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  • Premier League – Cardiff City

Vincent Tan, l’illuminé de Cardiff

Par Régis Delanoë
Vincent Tan, l’illuminé de Cardiff

C’est l’histoire d’un club gallois, monument national sauvé de la faillite par un businessman malais qui n’y connaissait rien aux choses du football. Grâce à lui, Cardiff City FC a épongé ses dettes et retrouvé l’élite, plus d’un demi-siècle après en être parti. Mais à cause de lui, le club perd son identité et vire au ridicule avec sa dernière folie en date : placer comme recruteur en chef un pote du fiston de 23 ans, dont la seule action jusqu’à présent en rapport avec le foot est d’avoir participé aux travaux de peinture du stade cet été !

Vincent Tan est un homme riche. Très riche. En tapant son nom dans Google, on tombe d’abord sur sa fiche Wiki, puis sur sa page Forbes, le site de recensement mondial des têtes fortunées. Sa fortune est estimée à 1,3 milliard de dollars. Toujours grâce à sa fiche Forbes, on apprend que Vincent Tan est de nationalité malaisienne, qu’il a 61 ans, 11 enfants et que c’est ce qu’on appelle un self-made-man. En business, le mec est un boss. Son premier coup de génie dans sa jeunesse a été de dealer avec McDonalds l’implantation de la chaîne de restauration rapide chez lui, en Malaisie. Les franchises cartonnent vite dans les années 80 et le portefeuille de Vincent Tan commence à grossir. Mais c’est son deuxième coup de génie qui va faire de lui un homme immensément riche : lorsqu’il apprend le projet du gouvernement de privatiser la loterie nationale en 1985, il en profite pour récupérer le pactole et faire prospérer l’affaire. Le groupe Bejaya, qu’il a fondé, est aujourd’hui un poids lourd de l’économie malaise, présent aussi bien dans le business des jeux que du tourisme de luxe ou des télécommunications.

Il n’y connaît rien en football

Mais il en a confié la gouvernance depuis quelque temps à l’un de ses fils. Car Vincent Tan est aujourd’hui accaparé par un nouveau business : le football. Il n’y connaissait rien en ballon rond – c’est lui-même qui l’a reconnu –, mais ce n’est pas bien grave, l’opportunité s’est présentée de prendre en main la destinée de Cardiff City, alors il s’investit à fond dans le truc, comme il l’a toujours fait. Car Tan est un bosseur, et quand il s’occupe d’une affaire, il ne le fait pas à moitié. Lorsqu’en 2010, il se voit proposer par son compatriote Chan Tien Ghee d’entrer dans le capital du club gallois, il accepte bien volontiers et voit rapidement qu’il y a un beau potentiel inexploité à développer. Le Cardiff City FC est effectivement à l’époque un bel endormi du football britannique. La formation est pas mal populaire et a connu ses heures de gloire par le passé, mais ça commence sérieusement à dater : dernière saison en élite en 1961-62 ! Les Bluebirds, qu’on appelle ainsi à cause de la couleur bleue des maillots et de l’oiseau qui orne le logo, enchaînent les désillusions pendant des décennies, vont jusqu’à tomber en D4 et accumulent les dettes. Le renouveau sportif intervient au cours des années 2000, avec un retour en deuxième division et de bons espoirs de remontée en élite. Problème : le club est à l’époque malade financièrement, au point qu’en 2009, le président de l’époque Peter Ridsdale se met en quête d’investisseurs capables de renflouer les caisses. C’est là que l’homme d’affaires malais Chan Tien Ghee entre en jeu. Puis un an plus tard son compatriote Vincent Tan, qui débarque avec de l’argent frais lui permettant d’acheter 51 % du capital du club. Chan Tien Ghee s’étant retiré de l’affaire peu après, c’est donc maintenant Vincent Tan le seul boss de Cardiff City.

Des Bluebirds en… rouge

Au début, les supporters n’ont pas à se plaindre de ce généreux bienfaiteur, qui assainit les dettes du club et lui offre les moyens d’accéder à la Premier League. L’enfant du pays Craig Bellamy débarque, entre autres renforts, et Cardiff joue chaque saison la montée, échouant trois années de suite au stade des play-offs. C’est partie remise : la saison dernière, l’équipe de Cardiff survole les débats en Championship, termine largement en tête et monte en élite, plus de 50 ans après l’avoir quitté ! Tout roule, alors ? Oui, sportivement, tout roule. Mais déjà la gestion autocratique et disons… excentrique de Vincent Tan commence à faire jaser. Il y a un an, le businessman malais a en effet décidé de rajeunir l’image du club qui lui appartient désormais. L’envie est louable, sauf que Tan décide de procéder à un complet ravalement de façade plutôt que de seulement moderniser une institution créée en 1899. Exit le bleu et blanc historique, place à du rouge et du noir ! Exit aussi le logo avec l’oiseau au centre, place à un nouveau sigle qui est relégué en bas, au profit d’un dragon (qui figurait aussi dans le logo original, mais en tout petit). Il paraîtrait même que Vincent Tan ait voulu renommer le club « Cardiff Dragons » , avant de finalement changer d’avis. Alors forcément, ça grogne du côté des supporters des Bluebirds, un surnom qui ne veut désormais plus dire grand-chose…

Après le recruteur, l’entraîneur ?

Mais après tout, le plus important n’est-il pas que les résultats sportifs soient à la hauteur ? Si, sauf que ça pourrait ne plus durer si longtemps. Car Vincent Tan a peut-être fait mardi dernier l’erreur de trop. Il a pris une décision tellement absurde qu’elle est risible, mais qui pourrait avoir de graves conséquences. Mardi, donc, le club faisait savoir que le recruteur en chef Iain Moody avait été mis à pied et remplacé par un certain Alisher Apsalyamov. Un inconnu total, kazakh de nationalité, âgé de seulement 23 ans, et qui n’a évidemment pas été promu au CV, mais bien parce qu’il est l’ami d’un des fils Tan, qui l’a connu alors qu’ils étaient scolarisés ensemble en Suisse. Apsalyamov est embauché depuis quelques mois déjà par Cardiff, mais la presse britannique rapporte que sa seule action jusqu’à présent est d’avoir aidé à des travaux de peinture au stade à l’intersaison ! C’est d’autant plus délirant que l’ancien recruteur Iain Moody a bonne réputation et a abattu un travail de titan ces deux dernières années, avec plusieurs arrivées majeures à son actif (bien aidé il est vrai par l’argent du patron…).

Durant les deux mois d’été, il aurait pris 47 fois l’avion au total pour tenter de convaincre des joueurs de rejoindre l’aventure du promu. Certains ont refusé, comme Bafé Gomis et Étienne Capoue, mais il a tout de même réussi à faire signer de bons joueurs : Gary Medel, Andreas Cornelius, Kevin Théophile-Catherine, Steven Caulker, Peter Odemwingie… Résultat, l’équipe se débrouille honnêtement en ce début de saison. Et le pire dans cette affaire, c’est que Iain Moody était un collaborateur très proche de l’entraîneur Malky Mackay, celui qui a bâti les récents succès du club. Tout paraît donc soudainement fragilisé par cette annonce surprise, en premier lieu la position du coach, malgré la confiance que lui a renouvelé Vincent Tan dans la presse ces derniers jours. On n’est pas forcément obligé de le croire… Et puis Mackay a-t-il encore envie de son poste après ce que vient de lui faire son président ? Ce qui est sûr, c’est que les frasques de Cardiff City FC et de son président foufou font de la peine, surtout en comparaison de la gestion saine et cohérente du voisin et grand rival Swansea.

Par Régis Delanoë

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