attaquant du Stade Brestois, qui va devoir retarder encore un peu ses vacances…
Comment s’est constituée cette équipe de Guadeloupe, pour sa première sortie internationale ? Un premier groupe de joueurs avait déjà été formé pour le tournoi de Trinidad, qualificatif pour la Gold Cup. Des joueurs évoluant en Europe comme moi ont alors été contactés pour renforcer le groupe et former un effectif de 22 joueurs compétitifs. Avec la fin des championnats, on n’a pu arriver seulement une semaine avant la compétition. Je crois que tous ceux qui ont été appelés ont accepté. Moi, ça a été clair, j’ai tout de suite dit oui, à partir du moment où j’ai su que je n’allais pas prendre la place de quelqu’un. Ç’a été la seule chose qui m’a fait hésiter, mais quand j’ai senti la volonté de nous faire venir, j’ai tout de suite dit ok.
Vous voilà désormais en demi-finale sans que personne ne s’y attende. Sérieusement, quelle étaient vos ambitions quand la compétition a démarré ? L’objectif numéro un en débarquant aux Etats-Unis, c’était d’abord de ne pas être ridicule et de représenter au mieux la Guadeloupe. On n’avait aucun vécu commun et c’est pour la plupart notre première compétition internationale, donc on n’espérait rien. Après, dans une poule de quatre, tout est possible ; il suffit d’une victoire et d’un match nul et normalement ça passe. Le premier match, Haïti, on fait un match nul solide, avec même des possibilités de l’emporter. Du coup on prend confiance et contre le Canada en revanche, on réalise une vraie belle perf’ sans que personne ne s’y attende (victoire 2-1). Après, contre le Costa Rica, on perd d’un petit but et on était vraiment déçus, car on se retrouve à la troisième place et du coup, on a dû attendre 24h avant de savoir si on était bien qualifiés (les deux meilleurs troisièmes des trois poules sont repêchés). Après, tout s’est enchaîné !
La curiosité de cette sélection, c’est bien sûr son capitaine Jocelyn Angloma… Angloma, il vit ça très simplement. Il fait ses matchs, il nous pousse sur le terrain et il montre l’exemple. Contre le Canada, c’est lui qui ouvre le score dès le début de match d’un lob extraordinaire, c’est symbolique. Je crois qu’il est surtout fier de participer à une compétition internationale avec le maillot guadeloupéen. Avec l’équipe de France, il se faisait déjà un devoir de représenter le football guadeloupéen, mais là c’est spécial. Je crois qu’il souhaite rendre à l’île tout ce qu’elle lui a apporté.
Comment envisagez-vous l’après-Gold Cup de la Guadeloupe ? Désormais, le plus important, c’est que la Guadeloupe soit considérée comme une nation du football à part entière. Donc bien sûr ça peut donner des idées à d’autres joueurs évoluant en Europe (rappelons au passage qu’Henry, Thuram, Gallas ou encore Saha ont des origines guadeloupéennes…). Après, il faut être réaliste, l’attractivité de l’équipe de France est telle qu’un bon joueur sollicité va privilégier les Bleus. Mais l’important avant tout, c’est de faire de cette sélection une vitrine pour promouvoir le football de l’île, pour permettre aux footballeurs de bénéficier de bonnes structures de jeu et que la sélection soit un tremplin pour révéler des jeunes.
Régis Delanoë
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